mardi 6 mars 2012

Le hasard, c'est sélectif

À la station d'Acoyte, j'ai l'impression d'entendre une petite voix qui dit

– Pierre, Pierre!

Comme j'ai de la peine à penser que c'est pour moi, je ne me retourne pas tout de suite. Et quand je finis par me retourner quand même, plus par curiosité – mais qu'est-ce qui aurait bien pu me faire penser que quelqu'un disait "Pierre, Pierre"? – qu'autre chose, je vois Ariel avec son fiston Lautaro. Ils sont venus dans ce quartier, pas mal éloigné de ce trois pièces de Constitución où on se retrouve tous les jeudis soir pour l'atelier d'écriture, poussés par des raisons nébuleuses – j'ai d'abord cru que c'était un problème de langue, mais j'ai fini par me dire que pas forcément – dont je finis par comprendre, après avoir demandé quelques éclaircissements, qu'elles ont à voir avec une visite de Lautaro chez la psychologue.

Pendant notre trajet dans notre ma foi fort bruyant subte A – sans doute pas beaucoup plus bruyant qu'un autre, mais ses parois en bois sont fines, ses trous dans le plancher de plus en plus nombreux et, surtout, toutes ses fenêtres sont grandes ouvertes histoire d'imiter à moindre coût une climatisation qui ne servirait de toute façon pas à grand-chose vu l'état de ces wagons juste bons à être exhibés dans des sorties thématiques dominicales du style "gardons vivants les trésors de nos musées" –, je hurle à Lautaro qu'on ne croise, finalement, que les gens qu'on connaît: les milliers d'autres dans la journée, on ne s'en souvient même pas, c'est à peine si on les remarque.

Le hasard, au fond, c'est quand même vachement sélectif.