– C'est votre travail qui doit s'organiser autour de votre pratique, pas le contraire.
mercredi 31 décembre 2014
mardi 30 décembre 2014
Placer mon esprit dans le présent
C'est mon esprit que je dois travailler à ouvrir pour le placer dans le présent.
lundi 29 décembre 2014
Une histoire qui aurait pu être triste
Je meurs d'une maladie foudroyante et je me réincarne dans les parages de mes enfants sans savoir que c'est eux que je vois grandir.
Toute la douleur vient de la projection de celui qui sait dans celui qui ne sait plus parce qu'il est déjà autre: cette histoire ne serait triste que pour un oeil extérieur qui n'existe pas.
dimanche 28 décembre 2014
Sans détours
- L'autre jour, j'ai croisé Pajak, il était à une terrasse avec des potes. Il m'a dit que je lui avais fait peur quand j'avais animé notre rencontre. Je lui ai dit: Peur? Il m'a juste dit: Oui, peur. J'ai pas très bien compris pourquoi.
- Tu sais, la franchise, ça fait peur.
- Tu crois que c'est ça?
- Les gens ont pas l'habitude d'aller au fond des choses, comme ça, sans détours.
- Mais peur, quand même, faut pas exagérer!
- Je crois que tu te rends plus compte...
samedi 27 décembre 2014
Résoudre ma vie
Résoudre ma mort c'est résoudre ma vie: tous les excellents prétextes qui m'invitent à remettre à plus tard ces questions ne font que prolonger cette douleur que je construis dans ma fin à venir, cette douleur qui trouble et pollue mon existence.
vendredi 26 décembre 2014
La profondeur des nuits d'hiver
La profondeur des nuits d'hiver. En elle-même. Pas pour ce que je pourrais en écrire ou en vivre.
jeudi 25 décembre 2014
Hier s'est enfui
– Il est bon de franchir chaque jour une étape comme l'eau vive qui ne stagne pas. Hier s'est enfui, l'histoire d'hier elle aussi est passée. Il convient aujourd'hui de conter une histoire nouvelle.
mercredi 24 décembre 2014
L'histoire qui pourrait être
La petite lumière orange, contre les montagnes, de l'autre côté du lac, seule, en troupeau: définition minimale, concentrée, de l'histoire qui pourrait être.
mardi 23 décembre 2014
Mon père mort qui me manque
Je pourrais écrire autour de mon père mort qui me manque, je pourrais me complaire dans ma douleur, la raviver par des mots choisis, la partager.
C'est d'abord à moi que je ferais mal en attirant cet apitoiement qui ne me donnerait l'impression d'exister qu'un tout petit moment.
lundi 22 décembre 2014
Trois étapes dans l'écriture
Trois étapes dans l'écriture: le premier jet vivant et débraillé, la mise en forme qui organise mais qui éteint, la légère torsion qui salit, qui voile à peine le rythme, qui regonfle le texte en lui rendant la vie volée par le travail des mots.
dimanche 21 décembre 2014
Qui donc t'a enchaîné?
- Maître, je vous en prie, ayez pitié de moi: montrez-moi le chemin de la délivrance!
- Qui donc t'a enchaîné? Personne! Alors pourquoi me demandes-tu de te délivrer?
Autre variante:
- Retourne sur tes pas en prenant le chemin qui t'a mené jusqu'à moi.
samedi 20 décembre 2014
vendredi 19 décembre 2014
Me prélasser dans la moelle
En fait, je n'essayais pas d'écrire, mais de fixer pour toucher la moelle et m'y prélasser.
jeudi 18 décembre 2014
Plus près des montagnes
Je ne peux pas aller plus près des montagnes, je ne peux pas aller plus près d'elles même en les écrivant.
C'est en étant un peu moins moi que je pourrai m'approcher d'elles. Un peu.
mercredi 17 décembre 2014
Comme pour la calligraphie
– Ce que tu écris, dans ton blog, c’est quand même vachement intime… Des fois, j’hésite à t’envoyer des vannes, mais je me retiens. T’as des réactions?
