samedi 30 novembre 2013

Trois ou quatre pourquoi

– Si vous voulez savoir si quelqu’un a l’habitude de réfléchir, de réfléchir vraiment, posez-lui une question avec trois ou quatre pourquoi ensuite. S’il répond aux pourquoi, c’est qu’il a l’habitude de réfléchir.

vendredi 29 novembre 2013

Rien, ça n'a jamais de fin

– Vous pouvez vous concentrer sur ce que vous voulez: la flamme d’une bougie, une image de Bouddha, la chemise que vous êtes en train de repasser ou alors sur rien. L’avantage de se concentrer sur rien, c’est que ça n’a jamais de fin.

jeudi 28 novembre 2013

Claustrophobie de perfusé des réseaux

C’est quand j’ai vu l’effort que ça me demandait de lâcher mon ordinateur pour prendre un livre que j’ai commencé à sérieusement m’inquiéter.

Une seule histoire, à suivre de manière désespérément linéaire au fil des pages… Quelque chose de limité tout d’un coup, d’enfermant: claustrophobie de perfusé des réseaux.

mercredi 27 novembre 2013

Une douleur à la fois

En suivant les conseils de mon cher Maître, je me suis concentré sur ma molaire, sur la douleur qui s’y manifestait par intermittence, douleur exquise que j’ai circonscrite, que j’ai gardée là pendant que la fraise faisait son travail et que j’ai observée comme j’ai observé la transpiration qui s’est mise à me recouvrir les avant-bras.

Malheureusement pour mon cher, très cher dentiste, l’aspirateur à salive s’est petit à petit planté dans le bas de ma bouche et, quand mon maître du jour a fini par le déplacer en réponse à mes gestes insistants, il n’a pas pu s’empêcher de lâcher un commentaire qui l’a fait passer très très près du coup de boule.

mardi 26 novembre 2013

La prochaine fois chez le dentiste

– La prochaine fois chez le dentiste, demandez-vous si vous voulez vraiment une anesthésie. S’habituer à la douleur, c’est une bonne manière de se préparer à la mort, de se donner le maximum de chances de rester conscient au moment de mourir et de choisir où on va renaître, dans quel couple en train de faire l’amour on va se jeter la tête la première.

lundi 25 novembre 2013

Petit répertoire de bonnes excuses

Petit répertoire de bonnes excuses pour ne rien donner aux Roms assis dans la bise et sur les pavés:

– Je n’ai plus de pièces dans mes poches (mes poches, que voulez-vous que j’y fasse, ont des trous).

– Il fait trop froid pour sortir mon porte-monnaie (prendre cette note sur mon iPhone est pour le bout de mes doigts un calvaire).

– Et puis, de toute façon, il ne me reste que des billets.

dimanche 24 novembre 2013

Quelques minutes à peine

– Mettez bout à bout les moments que vous avez réellement vécus: vous verrez que vous arrivez à quelques minutes à peine. Avec beaucoup de chance.

Rubrique société

– Les articles, ça commence vraiment à faire vendre quand ça passe dans la rubrique société, quand on se met à parler de l’auteur pour autre chose que pour son bouquin. Trois quatre mille, au moins. Un poil plus que les cent exemplaires – si si, c’est les chiffres... – que tu vends en général par ici quand tu te décides à essayer de sortir un truc: tes potes, les potes de tes potes, c’est tout.

vendredi 22 novembre 2013

La responsabilité de votre corps

– Vous avez la responsabilité de prendre soin de votre corps: n’oubliez pas qu’il vous est prêté.

jeudi 21 novembre 2013

Sous son aile

Me retrouver nu sans cet écrivain que je pensais devenir, cet écrivain qui m’étouffait sous son aile.

mercredi 20 novembre 2013

Ces choses qui pesaient sur la plume

Une note, de 1999:

"Toutes ces choses qui pesaient contre la plume, qui pesaient sur la plume. Toutes ces choses trop fortes qui sortent toutes ensemble et dans le désordre. Qui finissent par toutes se ressembler parce qu'elles sont sorties dans le même mouvement."

Dénoncer le pire en montrant le meilleur

– On peut dénoncer le pire en montrant le meilleur.

lundi 18 novembre 2013

Supérieur au trajet d’une vie

Une note, de 2009:

"Quelque chose qui serait supérieur au trajet d’une vie.

dimanche 17 novembre 2013

Agua

– Elle dit agua, t’as entendu? Mais comment ça se fait qu’elle dise ça en espagnol?

– Ah, tu sais... Buenos Aires, les souvenirs…

– Et puis en plus, elle dit pas ça dans le bain. Là, elle dit de l’eau. C’est seulement quand elle a soif...

Quelques jours plus tard:

– Tu crois pas que ce qu’elle dit, en fait, c’est à boire?

samedi 16 novembre 2013

Prends soin de tes pensées

– Prends soin de tes pensées parce qu’elles se feront mots / Prends soin de tes mots parce qu’ils se feront actions / Prends soin de tes actions parce qu’elles se feront coutumes / Prends soin de tes coutumes parce qu’elles formeront ton caractère / Prends soin de ton caractère parce qu’il forgera ton destin / Et ton destin sera ta vie.

vendredi 15 novembre 2013

Si le passé appelle

– Si le passé appelle, ne réponds pas: il n’a rien de neuf à te dire.

jeudi 14 novembre 2013

Deux touristes qui n’ont rien à se dire

Une note, de 1999:

"Deux touristes qui n’ont rien à se dire peuvent se le dire pendant longtemps.

mercredi 13 novembre 2013

Chaque moment qui n'est pas passé à écrire

Longtemps j’ai cru que chaque moment qui n’était pas passé à écrire était un moment perdu. Heureusement, je suis en train de changer d’av...

mardi 12 novembre 2013

En vue d'une autre vie

On peut vivre sa vie en vue d’en vivre une autre.

