- La société actuelle nous distrait: elle ne nous laisse pas atteindre assez de désespoir pour avoir vraiment envie de changer les choses, vraiment envie d'aller chercher au fond de nous-mêmes.
dimanche 31 mai 2015
samedi 30 mai 2015
vendredi 29 mai 2015
jeudi 28 mai 2015
Libérée de son pyjama
– Elle dit quoi, exactement? Libérée de son pyjama?
– Ouais, un truc du genre. Mais la chanson, à la base, elle est en anglais, non?
– Sans doute qu’ils doivent l’avoir en français à la garderie et l’écouter à plein tube: libérééééééée!
– Il faudra qu’on cherche sur YouTube: on se fait vieux décidément.
– Ouais, un truc du genre. Mais la chanson, à la base, elle est en anglais, non?
– Sans doute qu’ils doivent l’avoir en français à la garderie et l’écouter à plein tube: libérééééééée!
– Il faudra qu’on cherche sur YouTube: on se fait vieux décidément.
mercredi 27 mai 2015
La personne qui va pouvoir changer ta vie
– Si tu cherches encore la personne qui va pouvoir changer ta vie, regarde-toi dans le miroir.
mardi 26 mai 2015
Dans le soleil à coté du train
J'ai accompagné Simon à son train pour Zurich comme j'accompagnais papa au sien.
Je lui ai raconté la fois où j'avais couru le long de papa qui faisait un signe de la main jusqu'à ce que maman crie parce que je courais dans le soleil à côté du train.
lundi 25 mai 2015
Tout le mot sur la porte
– Là, c’est Lucie!
– Oui, très bien! Mais, regarde, il y a aussi papa Pierre!
– Où? Il est où papa Pierre?
– Un peu plus bas!
– Ah, oui, là: papa Pierre!
– Il y a aussi Ineo et puis Celia!
– Oui: Ineo, Celia! Et puis Elisa!
– Oui, Elisa!
– Est-ce qu’on connaît quelqu’un avec O?
– C’est qui O?
– C’est là, juste après papa Pierre. Comme ça, on aurait tout le mot sur la porte.
– Oui, très bien! Mais, regarde, il y a aussi papa Pierre!
– Où? Il est où papa Pierre?
– Un peu plus bas!
– Ah, oui, là: papa Pierre!
– Il y a aussi Ineo et puis Celia!
– Oui: Ineo, Celia! Et puis Elisa!
– Oui, Elisa!
– Est-ce qu’on connaît quelqu’un avec O?
– C’est qui O?
– C’est là, juste après papa Pierre. Comme ça, on aurait tout le mot sur la porte.
dimanche 24 mai 2015
Le polaroïd
Une note, de 2004:
"Un polaroïd sur le mur des toilettes, entre plusieurs autres, peut-être pris durant cette soirée, peut-être dans cet appartement. Une fille soulève son t-shirt: des seins gros et ronds, écrasés par la lumière du flash, une peau très blanche – le tissu bleu clair accentue sa blancheur.
Ses mains sont refermées sur le bord du pull, ses bras cachent les pointes des seins dont on peut imaginer qu'elles se dressent: le temps du cadrage, le temps de penser que cette photo va être prise, va être exposée à la vue de tous les visiteurs des toilettes, une excitation exhibitionniste qui ne s'avoue certainement qu'à moitié. Le cadre blanc du polaroïd coupe son visage juste au-dessous de la lèvre supérieure.
Les gens doivent boire ou avoir bu, parler fort, rire : il n’y a que ce polaroïd collé de travers sur ce mur. Elle a soulevé son pull bleu, d'un bleu clair mais impératif, elle a découvert son ventre. Ses seins ronds happent le regard : excitation et proximité, on devine cette même salle de bains en arrière-plan. Cette fille pourrait être là ce soir, ses seins pourraient vivre lentement sous un tissu.