– Très peu, tu sais. Des fois sur Facebook, mais j'ai pas des masses de lecteurs et 99.99% des gens s’en foutent.
– Alors, tu fais ça pourquoi?
– Pour garder la plume un peu chaude: tu sais, avec les enfants, le temps d'écriture... Et puis c'est aussi pour fluidifier le geste de publier, de rendre public. Je suis resté trop longtemps dans mon petit laboratoire à fignoler des phrases que je pourrais encore être en train de fignoler à l'heure qu'il est...
– Tu as l'impression que ça change quelque chose à ton écriture?
– Je crois que c'est comme pour la calligraphie: deux heures pour préparer l'encre en frottant le charbon et un geste de quinze secondes. Maintenant, quand je suis vraiment concentré, ce sont d'autres mots qui viennent. Je sais pas s'ils sont meilleurs, mais ils sont plus simples.
mardi 16 décembre 2014
Cet acte d'existence bon marché
Donner mon avis, c'est encore la manière la plus économique de me faire valoir, la manière la plus simple. En effet, ce n'est pas ce dont je parle qui est formidable ou scandaleux, c'est bel et bien moi-même qui est illuminé par le flamboiement de ma prise de position, bel et bien mon égo qui rayonne à travers cet acte d'existence bon marché. En tout cas, c'est mon avis.
lundi 15 décembre 2014
La mort qui s'installe en douceur
En regardant la main de Jacquie avec ses bagues et ses ongles d'un beau rouge, je me suis dit que la mort était banale: il y a cette main et puis elle n'est plus là.
Après, tout va dépendre de comment on construit l'absence: il y a la place qui est vide ou la place qui est laissée, la mort qui entretien la douleur ou la mort qui s'installe en douceur, proche et familière.
dimanche 14 décembre 2014
samedi 13 décembre 2014
vendredi 12 décembre 2014
L'être se laisse faire
Il n'y a pas à faire, mais à être.
Ou plutôt: le faire vient de l'être, pas l'être du faire.
Ou plutôt: l'être se laisse faire, le faire se laisse être.
jeudi 11 décembre 2014
Son prénom veut dire lumière
Il y a les montagnes avec leur neige posée sous la nuit.
Il y a deux bougies sur la table, deux enfants qui mangent, beaucoup d'yeux qui brillent.
Une maman qui dit à sa fille que son prénom veut dire lumière.
mercredi 10 décembre 2014
mardi 9 décembre 2014
Une lumière à la fois frémissante et lisse
Certaines chambres se distinguent par un bip régulier, faible lui aussi, pris dans la matière acoustique évanescente et continue. Les néons placés au bas des murs baignent les couloirs d’une lumière à la fois frémissante et lisse, d’une lueur uniforme (rompue par les portes) qui force la perspective des corridors et souligne le grain de leurs parois avec une intensité dégressive (les ombres portées des aspérités s’entremêlent, se resserrent, se tressent, génèrent à hauteur d’épaules une texture imprécise mais régulière), dégradé brisé par le plafond laiteux.
lundi 8 décembre 2014
Ça fait l'infini
- On peut dire qu'elle bien réussi son coup: l'Immaculée Conception.
- Et puis c'est aussi l'Illumination de Bouddha.
- Ça fait l'infini
- Quoi?
- Ben: le 8!
- Sacrée Jacquie, elle allait quand même pas nous laisser n'importe quel jour!
- Et puis c'est aussi l'Illumination de Bouddha.
- Ça fait l'infini
- Quoi?
- Ben: le 8!
- Sacrée Jacquie, elle allait quand même pas nous laisser n'importe quel jour!
dimanche 7 décembre 2014
Un drap sur la tête
Tout se joue autour de la préparation de la mort, de la mienne et de celle des autres. En me préparant à la mienne, je peux aider les autres à se préparer à la leur, en aidant les autres à se préparer à la leur, je peux comprendre comment me préparer à la mienne.