On peut vivre sa vie en décidant qu’elle est cette autre vie.

On se rend compte alors qu’il suffisait d’ouvrir les yeux.

lundi 11 novembre 2013

Seiza: conseil numéro 3

– Quand vous êtes à genoux en seiza, il faut vous concentrer sur chacune de vos respirations, sur chacune des syllabes du sutra pour en faire la plus belle. Si vous êtes en entier dans chaque instant, la douleur ne trouvera pas sa place.

dimanche 10 novembre 2013

Seiza: conseil numéro 2

– Quand vous êtes à genoux en seiza, il faut observer votre douleur, la ressentir dans sa vraie dimension, sa vraie présence, mais ne pas vous mettre à en rajouter avec votre petit cinéma habituel: je vais plus jamais pouvoir me relever! Je vais rester paralytique! Encore une seconde et je m’évanouis! La douleur est là. La souffrance, c’est vous qui la construisez.

samedi 9 novembre 2013

Seiza: conseil numéro 1

– Quand vous êtes à genoux en seiza, il ne faut plus bouger. Si vous rajustez votre position sans cesse, vous aurez de plus en plus mal. Il faut vous asseoir dans votre douleur.

vendredi 8 novembre 2013

Une matinée entière

Deux chemins qui se croisent
Du soleil dans le dos
Un champ de maïs
Un champ labouré
Deux grosses flaques

Des chiens qui passent
Ouh! Ouh!
Des trains qui passent
Oooooohhh!
Des avions qui passent
Petit doigt vers le ciel

Des jolis cailloux
Une bouche d’égout
Ploc!
Une matinée entière

jeudi 7 novembre 2013

Réécrire la Promesse

Envie de réécrire la Promesse de Dürrenmatt pour être dans ce temps d’automne.

Pourquoi ne pas être simplement dans cet automne? Pourquoi avoir besoin de l'écriture pour m'y inscrire?

Mais bon: la Promesse, la Promesse!

mercredi 6 novembre 2013

Une rythmique monte à travers les murs

Une rythmique monte à travers les murs, quelque chose de sourd, quelque chose de très grave, quelque chose qui creuse l’ossature du bâtiment. Un son plus aigu se détache, répétitif, métallique, comme une rotative, et la rythmique s’affirme sous un brouillard de déchets électroniques. Un va-et-vient de bruit sale qui tourne entre les échafaudages à roulettes et les lampes halogènes.

La lumière de l’étage d’en dessous, faible, est dispersée par les cubes de verre translucides imbriqués dans une partie du sol. Impossible de distinguer quoi que ce soit à cause de deux séries d’ondulations parallèles, prises dans les blocs à des profondeurs différentes, qui se coupent à angle droit. Toujours plus de reflets, de torsions, quel que soit le point de vue choisi.

Tout ce qui est deviné devient impossible, puis possible, puis improbable, des intensités de lumière, pas vraiment des couleurs. Difficile même de savoir si le mouvement vient d’en bas ou d’un écart du point d’observation.

La boucle industrielle continue sa rotation désaccordée à son volume de croisière. De petites variations, le volume augmente pas à pas et puis plus rien.

Peut-être des applaudissements.

mardi 5 novembre 2013

BRRRRRR, BRR, BRRRRRRRRR!!!

– C’était de la triche, tout à l’heure, avec la voiture…

– Qu’est-ce que vous voulez, y a pas de petits profits!

C’est vrai que j’aurais pu y mettre un franc dans cette voiture de la Coop, mais c’était beaucoup plus drôle de la secouer en faisant BRRRR, BRRR, BRRRRRR, BRR, BRRRRRRRRR!!!

Lucie, en tout cas, elle en a redemandé et le petit jeune du magasin de décos de Noël a même fini par me dire que je pouvais taper dans le bouquet de roses près de la caisse.

– Prenez-en trois ou quatre!

lundi 4 novembre 2013

Une coccinelle sur mon pouce

Une coccinelle beige se pose sur mon pouce pendant que je prends des notes sur mon iPod au bord du lac du parc Centenario. Elle ne me dérange pas, elle m’aide à revenir dans l’ici et le maintenant malgré le décalage horaire. Mais... Lucie se réveille.

dimanche 3 novembre 2013

Conserver le présent ouvert

Une note, de 1999:

"Conserver le présent ouvert."

samedi 2 novembre 2013

Ce que je pensais pouvoir écrire

Une note, de 2010:

"Penser à tout ce que j’aurais pu écrire, à tout ce que je pensais pouvoir écrire: autant de bonnes manières de ne pas être là.

Peut-être que je pourrai récupérer tout ça par la suite, on verra, mais ce qui est vraiment important, maintenant, c’est de m’habituer à écrire depuis le présent. Le reste suivra, le reste est accessoire.

M’habituer à placer les problèmes dans une hiérarchie qui leur correspond."

vendredi 1 novembre 2013

Pour pouvoir se regarder jusqu’au bout

– Oui, mais bon: c’est toujours moi le problème, je suis le pire être qui existe, etc. etc. Ce genre de trucs, ça donne plutôt envie de se suicider, vous trouvez pas?

– Pour pouvoir se regarder vraiment en face, pour pouvoir se regarder jusqu’au bout, il ne faut pas oublier qu’il y a quelqu’un qui est là et qui nous aimera de toute façon, quoi qu’on découvre. Si on n’a pas Bouddha à l’esprit, en effet, la prise de conscience de notre véritable égoïsme est insupportable et on finit assez vite par se suicider.