Envie puissante de voler l'image et de la glisser entre les pages de mon carnet pour pouvoir la consulter à loisir et bâtir une histoire autour de ce corps inconnu écrasé par la lumière du flash."
samedi 23 mai 2015
Enlever ta culotte
– Il ne faut pas que tu hésites à te mettre dans la merde, à te faire du mal: une des contraintes, quand tu écris, c’est d’enlever ta culotte.
vendredi 22 mai 2015
Au plus juste
Une note, de 2010:
"Je découvre à travers cette pièce qu'on ne peut pas aller vers l’autre à travers la généralité, qu'on ne peut pas le toucher vraiment en passant par une expérience pensée comme commune: je ne peux arriver à l’autre qu’en étant au plus proche de mon expérience en ce qu’elle a de plus idiosyncrasique, parce que c’est à ce niveau-là qu’elle se rapprochera le plus de l’expérience de l’autre.
C’est en disant au plus juste que je pourrai le mieux partager, pas en cherchant à partager, pas en cherchant les points communs ou en essayant de prendre le contre-pied de ces points communs."
jeudi 21 mai 2015
La pluie, le dimanche et la vie éternelle
- Les gens veulent la vie éternelle, mais s'il pleut le dimanche après-midi, ils ne savent pas quoi faire.
Les défis dont tu as besoin
- Le karma, avec beaucoup de générosité, t'impose toujours exactement les défis dont tu as besoin.
mardi 19 mai 2015
Des répétitions de ce qui vous a toujours entouré
- Ce qu'il y a à faire dans votre vie se trouve dans votre entourage direct: pas besoin de regarder plus loin. Vous ne trouverez que des répétitions de ce qui vous a toujours entouré.
lundi 18 mai 2015
Prendre de meilleures notes
Une note, de 2007:
"J’ai enfin compris ce matin pourquoi je rêvais - ce qui m’est encore arrivé cette nuit - que je devais refaire mon collège ou mon gymnase. Ce n’est pas, comme je le justifie dans le rêve, pour faire de meilleures notes, mais sans doute pour en prendre de meilleures – ce que je fais, d’une certaine manière, avec le Bergstamm (en rade, ces temps)."
dimanche 17 mai 2015
Ses doigts dans les parcomètres
Le réflexe de mon père, à la fin de sa vie, de passer ses doigts dans les parcomètres et les caissettes à journaux pour voir s'il restait des sous.
samedi 16 mai 2015
Où vont mourir les pianos
Une petite fille avec son papa joue sur un piano posé sur une palette au fond de la déchèterie. C'était le nôtre, il a plus de cent ans.
vendredi 15 mai 2015
Maman Celia, Monique, Mireille
- Ça, tu connais, non?
- Oui, c'est: Maman Celia, Monique, Mireille!
- Et ça?
- Amélie!
- Et puis ca?
- Vincent!
- Bravo! Et ça?
- C'est Lucie!
- Oui! C'est aussi Lune, Lion et Lapin!
- Mais c'est aussi Lucie!
- Oui, bien sûr, c'est Lucie!
jeudi 14 mai 2015
Une autre leçon du Bergstamm
Une autre erreur en écrivant le Bergstamm: j'ai cherché à comprendre ma vie en essayant de l'écrire plutôt que de me donner la peine de raconter une histoire pour un éventuel lecteur.
mercredi 13 mai 2015
La plume de papa
Une note, de 2009:
"L’autre nuit, rêvé que papa me donnait une plume en verre dans un coffret de velours bleu avec une bouteille d’encre rouille et quelque chose d’écrit avec des clous argentés."
"L’autre nuit, rêvé que papa me donnait une plume en verre dans un coffret de velours bleu avec une bouteille d’encre rouille et quelque chose d’écrit avec des clous argentés."
mardi 12 mai 2015
Écrire, c’est pas compliqué
– Écrire, c’est pas compliqué: il suffit de t’asseoir en face d’un clavier et de t’ouvrir une veine.
lundi 11 mai 2015
dimanche 10 mai 2015
Les helvétismes, ça fait mauvais genre
- Il faut te méfier des helvétismes: ça fait mauvais genre.