Deux des infirmières qui s'occupent de Jacquie me tirent de mes réflexions métaphysiques: elle poussent un lit le long du couloir de la réception. Quelqu'un est couché dedans, un drap sur la tête.
samedi 6 décembre 2014
Avoir la paix dans son coin
Je m'étais mis à écrire pour frapper un grand coup et qu'on me foute la paix pour le reste de ma vie.
Malheureusement, je suis en train de découvrir qu'avoir la paix dans son coin n'est pas exactement une manière d'être heureux sur le long terme.
- Trouvez une occupation qui vous plaise vraiment et vous n'aurez plus jamais à travailler de votre vie.
On va peut-être plutôt chercher dans ce sens.
vendredi 5 décembre 2014
Faire ce qu'il y a à faire
- Ces temps je pense beaucoup au Il faut faire ce qu'il y a à faire de Leveratto. Jusqu'à présent, j'avais vraiment une vue macro: ma mission sur terre, ce que je dois faire de ma vie, ma manière d'accomplir ma quête spirituelle... Mais là, j'ai de plus en plus une vision micro: faire toutes les petites choses qu'il y a à faire à tous les moments de la journée, avec les enfants, avec l'appartement, avec le ménage.
- Genre débarrasser la table quand on a fini de manger?
- Genre ça, oui. Le reste va venir de là.
- J'encourage!
mercredi 3 décembre 2014
Rencontrer le masque des autres
- Nous créons un masque pour rencontrer le masque des autres. Puis, nous nous demandons pourquoi nous ne pouvons pas aimer et pourquoi nous nous sentons si seuls.
mardi 2 décembre 2014
On se sent à la maison
- Bonjour, comment allez-vous?
- Oui...
- C'est que vous devez en voir passer du monde... Ma tante est décédée il y a six semaines: elle était à la 302.
- Ah oui, c'est ça, mais, vous voyez...
- Là, je suis revenu pour ma belle-mère. Elle a été transférée ce matin: elle est en 323. Ça fait plaisir de retrouver des têtes connues, on se sent à la maison.
- A la maison... J'espère pas trop quand même...
lundi 1 décembre 2014
Vous le méritez certainement
- C'est mathématique: si vous faites du mal, vous recevez du mal, si vous donnez du plaisir, vous recevez du plaisir.
- Mais si je fais du bien tout le temps et qu'il m'arrive que des choses horribles?
- Ne vous inquiétez pas: vous le méritez certainement. A tout les coups vous aurez fait du mal dans une autre vie et très probablement dans plusieurs.
- Alors, là, je fais quoi?
- Faites du bien. Si ça ne vous revient pas dans cette vie, ça sera dans les prochaines!
dimanche 30 novembre 2014
Une parfaite première position
Tout à l'heure, à la clinique, j'ai pris une photo des chaussures de Jacquie dans le coin de sa chambre, sous la fenêtre. Elles faisaient un beau L, une parfaite première position de jeune ballerine.
samedi 29 novembre 2014
Quand on n'écrit pas
- On écrit beaucoup quand on n'écrit pas. Quand je commence à écrire mes livres, c'est qu'ils sont déjà écrits.
vendredi 28 novembre 2014
Trop de gens sous la terre
- Qu'est-ce qui se passe Lucie? Pourquoi tu fais cette tête? Elle a un problème Goudligoudla?
- Ma poupée elle est triste parce qu'il y a trop de gens sous la terre.
jeudi 27 novembre 2014
Ces quelques années de rab
De plus en plus, savoir que je n'ai pas à vivre une autre vie que la mienne, même pas à vivre cette vie-ci de manière plus entière, plus intense ou plus pleine, me procure de petits instants de bonheur calme - instants vite relativisés par tout ce qu'il faudrait faire, au fond, quand même, pour profiter au maximum de ces quelques années de rab.
mercredi 26 novembre 2014
mardi 25 novembre 2014
Le travail de Luca
– Tu vois, là, ce bord, c’est le travail de Luca.
– Le papa d’Élisa!
– Oui, le papa d’Élisa. C’est son travail de faire des choses avec des pierres. Là, c’est lui qui est venu faire le bord de la tombe.
