mercredi 31 juillet 2013

Connaître ce vide

Une note, de 2009:

"Quel est ce vide dans lequel j’ai peur de sauter?

Mieux le connaître ne m’aidera pas à mieux sauter."

mardi 30 juillet 2013

Derrière les derniers contreforts

Une note, de 1999:

"Le bleu profond du ciel se fait plus clair. Il s’agit peut-être déjà de l’aube ou alors de la lumière projetée contre le ciel par une ville immense que tu ne pourrais pas voir, une ville qui serait située juste derrière la chaîne des montagnes, derrière les derniers contreforts, ville constituée d’édifices gigantesques et frémissante de véhicules, de corps qui se déplacent le long de trottoirs encombrés."

lundi 29 juillet 2013

Le théâtre de la peur

Une note, de 2008:

"Je commence à mieux voir comment s’organise en moi mon théâtre portatif, comment je m’entoure de gens auxquels je donne les rôles (et les pouvoirs) des gens qui m’ont déjà entouré. La peur est toujours là, très présente, mais les mécanismes se font jour."

dimanche 28 juillet 2013

En bas de chez Ariel

Ariel et Gabi se sont mis à écrire un roman à quatre mains sur Facebook: chaque jour un chapitre, chacun son tour.

Systématiquement, dès que je clique sur le lien qui se déplie sous la petite planète qui était bleue et qui devient blanche, je me retrouve en bas de chez Ariel, en train d’attendre qu’il vienne nous ouvrir pour l’atelier du jeudi soir.

La nostalgie, d’abord, de ces quelques dizaines de mètres à marcher sous l’autoroute depuis le subte E, de cette esquina de San José à un bloc de San Juan, de ces soirées à lire et critiquer, avec une bonne humeur féroce, les dernières pages de chacun.

Et puis, très vite, le sentiment que cet autre bout de la terre n’est pas si loin que ça, pas beaucoup plus loin que sur la toute petite planète au bord de la barre bleue de Facebook.

– Si cette personne est présente à votre esprit, elle est là, près de vous.

samedi 27 juillet 2013

Toute une vie sans avancer

Une note, de 2009:

"Voir le visage de certaines personnes âgées, dans la rue, et me dire qu’on peut traverser toute une vie sans avancer beaucoup, qu’on peut rester sur place à travers toutes ces années."

vendredi 26 juillet 2013

Une violence plus simple, plus douce, inoffensive

Une note, de 2010:

"C’est avant tout ma propre violence dont l’autre, en face, me rappelle la présence, dont l’autre me montre que je n’ai fait que l’écraser, que je ne l’ai pas vraiment acceptée, que je ne l’ai pas vraiment digérée, qu’elle est encore là prête à jaillir, ma propre violence avec laquelle l’autre n’a que peu de choses à voir, vraiment, oui, très peu de choses à voir.

Alors c’est ma violence que je dépose dans l’autre et si je veux la faire descendre, il faut que je la regarde en face, que j’admette sa présence, que je me pardonne d’éprouver de la violence et c’est comme ça que la violence descendra, c’est comme ça que la violence se dissoudra, c’est comme ça que la violence sera plus simple, plus douce, inoffensive."

jeudi 25 juillet 2013

Le sens de la vie des autres

Une note, de 2009:

"Comment est-ce que la vie des autres peut avoir du sens? C’est l’affaire des autres, pas la mienne."

mercredi 24 juillet 2013

Une obscurité qu’on ne peut pas connaître

– En nous, il y a une obscurité qu’on ne peut pas connaître, qu’on ne peut pas comprendre: ce sont les désirs et les passions.

mardi 23 juillet 2013

Croire que ces mots sont miens

Une note, de 2010:

"Je crois que le problème vient de là: croire que mes mots sont importants et, surtout, croire que ces mots sont miens."

lundi 22 juillet 2013

Ton sable intérieur

Une note, de 1999:

"Tu es nu. Tu te couches sur l'herbe et tu ouvres la bouche. La ligne du soleil et la pluie t'atteignent en même temps. Tu peux boire cette eau du ciel qui a le goût de ton sable intérieur, le goût de ce sable que tu connais trop bien."

dimanche 21 juillet 2013

Quand le seuil aura perdu son sens

Une note, de 2009:

"Je suis mon propre accès au monde, je suis celui qui détermine ma propre porte, je suis celui qui a entre les mains les poignées qui me permettent d’arriver à l’entier du monde que je porte en moi: l’étendue du monde dépend des mouvements que je me permets et que je m’autorise, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus ni porte ni poignée parce que l’ouverture véritable aura fait perdre son sens au seuil."

