mardi 30 septembre 2014

Le style à l'écart de la réalité

Une note, de 2007:

"Comme si je me refusais de faire du style parce que j’avais l’impression que ça m’éloignait de la réalité."

lundi 29 septembre 2014

Ces squelettes mal déguisés

Ces vieux qui toussent, qui font du bruit quand ils mangent, ces squelettes mal déguisés.

C’est énervant, la mort, surtout quand elle prend son temps pour s’installer.

Alors, poser mes mains sur ces mains un peu froides et regarder les montagnes en face de nous, de l’autre côté de l’arc-en-ciel en fer.

dimanche 28 septembre 2014

Si vous ne supportez pas quelqu'un

– Si vous ne supportez pas quelqu’un au travail, votre chef par exemple, vous pouvez toujours changer de travail. Mais, comptez sur moi: vous allez très vite retomber sur une personne du même genre, peut-être pire, pour la simple et bonne raison que le problème est en vous et que tant que vous me l’aurez pas résolu, il reviendra, encore et encore...

– Alors, si j’ai la possibilité de changer de travail, il ne faut pas que je change pour pouvoir apprendre ce que j’ai à apprendre?

– Si vous pouvez, changez! Il ne faut pas être maso non plus! Mais, parfois, la vie vous met dans des situations où vous ne pouvez pas changer et où vous êtes obligé de progresser. C’est une chance, mais c’est souvent très dur, surtout pour votre cher petit égo adoré!

samedi 27 septembre 2014

D'abord avec ma paume

Pour finir, j'ai juste déplacé la voiture de quelques places, je suis allé m'asseoir au bout de l'esplanade de l'hôpital, sur un banc sous un arbre, et j'ai regardé le soleil sur les vignes au bord du lac, devant le ciel encore noir.


Avant de déplacer la voiture, j'avais jeté un coup d'œil à la page d'Apple pour voir à combien étaient les petits MacBook Air, ceux qu'on peut si facilement embarquer avec soi pour écrire n'importe où, comme si ce nouvel appareil pouvait m'aider à écrire mieux ce que je suis en train d'écrire maintenant, sur mon iPhone, face au lac.


Tout à l'heure, chez Dellon, mon réseau était indisponible: obligé d'être là, avec elle, pendant ce qui est peut-être son dernier passage dans sa maison. Alors je me suis mis à lui frotter le haut du dos, d'abord avec ma paume, puis avec ce petit gadget en bois dont les quatre pattes se terminent en boules.

vendredi 26 septembre 2014

Un élastique plus fort

Une note, de 2010:

"Comme j’en parlais avec Celia: avec le bouddhisme, je me prends de plus grosses baffes – vu que je ne peux mettre la faute sur personne d’autre –, mais je me remets plus vite. Elle avait cette bonne image de l’élastique qui est plus fort: je suis envoyé plus loin, mais je reviens plus vite."

jeudi 25 septembre 2014

Dieu invérifiable

– Le bouddhisme n'est pas une doctrine athée qui nierait l'existence de Dieu, mais il considère cette question comme invérifiable par l'expérience humaine et donc comme non pertinente dans sa perspective pratique de libération.

Si tu peux le rêver

– Si tu peux le rêver, tu peux le faire.

mardi 23 septembre 2014

Quand tu auras décidé de t’en aller

– Tu sais, ça m’a fait plaisir que tu puisses voir ton chez toi. C’est chouette qu’on ait pu passer l’après-midi ensemble!

– Oui, on a bien de la chance.

– Je te l’ai déjà dit: je crois que tu es vraiment bien accompagnée.

Je mets ma main sur sa cuisse.

– Oui, c’est bien vrai.

– Et puis, tu sais, tu es attendue. Quand tu auras décidé de t’en aller, Dieu, Bouddha et toute l’équipe vont bien te recevoir.

– Je n’en doute pas une seconde.

Tante Dellon ouvre un petit peu la fenêtre de cette voiture qui est encore la sienne, glisse quelques phalanges dans l’air frais.

– Il est beau le ciel, non? Tout propre après l’orage.