– C’est une petite boule rouge dans ma poche.
– Tu es allée la prendre sur la tombe d’à côté?
– Ben oui.
– On fait un petit namanda pour tante Dellon? Viens à côté de moi, mets les mains comme ça et puis...
– Elle est où tante Adèle?
– Elle est là, sous la terre.
– Je veux voir!
– Mais non, c’est pas possible: on ne va plus jamais la voir. Sur des photos, oui, mais plus jamais en vrai.
– Je veux voir! Tout de suite!
– Tu sais, chaque fois que tu veux voir tante Dellon, chaque fois que tu veux lui dire quelque chose, fais namanda comme ça: namanda, namanda, namanda, namanda, namanda, namanda, namanda, namanda...
– Le papa d’Élisa!
– Oui, le papa d’Élisa. C’est son travail de faire des choses avec des pierres. Là, c’est lui qui est venu faire le bord de la tombe.
– C’est une petite boule rouge dans ma poche.
– Tu es allée la prendre sur la tombe d’à côté?
– Ben oui.
– On fait un petit namanda pour tante Dellon? Viens à côté de moi, mets les mains comme ça et puis...
– Elle est où tante Adèle?
– Elle est là, sous la terre.
– Je veux voir!
– Mais non, c’est pas possible: on ne va plus jamais la voir. Sur des photos, oui, mais plus jamais en vrai.
– Je veux voir! Tout de suite!
– Tu sais, chaque fois que tu veux voir tante Dellon, chaque fois que tu veux lui dire quelque chose, fais namanda comme ça: namanda, namanda, namanda, namanda, namanda, namanda, namanda, namanda...
lundi 24 novembre 2014
L'amour du travail bien fait
Plus que l'amour du travail bien fait, j'ai de plus en plus l'impression que ce qui motive les gens, ici, c'est d'abord la peur du qu'en-dira-t-on.
dimanche 23 novembre 2014
Les mauvaises raisons de mes hiérarchies
Une note, de 2013
"Si je prenais la question par l'autre bout, si je ne m'intéressais pas aux personnes, aux filles, qui attirent mon regard, mais aux personnes sur lesquelles mon regard glisse. Je serais certainement plus au clair sur les mauvaises raisons de mes hiérarchies."
samedi 22 novembre 2014
C'est parce que nous n'osons pas
- Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que les choses sont difficiles.
vendredi 21 novembre 2014
Quand la vie nous rend visite
- Il faut être attentif: on ne sait jamais quand la vie nous rend visite.
jeudi 20 novembre 2014
Lui donner un moment de ma vie
– J’aimerais lui donner un moment de ma vie. Mais pourquoi? Pourquoi?
– Il y a toujours un pourquoi, oui, toujours.
– Il y a toujours un pourquoi, oui, toujours.
mercredi 19 novembre 2014
Le je, le lac, les montagnes et la neige
Je cherchais à traverser les espaces sans fin, je cherchais à voler par dessus le lac jusqu’aux montagnes enneigées.
À présent, je cherche à faire tomber les différences entre le je, le lac, les montagnes et la neige.
À présent, je cherche à faire tomber les différences entre le je, le lac, les montagnes et la neige.
mardi 18 novembre 2014
Pourquoi?
– Elle est où maman?
– Elle est allée à l’enterrement du papa de Mireille.
– Pourquoi?
– Parce qu’il est mort.
– Pourquoi?
– Parce qu’il était vieux et malade.
– Pourquoi?
– Parce que dans la vie on fait plein de choses et qu’au bout d’un moment on devient vieux, souvent malade, et puis on meurt.
– Pourquoi?
– Parce que la vie est comme ça: elle commence et elle s’arrête.
– Pourquoi?
– Ce soir, je suis venu te chercher plus tôt, parce qu’il y a le pasteur qui vient à la maison. Tu sais, le monsieur qui a parlé à l’église quand tante Dellon était dans sa boîte.
– Pourquoi?