samedi 20 juillet 2013

Les artistes torturés

Une note, de 2010:

"En regardant le lancement du dernier film de Gaspard Noé, Enter the Void, sur lequel je suis tombé "par hasard", je crois que j’ai mieux compris quelque chose au sujet des artistes et de la plupart des gens qui marquent une époque: ils sont assez forts pour faire ce qu’ils veulent, mais c’est justement leur égo super développé qui les tient à distance du calme, qui les tient à distance de l’équilibre. Alors ils continuent à faire de l’art, souvent torturé."

vendredi 19 juillet 2013

Notre vie est une bombe à retardement


– Notre vie est une bombe à retardement: on ne peut pas savoir ce qu’il y a une seconde devant nous.

Si mon âme me démange

– Si mon âme me démange, comment est-ce que je me gratte?

jeudi 18 juillet 2013

Dernier matin à Acoyte

Dernier matin à Acoyte avant d’aller passer trois nuits chez Isabelle en attendant notre vol de Lufthansa.

Pour ne réveiller ni Lucie ni Celia, je suis assis par terre dans la salle de bains, juste à côté des toilettes, avec mon Mac qui me réchauffe les cuisses.

Les petits oiseaux chantent, il y en aura d’autres à l’autre bout du monde.

mardi 16 juillet 2013

L'image que j'ai de toi

Une note, de 1999:

"L’image que j’ai de toi dépend de celle que j’ai de moi."

lundi 15 juillet 2013

Le problème fait aussi partie de la solution

– Le problème fait aussi partie de la solution: les vies heureuses sont pleines de valeur et les vies qui ne correspondent pas à ce qu’on voudrait sont pleines d’enseignements.

dimanche 14 juillet 2013

La nuit semble plus lisible

La nuit semble plus lisible parce qu’il y a moins à lire, ce qui est naturellement une erreur.

samedi 13 juillet 2013

Devant ce rideau de nuit

Le regard garde la même acuité que de jour, mais soit se concentre sur le peu qu’il peut voir, le magnifie, le grandit, soit se tourne vers l’intérieur, détourne une grande partie tendue vers ce qui ne peut pas se voir, vers ce qu’il aimerait y voir, ce qu’il peut y voir, sa manière de le voir, vers tous les souvenirs qui prennent alors une place éclatante, une présence importante devant ce rideau de nuit. L’attention reste la même, mais se répartit à d’autres niveaux.

vendredi 12 juillet 2013

Ces décombres rassurants

Une note, de 2010:

"Ce que je réalise maintenant, c’est que la même chose se passe dans l’écriture que dans la rénovation: ça demande au moins autant d’énergie, peut-être plus, de reprendre un texte que de l’écrire à partir de zéro.

Pour l’écrire à partir de zéro, il faut de nouveau prendre le risque de la page, il faut de nouveau se lancer dans le vide, sans pouvoir se raccrocher à ces décombres rassurants, sans savoir si le texte arrivera à prendre forme, faire confiance uniquement à ce moment présent qui est le seul moment auquel on peut faire confiance, le seul moment depuis on peut partir, que ce soit dans l’écriture ou dans la vie.

Si j’écris depuis maintenant, j’écris depuis celui que je suis maintenant, sans faire mon possible pour que les morceaux d’hier collent ensemble, sans faire mon possible pour bricoler à l’intérieur du texte une continuité entre ceux que j’étais et celui que je suis."

jeudi 11 juillet 2013

Je peux vous garantir 100’000 vues

Je peux vous garantir 100’000 vues sur votre vidéo en ligne. Il faudra pousser les 40’000 premières, ça vous coûterait 5000 francs, mais, en terme de visibilité, c’est loin d’être négligeable. Je peux aussi vous garantir des fans qualifiés pour votre page Facebook – qualifiés, c’est-à-dire qui vivent dans la région et qui aiment la littérature. Ça vous coûtera 2 francs pièce. Bien entendu, je pourrais très bien vous fournir des petits Malaisiens qui ne vous coûteraient, eux, que 20 centimes l’unité, mais bon, vous serez d’accord avec moi, ça serait moins directement utile à votre projet.

mercredi 10 juillet 2013

Il n'y a pas de meilleur moment

Une note, de 2010:

