mardi 31 mars 2015

L'appartement qui n'est plus le nôtre

En marchant le long d'Acoyte, j'ai eu le réflexe de mettre la main à mon sac pour prendre la clé de l'appartement qui n'est plus le nôtre.

lundi 30 mars 2015

Les distances redonnent sa place au centre

Les distances redonnent sa place au centre.


Le centre se fortifie, s'affirme et prend peu à peu le pas sur les distances. 

dimanche 29 mars 2015

Le désir de l'autre

Une note, de 2011:


"Le désir de l'autre me fait croire qu'une solution se trouve à l'extérieur, que quelqu'un, dans le monde, pourrait me rendre heureux."

samedi 28 mars 2015

Que mon cerveau dégouline


Une note de 2011:

"Arriver à détendre mon cerveau, sentir qu'il s'abandonne dans mon crâne, qu'il dégouline."

vendredi 27 mars 2015

Quelque chose d'aussi grand que la mort

- Un jour, quand j'étais jeune, je suis allé à la veillée funèbre de la grand-mère d'une copine. Mon amie était assise par terre à côté du cercueil et elle a dit quelque chose que je ne vais jamais oublier: Comment est-ce possible que quelque chose d'aussi grand que la mort arrive à ma grand-mère qui était la personne plus stupide que je connaisse?

jeudi 26 mars 2015

Comme au ni oui ni non

Une note, de 2011:


"Jouer à ne pas essayer d'avoir raison, un peu comme au ni oui ni non."

mercredi 25 mars 2015

La mort dans une continuité

- J'aimerais vous parler d'une pratique très importante pour le bouddhisme: le don. L'autre jour, je suis allé dans un bar et je voulais laisser cinq pesos de pourboire. Je me suis trompé et j'ai laissé un billet de cinquante... D'abord, bien sûr, je me suis beaucoup angoissé pour tout cet argent que j'ai laissé et puis, très vite, je me suis dit que c'était une chance: on m'avait offert la possibilité de donner cinquante pesos! Donner, c'est s'habituer à se détacher. Bouddha dit que si on se détache de tout, on ne peut pas vivre, mais que si on s'attache à tout, on va au devant de grandes souffrances. Si on apprend à ne pas trop s'attacher aux choses, la mort devient une perspective plus facile à envisager: elle ne sera pas là pour nous priver de quelque chose mais s'inscrira dans une continuité.

mardi 24 mars 2015

Gagner du temps

Le temps n'est pas quelque chose que je vais gagner, jamais. 

lundi 23 mars 2015

Explosion de tôles à quelques mètres

Comme de nouveaux wagons dotés de climatisation sont installés sur la ligne B - c'est indiqué en lettres rouges sur le panneau électronique au-dessus des grilles déjà fermées - pas le choix, on va devoir prendre un taxi pour rentrer de chez Marcelo. 

- On fait quoi, on traverse?

- Ouais ouais, ils s'arrêtent jamais de ce côté.


Pendant que Celia s'installe avec les enfants à moitié endormis dans le taxi qui s'est finalement arrêté sur le bord de Corrientes, je démonte notre poussette de compétition pour la faire entrer dans le coffre en grande partie rempli par l'économique et traditionnelle bonbonne de gaz.

Hurlement de pneus: explosion de tôles à quelques mètres. De l'autre côté de l'avenue, là où on délibérait quelques instants plus tôt, quatre passagers sortent tant bien que mal d'un taxi enfoncé dans une camionnette enfoncée dans une voiture parquées là.

- C'est la faute de ce connard de motard, notre chauffeur a tout vu. Il est même parti en rigolant cet enculé!

dimanche 22 mars 2015

Ce que tu retrouveras de l'autre côté

- Ce que tu vois à l'extérieur, c'est ce que tu as à l'intérieur et c'est aussi ce que tu retrouveras de l'autre côté.

samedi 21 mars 2015

Fais dodo petit Ineo

Fais dodo, petit Ineo-o
Fais dodo, t'auras du lolo


Fais dodo, petit Ineo-o
Fais dodo, t'auras du lolo


Fais dodo, petit Ineo-o
Fais dodo, t'auras du lolo


Fais dodo, petit Ineo-o
Fais dodo, t'auras du lolo


Fais dodo, petit Ineo-o
Fais dodo, t'auras du lolo


Fais dodo...

vendredi 20 mars 2015

Me glisser dans la présence

Quand je passais mon temps à voyager, je cherchais de kilomètres en kilomètres la présence de manière empirique: les lumières d'une antenne au-dessus d'une mer de lumières qui sont Mexico, la route qui ponge en lacets à travers les Andes.