– Parce qu’elle était vieille et malade et qu’elle est morte.
– Elle est où maman?
– Elle est allée à l’enterrement du papa de Mireille.
– Pourquoi?
– Parce qu’il est mort.
– Pourquoi?
– Parce qu’il était vieux et malade.
– Pourquoi?
– Parce que dans la vie on fait plein de choses et qu’au bout d’un moment on devient vieux, souvent malade, et puis on meurt.
– Pourquoi?
– Parce que la vie est comme ça: elle commence et elle s’arrête.
– Pourquoi?
– Ce soir, je suis venu te chercher plus tôt, parce qu’il y a le pasteur qui vient à la maison. Tu sais, le monsieur qui a parlé à l’église quand tante Dellon était dans sa boîte.
– Pourquoi?
– Parce qu’elle était vieille et malade et qu’elle est morte.
– Elle est où maman?
lundi 17 novembre 2014
Dire sincèrement du bien
Avant d'arriver à penser, à faire et à dire sincèrement du bien, s'entraîner assidûment à ne pas penser, à ne pas faire et à ne pas dire du mal. Du boulot, mais il faut bien commencer par un bout.
dimanche 16 novembre 2014
samedi 15 novembre 2014
Être au monde partout
Une note, de 2009:
"Je peux être au monde, partout, n’importe quand. Ma distance au monde ne vient que de moi."
vendredi 14 novembre 2014
jeudi 13 novembre 2014
Comme on joue au loto
Je crois que j’ai commencé à écrire comme on joue au loto, en croyant que j'allais, un jour, toucher le gros lot.
Maintenant, j’ai de la peine à m’arrêter: avec toute l’énergie que j’ai mise à me faire passer pour un écrivain…
mercredi 12 novembre 2014
Me concentrer sur ce qu'ils cherchent
Ne pas en rester à la manière des écrivains, me concentrer sur ce qu'ils cherchent.
mardi 11 novembre 2014
Remettre les rênes
Le petit Bouddha suspendu au milieu de notre autel me disait qu'il fallait me laisser guider. Remettre les rênes, faire confiance.
lundi 10 novembre 2014
dimanche 9 novembre 2014
Mes années Minuit
Soirée avec Julia Deck, auteur Minuit jusqu'au bout des ongles. Retour vivifiant sur ces années où j'admirais ces romans construits autour des jeux de pronoms, de la géométrie et d'une ponctuation minimaliste.
Difficile de savoir si j'ai envie de me remettre à en lire - à essayer d'en écrire - ou pas. Difficile de savoir si ça peut m'aider à me rapprocher de l'essentiel ou continuer à m'en éloigner à travers les miroirs aux alouettes des jeux formels.
samedi 8 novembre 2014
Le regard où on marche
Une note, de 2012:
"La question n'est pas d'avoir des objectifs ou pas, la question est de savoir où je porte mon regard quand je me dirige vers eux, comme dans un déplacement physique: arriver à être là, à chacun des moments du trajet.
Etre là, simplement là, implique une vulnérabilité totale à l'instant, comme le tout petit enfant. Mais, au fond, qu'est-ce qui peut bien m'arriver?
D'où est-ce que j'en viens à croire que, si je ne fais pas, je ne contrôle pas, je suis vulnérable? Pas seulement à ce qui pourrait m'arriver maintenant, je ne suis pas bête, je vois bien que rien ne peut m'arriver, mais à tout ce qui pourrait m'arriver par la suite."
vendredi 7 novembre 2014
Être la mer
- Nager à contre-courant est une lutte contre la vie. Pousser des deux pieds dans le sens du courant est une lutte contre soi-même. Se laisser porter par les vagues, c'est avoir conscience d'être la mer.
jeudi 6 novembre 2014
La texture des champs au loin
Quand je suis en état d'attention, je peux sentir la texture des champs au loin.
mercredi 5 novembre 2014
Notre cerveau et notre cœur
- Nul besoin de temples, nul besoin de philosophies compliquées. Notre cerveau et notre cœur sont nos temples.
mardi 4 novembre 2014
Me laisser aller dans le connu
En revenant, mon erreur a été de me laisser aller dans le connu.