Tentative de relativiser avec une partie de ma longue liste d'arguments habituelle et puis, de guerre lasse:
- Tu as raison: je compte sur toi pour les corriger si un éditeur se décide à publier ma traduction!
samedi 9 mai 2015
Le temps et l’espace de ma parole
Un des problèmes de mon écriture argentine: je me suis laissé porter par mon sujet plutôt que par ce que je voulais dire à travers lui, laissé prendre par l'impression qu’il pourrait m'apporter une solution de l’extérieur alors que j’étais venu à Buenos Aires pour trouver le temps et l’espace de ma parole.
vendredi 8 mai 2015
Clos-Jordil
Quand j’ai lu dans son texte que David avait passé quelque temps au foyer de Grandson, je lui ai bien entendu demandé s’il s’agissait du foyer du Repuis, celui qui surplombe Tournefeuille, notre petit chalet au bord du lac.
– Non non, avant, celui qui est juste en face de la gare.
– Eh bien vous voyez, c’est la maison où ma maman a passé toute son enfance. Elle s’appelait Clos-Jordil.
– Il est petit, le monde, non?
– Non non, avant, celui qui est juste en face de la gare.
– Eh bien vous voyez, c’est la maison où ma maman a passé toute son enfance. Elle s’appelait Clos-Jordil.
– Il est petit, le monde, non?
jeudi 7 mai 2015
Ne pas réciter le mantra contre les autres
En rentrant à la maison dans le train bondé, je me suis mis à réciter le mantra en regardant ailleurs.
Je me suis dit que je ne devais pas le réciter contre les autres, mais pour le mantra.
Ne pas réciter le mantra contre les autres.
Mais pour le mantra.
Je me suis dit que je ne devais pas le réciter contre les autres, mais pour le mantra.
Ne pas réciter le mantra contre les autres.
Mais pour le mantra.
mercredi 6 mai 2015
Des choses qui font sens en elles-mêmes
Si je viens au salon de Genève, c'est pour me donner l'impression que j'existe en tant qu'écrivain.
Quand je n'aurai plus besoin de ce genre de confirmations, je pourrai me mettre à écrire des choses qui font sens en elles-mêmes et pas à travers l'effet qu'elles pourraient produire ou pas.
mardi 5 mai 2015
lundi 4 mai 2015
Faire le premier pas, c’est déjà arriver au but
Une note, de 2009:
"Tout s’enchaîne et tout devient plus clair, à chaque instant. Faire le premier pas, c’est déjà arriver au but. Je comprends de mieux en mieux ce que Gustavo voulait dire par là.
En parlant de ça avec Celia, ce matin, au lit, j’ai mieux compris mon passage par trois étapes. D’abord, l’envie de vivre des choses plus fortes, plus entières, vivre plus à fond, mais on commence à s’en lasser, les expériences commencent à se répéter.
Ensuite, vouloir sentir mieux et plus, chaque détail, de plus en plus fort, amplifier chacun des détails du monde qui arrivent à moi, vivre les choses de manière forte et entière, quelles qu’elles soient, mais il y a un épuisement qui s’installe, une frustration par rapport à ma propre incapacité de vraiment sentir les choses entièrement.
Enfin, l’étape où je sens commencer à me trouver, c’est de me rendre compte à quel point c’est mon vouloir vivre qui m’éloigne de la vie, à quel point cette différence entre ce que je vis et ce que je voudrais vivre s’installe dans chacun des moments, dans ce regard que je jette par la fenêtre et que je voudrais plus entier, dans ce soleil que je voudrais sentir plus en profondeur, dans mon amour pour Celia dont je voudrais qu’il me traverse: c’est, seconde après seconde, cet écart entre ce que je voudrais et ce qui est qui m’éloigne du monde, c’est le principe de la Ferrari, de la maison et de l’écran plasma qui se répercute à un niveau microscopique, dans chaque geste, dans chaque regard, dans chaque pensée. Je suis celui qui construit à chaque instant mon propre éloignement du monde, je suis responsable de cette séparation de l’entier du monde.
L’étape d’après sera la perte de conscience la différence, elle viendra sans doute bien plus tard. Mais qui sait? Je comprends mieux aussi ce que me disait Gustavo sur mon désir d’arriver à quelque chose, que c’était ce désir qui m’éloignait de mon but. Il parlait des sutras, de la méditation et des états zen et j’ai cru qu’il se trompait parce que je ne ressentais pas ça dans ce domaine en particulier vu que ça me semble tellement éloigné, que c’est dans une dimension très éloignée de moi – mais là, juste maintenant, je n’en suis plus si sûr.