Maintenant que j'ai appris des techniques pour me glisser dans cette présence, je me découvre de très bonnes excuses pour ne pas les mettre en pratique, ou alors si peu: des petits enfants, des livres à écrire. 

jeudi 19 mars 2015

Une tombe de sable

- Qu'est-ce que tu as fait là?

- C'est Christophe: il est mort, il est couché sous la terre.

- C'est qui Christophe?

- Il est là dessous. Là, c'est sa photo et là c'est une fleur.

- Bon ben voilà: notre fille fait des tombes de sable, pas des châteaux... Tu crois qu'on peut en tirer des conclusions?

mercredi 18 mars 2015

Remplir ton sac et le vider

- Il faut remplir ton sac et remplir ton sac et remplir ton sac et le vider et le vider et le vider et tu vas trouver ce que tu cherches. 

mardi 17 mars 2015

Des chaussons pour Francisco

Pour traverser le Rio de la Plata jusqu'à Montevideo afin d'aller passer quelques jours de plage à  Punta del Este et de rencontrer – enfin! – Rodolfo Rabanal, nous avons eu la chance d'embarquer sur le flambant neuf Francisco, tellement neuf que nous avons dû glisser nos modestes chaussures dans des chaussons en plastique destinés à choyer le bleu celeste des moquettes papales.

lundi 16 mars 2015

Réorienter ses forces

Une note, de 2009:


"Tout à l'heure, je discutais avec Celia et je lui disais que c'était ça, la seule véritable question de la vie: trouver le moyen de rassembler ses forces, c'est-à-dire de localiser les forces qu'on emploie contre soi, les bâtons qu'on se met soi-même dans les roues, et de les réorienter pour qu'elles conduisent dans la même direction. Et c'est ainsi qu'on peut vraiment arriver à être soi."

dimanche 15 mars 2015

Observer l'observateur


- Comment tu médites?

- En me concentrant sur la posture et la respiration et en revenant à chaque fois que je m'en vais.

- Ça sert à rien. Il faut que tu observes l'observateur en train de t'observer. 

samedi 14 mars 2015

Quelques mécanismes de la concurrence

Une note, de 2013:

"La sensation de concurrence est aussi le symptôme d'une mauvaise centration, parce qu'en situation de concurrence, je ne m'évalue pas par rapport à mes propres critères – je suis le meilleur par rapport à mes propres critères, je suis le seul à être moi –, mais par rapport aux critères de l'autre, de ce que serait, par exemple, un roman qui devrait s'inscrire dans la littérature de notre époque.


Si je sais revenir au centre, il n'y a plus de concurrence vu que je suis le seul à faire ce que je fais comme je le fais. La concurrence vient de la comparaison, de cette impression que l'autre est autre, que cet autre peut me prendre ce qui est à moi."

vendredi 13 mars 2015

Les blocages font avancer

Une note, de 2009:

"Les blocages font partie du trajet: ce sont eux qui aident à mobiliser les énergies pour avancer."

jeudi 12 mars 2015

Le Buenos Aires du début

En revenant à Buenos Aires, je reviens au Buenos Aires du début, celui que je rêvais à travers les pages de Cortázar et de Borges aux tables des cafés où ils écrivaient.


Ce Buenos Aires me semble loin et il ne m'a manqué que le temps d'un pincement au cœur. Depuis le commencement de notre relation tumultueuse, cette ville impossible et indispensable m'a sorti de la littérature pour m'aider à y replonger depuis la vie.

mardi 10 mars 2015

Le centre est fait de temps

Ralentir pour aller dans le vrai. Le centre est fait de temps.

