mardi 13 août 2013

Je ne suis que parce que tu es

Ma tante Pierrette souffre d’alzheimer et maman m’a dit tout à l’heure que la soignante qui va l’accompagner une fois par semaine à partir de vendredi n’est autre qu’Anne, une de mes meilleures amies qui a disparu de la circulation il y a quelques années et qui ne répondait ni aux lettres, ni au mail, ni au téléphone.

Le personnage de Wolverine m’a toujours fasciné, alors dès que j’ai vu l’affiche à la gare de Renens, je me suis promis que j’allais surtout pas manquer ce xième opus. Il se trouve que cet épisode prend place au Japon et qu’une de ses premières scènes se déroule dans un temple bouddhiste de l’école du Jodoshinshu. L’Amidakyo entonné par les moines m’a rappelé tous ces mercredis soir passés dans notre dojo de Buenos Aires à aligner tant bien que mal ces syllabes étranges en nous raccrochant comme on pouvait au rythme du taiko de maître Aoki, rythme à dessein de plus en plus rapide pour que ces sacrées syllabes aillent directement de notre œil à nos cordes vocales, sans se perdre dans les détours compliqués de notre cerveau.

Cet après-midi, Lorence Milasevic de la RTS m’appelle: elle aimerait bien Nothomb, Van Cauvelaert, Kahn ou Magali Jenny en interview pour son émission MP3. Ce soir, pendant l’entracte de Wolverine, je découvre sur mon iPhone un message de Magali Jenny sur la page Facebook du Livre sur les quais qui me demande si je vais présenter tous les auteurs sur les réseaux sociaux. Dans ma réponse, je lui glisse un mot au sujet du projet d’interview de Lorence, projet que Magali accepte avec enthousiasme.

La meilleure traduction qu’Aoki sensei a trouvé du terme bouddhiste qui synthétise ces coïncidences, c’est "interser", interêtre. L’image qu’il utilise pour l’expliquer est celle d’un filet infini – ou presque: le bouddhisme préfère parler de très très grand – où se trouverait, à l’emplacement de chaque maille, une perle où peuvent se refléter l’ensemble des autres.

Certains diraient:

– Ah là là, qu’est-ce que le monde est petit!

D’autres:

– Je ne suis que parce que tu es.