– Oui, très beau, tu as raison.

lundi 22 septembre 2014

Le long de l'autoroute

Pendant tout le trajet entre les soins palliatifs d’Aubonne et son chez elle de Tolochenaz où Monique allait préparer un petit thé de bienvenue, je me suis demandé ce que tante Dellon voyait du paysage lavé par la pluie.

Est-ce que ça pouvait ressembler, même de très loin, à ce que je voyais le long de l’autoroute en rentrant après mes mois d’Argentine?

Une maison en bois sous la terre

– C’est Dellon, là.

– Non, Lucie, c’est une autre dame, aussi vieille que tante Dellon.

– Là, là! C’est Dellon!

– Tu sais, avec grand-maman, on est en train de discuter de choses pour quand Dellon sera morte, parce que, tu sais, Dellon est très malade et elle va bientôt mourir. Quand quelqu’un meurt, il y a plein de choses qu’il faut faire, par exemple choisir son cercueil. Un cercueil, c’est comme une maison en bois sous la terre où on va quand on est mort.

– Mais pourquoi?

– Parce que, quand on est mort, notre corps il ne nous sert plus à rien alors on le range quelque part.

– Pourquoi?

– Tu vois, quand quelqu’un meurt, on est très triste et on n’a pas envie de choisir un cercueil à ce moment-là, alors on le fait avant, comme ça c’est fait. C’est pour ça qu’on regarde ces papiers avec grand-maman.

– Là: c’est Dellon!

– Si tu veux, oui, c’est Dellon.

samedi 20 septembre 2014

A l'égal de chacune des importances

Depuis mon retour d’Argentine, je perçois de mieux en mieux les contours et le fonctionnement de ce perfectionnisme angoissé que j’ai si bien intégré, au point de l’embarquer avec moi de l’autre côté du monde pour le poser en travers de l’écriture.

Comment garder le perfectionnisme et me débarrasser de l’angoisse? Toujours et encore la même réponse: en me concentrant sur ce qui est en train d’être fait plutôt que sur le regard porté par autrui sur le résultat à venir, ce regard que j’imagine impitoyable en croyant me donner, pauvre de moi, une importance à la mesure de sa sévérité.

Quand est-ce que je vais enfin comprendre que mon importance n’a pas à m’être donnée? Elle est là, simplement. Elle est. Importante à l'égal de chacune des importances.

vendredi 19 septembre 2014

La course contre le temps

- Ne faites pas la course contre le temps, surtout si vous voyez qu'il est plus rapide que vous. 

jeudi 18 septembre 2014

La pire personne à qui je puisse tenir tête

Revenir en Suisse, je m’en rends de mieux en mieux compte, c’est réapprendre en situation ce que je croyais déjà savoir: être sage tout seul devant son ordinateur, à 12’000 kilomètres du pays qui vous a donné sa forme et sa mentalité, c’est facile.

Mais ce retour au bercail me permet aussi de découvrir que le plus agressif des interlocuteurs – un interlocuteur véritable, en chair est en os, pas le fruit mon imagination prolifique – est moins impitoyable, moins enclin à gratter dans mes faiblesses et à en tirer parti que je ne le suis à mon propre égard: la pire personne à qui je puisse tenir tête, et de loin, c’est encore moi-même.

mercredi 17 septembre 2014

En coupant des pommes

– Ah, couper des pommes! Pourquoi est-ce que je fais pas ça plus souvent? À la place, je lis des livres, j’écris des livres: des choses tellement importantes...

– Tu sais, c’est aussi en coupant des pommes que les livres s’écrivent.

mardi 16 septembre 2014

Les personnages ne s'arrêtent jamais de parler

– Les personnages ne s'arrêtent jamais de parler. Ils sont comme un bruit de fond qui s'approche doucement jusqu'à l'écriture...

lundi 15 septembre 2014

Le Royaume et la pomme

Avec son Royaume, Carrère a choisi le beau texte à la place du bonheur: il a décrit la pomme avec beaucoup de talent plutôt que de croquer dedans.