"C'est vraiment ce que je pense pouvoir vivre d'autre, ce que je pense que je pourrais vivre, qui m'éloigne de ce que je vis. Peut-être que je vivrai ce dont je rêve, on verra bien quand ça se présente, mais, si je ne vis pas ce que je vis, je ne saurai même pas que je vis ce dont je rêve, même si je le vis, même s'il se trouvait que je le vivais justement maintenant – ce qui est sans doute le cas –, je ne serais pas capable de m'en rendre compte, je ne suis pas encore capable de m'en rendre compte. Toutes les pièces de viande sont les meilleures. Il n'y a pas de meilleur moment que maintenant."

mardi 9 juillet 2013

Pour pouvoir se battre

– Pour pouvoir se battre, il faut avoir quelqu’un contre qui se battre: il faut remercier l’autre du fait de pouvoir se battre. On va le haïr quand même, mais là n’est pas le problème. La haine n’est pas un état naturel: on ne peut se mettre en colère contre quelqu’un que parce qu’il y a relation. Grâce à la colère, je peux voir que toutes les vies sont ma vie, que tout nous tend vers l’illumination, que tout est là pour me permettre de l’atteindre.

lundi 8 juillet 2013

It's this one!

– It's this one!

Contrairement à ce que croit cet admirateur tout de blanc vêtu, admirateur dont j’ai appris par la suite qu’il arrivait tout droit d’Allemagne, je ne suis pas venu en pèlerinage au cimetière de Tolochenaz pour me recueillir sur la tombe d’Audrey Hepburn. Non. Je suis juste entré prendre un peu d’eau pour le biberon de Lucie avant une belle balade au milieu des champs dorés par ce beau soleil de juillet.

dimanche 7 juillet 2013

Ce que je prends pour ma vie

Une note, de 2010:

"Je crois que c’est bien de ça qu’il s’agit: accepter ma vie telle qu’elle est, l’accepter en sachant qu’elle n’a pas grand-chose à voir avec ce qui est effectivement ma vie, mais que je ne pourrai pas arriver à ce qui est effectivement ma vie sans me donner à corps perdu à ce qui est ma vie maintenant, à ce que je prends pour ma vie autour de moi maintenant."

samedi 6 juillet 2013

Savoir être quelqu'un d'autre

Une note, de 1999 

"Retrouver la totalité des détails, les détails secondaires, de seconde couche, ce qui ne se ressent pas dès le premier passage en revue de la mémoire.

Passage en revue de toute la mémoire, de toutes les couches, surtout celles qui ne sont pas évidentes, surtout celles qui ne s’imposent pas, surtout celles qui m’avaient semblé trop banales pour être retenues.

Va-et-vient de balancier entre le faire et l’apprendre.

Placer toute ma confiance dans le dire et dans le dit. Dans ce que j’ai à dire et dans ce que je veux dire.

Être en entier pour savoir être quelqu’un d’autre."

vendredi 5 juillet 2013

Faire passer l'intérieur à l'extérieur

Une note, de 2010:

"Mentir aux autres, peut-être, dirait Gustavo, mais pas à soi-même. Pas à moi-même, c’est-à-dire pas à l’écran, dans le cas qui est le mien ici. Noter mes pensées m’aide à ne pas avoir peur de mes pensées, à ne pas avoir peur de ce qui resterait caché, à ne plus rien laisser dans l'ombre, à faire ce que je peux pour ça. C’est peut-être une manière de rendre nulle la distinction entre intérieur et extérieur, une manière de faire passer l’intérieur à l’extérieur."

jeudi 4 juillet 2013

Un océan plus tard

Une note, de 1999:

"Un océan plus tard, une langue devient un signe de reconnaissance."

mercredi 3 juillet 2013

La frange des intuitions

Une note, de 2007:

"La véritable observation, celle qui parle, doit porter sur les détails des détails, la frange des intuitions."

mardi 2 juillet 2013

Passer le monde

Une note, de 2010:

"En relisant mes vieux carnets – et en réfléchissant, cet après-midi, à mon rapport au paysage du Mont-Pélerin –, je me rends compte à quel point j’ai toujours vu l’écriture comme un outil d’appropriation du monde, comme une manière de le faire mien. Si je me contentais de le passer, ce monde, il se laisserait sans doute mieux écrire.

Cette vie que je n’aurais pas besoin d’acheter, ce monde que je n’aurais pas besoin de faire mien."

lundi 1 juillet 2013

La nuit est à remplir soi-même

La nuit est à remplir soi-même.
La nuit est à remplir soi-même.
Les nuits se ressemblent plus entre elles, les passages sont plus aisés.
Être en même temps dans plusieurs points de la nuit ne pose plus de problème.
Il y a aussi les autres sens.