Les manipulations qui fonctionnent sur moi

– Cette histoire de Sylvie, ça avait un petit goût de déjà vu. C'est tout à l'heure sur Santa Fe que j'ai eu un déclic: ça me rappelait Alfredo, exactement le même genre de manipulation.

– Ouais: aussi un sacré manipulateur dans son genre!

– Le même profil: une personne très sympa, franche, directe, que j'admire, mais qui la joue à fond sur la culpabilité. J'ai mis un moment à me rendre compte que je me faisais avoir...


– Ça serait intéressant que tu regardes quels sont les manipulateurs qui arrivent à t'embobiner, quels sont les systèmes dans lesquels tu marches et pourquoi, tu crois pas?

lundi 9 mars 2015

Raconter une histoie pour être lu

J'ai fait l'erreur de vouloir raconter une histoire pour être lu et vivre de ce que j'écrivais alors que j'aurais mieux fait, intuitivement, de continuer à chercher ce que je voulais vraiment écrire. 

dimanche 8 mars 2015

Les milliers de kilomètres parcourus

Couché dans l'herbe du parc Centenario, à l'ombre du grand arbre autour duquel Lucie a appris à marcher et sur lequel Ineo s'appuie tant bien que mal, je me dis - je sens la terre battre dans mon dos, je sens l'écorce sous les paumes d'Ineo - que ce lieu central que je cherche depuis si longtemps se trouve ici, au milieu de Buenos Aires. 


Et, tout de suite, j'ai la certitude que ce lieu se trouve en moi, dans chaque partie du monde où je le cherche, où je l'ai cherché, la certitude que la géographie, que les milliers de kilomètres parcourus sont là que pour donner un coup de main à l'attention, rien de plus.

samedi 7 mars 2015

Lever le pied

Quelques heures avant de prendre l'avion pour Buenos Aires, mon ordinateur est mort, le bracelet de ma montre s'est déchiré et, chez Carlos, l'internet fauché chez les voisins est aussi lent qu'aléatoire, même quand je tiens mon iPhone à bout de bras par la fenêtre: je crois que le message est clair.

jeudi 5 mars 2015

Entre mon iPhone et les montagnes

Le choix entre mon iPhone et les montagnes sous la neige et le soleil: surpris et triste de mon hésitation.

mercredi 4 mars 2015

Ineo joue avec mes Minuit

L’Apocryphe de Pinget et Un jour de chien de Caroline Lamarche: Ineo joue avec mes Minuit qu’il sort un à un du rayon juste à côté du lit.

– Non non non: pas manger! J’ai encore envie de le relire celui-là!

mardi 3 mars 2015

Je ne suis pas là où je dois être

L’odeur du café de Buenos Aires, de peinture chauffée par le soleil. Retiro.

La texture dure du drap sur le coin du lit d’Acoyte, mais l’armoire de Rovéréaz.

Je ne suis pas là où je dois être.

lundi 2 mars 2015

Les rendez-vous du monde

J'étais sûr les mots que je manipulais  étaient mieux capables de m'offrir des moments de présence que les morceaux de monde qu'ils représentaient.


Le monde, la vie n'ont pas besoin d'être pris dans la page. Ils sont là et seront là: à moi de ne pas manquer les rendez-vous.

dimanche 1 mars 2015

Ma carte SUBE

En préparant notre imminent voyage à Buenos Aires, je cherche désespérément ma carte SUBE, sésame rechargeable pour tous les bus et métros porteños.

Tout d'un coup, j'ai une intuition: et si elle était toujours dans la poche du Moleskine que je trimbale partout - par coquetterie maintenant que j'utilise mon iPhone pour mes notes - dans mon sac orange?

- Tu sais pas quoi: ça fait depuis qu'on est rentrés que je me balade avec toutes mes cartes argentines, la SUBE et celles de Swiss Medical!

- Là, tu vois, je crois que ça dit quelque chose de ton état d'esprit par rapport à notre retour de Buenos Aires, c'est clair!