Là où j’en suis, je ferais aussi le choix du beau texte, à la fois par égocentrisme et par paresse: parce que, comme Carrère, j’ai encore envie de briller, parce que, moi aussi, je préfère m’ébattre dans un jardinet dont j’ai l’impression de connaître les règles, persuadé que je suis d’être celui qui les invente et qui les dicte.

dimanche 14 septembre 2014

Une forme simple et pratique

- La grâce suprême ne consiste pas à orner extérieurement des matériaux mais à leur donner une forme simple et pratique. 

samedi 13 septembre 2014

Ma fatigue des autres

Une note, de 2009:


"Ma fatigue des autres, c'est avant tout ma fatigue de moi."

vendredi 12 septembre 2014

Donner plutôt que gagner

Donner plutôt que gagner: c'est ce qui me reste à apprendre.

jeudi 11 septembre 2014

À force de garder la tête haute

Apprendre à sortir des situations par en bas. À force de garder la tête haute, on la perd.

mercredi 10 septembre 2014

Ce qui nous est demandé

– Ce qui nous est demandé, c'est ce que nous désirons le moins donner.

mardi 9 septembre 2014

Il est où le moustique?

– La gravure de Raetz, Tout et Rien, c'est très mystique aussi, non?

– Il est où le moustique?

– Pas moustique, Lucie: mystique!

lundi 8 septembre 2014

Entouré mais pas trop

- Pas trop d'isolement, pas trop de relations: le juste milieu, voilà la sagesse. 

dimanche 7 septembre 2014

Se faire entendre

- Un écrivain, il essaie de se faire entendre et, comme ça ne marche pas, il écrit.

samedi 6 septembre 2014

L’équipe de com

– Super boulot, l’équipe de com, vraiment!

– L’équipe?

– Ben ouais, c’est super tout ce que vous avez fait pour la presse et les réseaux sociaux: on parle du Livre sur les quais partout, c’est formidable!

– Mais, l’équipe, c’est moi…

vendredi 5 septembre 2014

Plutôt qu'écrivain

Ce qui est vraiment intéressant, ce n'est pas de devenir écrivain, c'est de devenir soi.

jeudi 4 septembre 2014

Traverser le vide

- Il faut traverser le vide et créer depuis là. 

mercredi 3 septembre 2014

Tu vas me manquer

– Je t’aime très fort tu sais!

– Moi aussi, mon petit chou, je t’aime très fort. Mais qu’est-ce que tu…

– Oui?

– Enfin, euh, si tu…

– Si je quoi? Si j’écris un autre roman?

– Oui. Est-ce que tu as déjà le titre?

– La double passion de Walter Bergstamm.

– Ah… Et pour le deux…

– Pour la quatrième de couverture? Je ne sais pas encore ce que je vais y mettre... J’ai bien de la chance d’avoir une tante comme toi, tu sais!

– Tu trouves?

– Tu m’as appris beaucoup, vraiment.

– C’était sans le vouloir.

– Alors tu m’as appris beaucoup sans le vouloir! En fait, tu as été une deuxième maman pour moi.

– Et les enfants, ils vont bien?

– Oui, très bien. Ineo dort mieux et Lucie est juste là, dehors, en train de courir sur la terrasse avec Monique. Oui, les… enfants… vont bien.

– Qu’est-ce qui t’émeut comme ça?

– C’est que… je sais que tu vas bientôt partir et tu vas me manquer!

– Mais tu trouveras une autre tante.

– Oui, c’est ça, j’en trouverai une autre: c’est pas ça qui manque! Oups, attends, là il faut que je réponde: c’est le boulot. Oui Fred: je t’écoute.

mardi 2 septembre 2014

Sous tes pieds

– Saches que ce que tu cherches, tu ne vas pas le trouver en entrant dans ce temple, mais sous tes pieds. Pourtant, si tu n’entres pas, tu ne le trouveras jamais.

lundi 1 septembre 2014

Quand tu te replies sur toi-même

– Méfie-toi de toi-même quand tu te replies sur toi-même.