Je me rends compte à présent que son intuition était juste, sur le mécanisme, à ceci près qu’il projetait ses propres buts comme point d’action de cette dynamique. Il me reste à traduire son intuition dans mes termes à moi, dans mon univers à moi avec mes buts à moi, ce que je suis en train de faire."
"Tout s’enchaîne et tout devient plus clair, à chaque instant. Faire le premier pas, c’est déjà arriver au but. Je comprends de mieux en mieux ce que Gustavo voulait dire par là.
En parlant de ça avec Celia, ce matin, au lit, j’ai mieux compris mon passage par trois étapes. D’abord, l’envie de vivre des choses plus fortes, plus entières, vivre plus à fond, mais on commence à s’en lasser, les expériences commencent à se répéter.
Ensuite, vouloir sentir mieux et plus, chaque détail, de plus en plus fort, amplifier chacun des détails du monde qui arrivent à moi, vivre les choses de manière forte et entière, quelles qu’elles soient, mais il y a un épuisement qui s’installe, une frustration par rapport à ma propre incapacité de vraiment sentir les choses entièrement.
Enfin, l’étape où je sens commencer à me trouver, c’est de me rendre compte à quel point c’est mon vouloir vivre qui m’éloigne de la vie, à quel point cette différence entre ce que je vis et ce que je voudrais vivre s’installe dans chacun des moments, dans ce regard que je jette par la fenêtre et que je voudrais plus entier, dans ce soleil que je voudrais sentir plus en profondeur, dans mon amour pour Celia dont je voudrais qu’il me traverse: c’est, seconde après seconde, cet écart entre ce que je voudrais et ce qui est qui m’éloigne du monde, c’est le principe de la Ferrari, de la maison et de l’écran plasma qui se répercute à un niveau microscopique, dans chaque geste, dans chaque regard, dans chaque pensée. Je suis celui qui construit à chaque instant mon propre éloignement du monde, je suis responsable de cette séparation de l’entier du monde.
L’étape d’après sera la perte de conscience la différence, elle viendra sans doute bien plus tard. Mais qui sait? Je comprends mieux aussi ce que me disait Gustavo sur mon désir d’arriver à quelque chose, que c’était ce désir qui m’éloignait de mon but. Il parlait des sutras, de la méditation et des états zen et j’ai cru qu’il se trompait parce que je ne ressentais pas ça dans ce domaine en particulier vu que ça me semble tellement éloigné, que c’est dans une dimension très éloignée de moi – mais là, juste maintenant, je n’en suis plus si sûr.
Je me rends compte à présent que son intuition était juste, sur le mécanisme, à ceci près qu’il projetait ses propres buts comme point d’action de cette dynamique. Il me reste à traduire son intuition dans mes termes à moi, dans mon univers à moi avec mes buts à moi, ce que je suis en train de faire."
dimanche 3 mai 2015
Englué dans la forme classique
Ce n'est pas pour rien que je me suis englué dans la forme classique avec le Bergstamm: c'est justement de cet héritage-là que je dois me libérer en me l'appropriant.
samedi 2 mai 2015
Vous êtes bien Luc Ferry?
Isabelle vient vers Fanny et moi, près du bar:
- Vous pourriez pas aller vers Luc Ferry pour lui demander s'il est bien Luc Ferry? Ça lui ferait plaisir!
vendredi 1 mai 2015
Les petites que je voyais grandes
De plus en plus, être conscient que la connexion se fait sans éclat dans les toutes petites choses, les phares rouges, les phares blancs sur l’autoroute dans la nuit d’hiver.
Voir la connexion dans les petites choses me permettra de ne pas la chercher désespérément dans les plus grandes – les plus grandes qui sont les petites que je voyais grandes.
Voir la connexion dans les petites choses me permettra de ne pas la chercher désespérément dans les plus grandes – les plus grandes qui sont les petites que je voyais grandes.
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