Faire un effort pour y importer ce que j'ai appris.
Faire un effort pour y importer ce que j'ai appris.
lundi 3 novembre 2014
Plus de vie à la vie
- Pourquoi est-ce que mourir ça serait perdre? Ça pourrait être gagner.
- C'est-à-dire?
- Ça pourrait aider, avant la mort, à donner plus de vie à la vie, plus de présence à la présence. Ça pourrait aider à gagner ça.
dimanche 2 novembre 2014
Plus j'avance
Plus j’ai peur, plus les autres me renvoient cette peur et me figent.
Plus j’avance, plus les autres m’accompagnent dans mon mouvement.
samedi 1 novembre 2014
vendredi 31 octobre 2014
Le volume des arbres
Percevoir clairement le volume des arbres, leurs trois dimensions dans leurs couleurs d’automne, me montre à quel point l’absence d’attention m’a peu à peu fait tout voir à plat.
jeudi 30 octobre 2014
Relevé consciencieux de la nuit médicale
D’abord, pas un bruit. Puis quelque chose comme un son continu qui était déjà là. Une crispation dans le bas du silence qui se sent avec les poils, qui s’entend à peine. Pas franchement agréable, non, du tout, mais il faut un moment pour s’en rendre compte.
Pas de gémissement, pas de cri – presque envie d’en inventer un, de faire comme si cette modulation de presque rien (ou celle-ci ou celle-là) était un gémissement derrière beaucoup de portes – mais le contraire d’une respiration, le souffle dans un appel à très longue distance, tous les relais, les standards, les antennes, les paraboles, les échos concentrés dans ce fond mouvant, vivant, qui attend la voix. N’importe laquelle.
Et des bips, comme un appel occupé, mais en plus lent. Ils sont plus mous, plus discrets, moins timbrés, moins pleins que ceux du téléphone, plus lisses, peut-être, aussi, un peu plus hauts, c’est difficile à dire.
Rien, non plus, de ce qui pourrait s’approcher, de près ou de loin, des rumeurs molles des organes, de ces tremblements du fond qui se rassemblent en toux, en grognements liquides, en pets. Juste ce bourdonnement lisse, encéphalogramme à peu près plat (le point lumineux file devant sa traînée grise et bleue, terne, phosphorescente, glisse entre les quadrillages gradués du moniteur, imperturbable, majestueux – quelques écarts, d’agacement, qui sait, la psychologie des photons est, décidément, une affaire de spécialistes), plat mais appliqué, relevé consciencieux de la nuit médicale.
Pas de gémissement, pas de cri – presque envie d’en inventer un, de faire comme si cette modulation de presque rien (ou celle-ci ou celle-là) était un gémissement derrière beaucoup de portes – mais le contraire d’une respiration, le souffle dans un appel à très longue distance, tous les relais, les standards, les antennes, les paraboles, les échos concentrés dans ce fond mouvant, vivant, qui attend la voix. N’importe laquelle.
Et des bips, comme un appel occupé, mais en plus lent. Ils sont plus mous, plus discrets, moins timbrés, moins pleins que ceux du téléphone, plus lisses, peut-être, aussi, un peu plus hauts, c’est difficile à dire.
Rien, non plus, de ce qui pourrait s’approcher, de près ou de loin, des rumeurs molles des organes, de ces tremblements du fond qui se rassemblent en toux, en grognements liquides, en pets. Juste ce bourdonnement lisse, encéphalogramme à peu près plat (le point lumineux file devant sa traînée grise et bleue, terne, phosphorescente, glisse entre les quadrillages gradués du moniteur, imperturbable, majestueux – quelques écarts, d’agacement, qui sait, la psychologie des photons est, décidément, une affaire de spécialistes), plat mais appliqué, relevé consciencieux de la nuit médicale.
mercredi 29 octobre 2014
Je me suis retranché dans les histoires
C’était l’absolu que je recherchais dans le voyage.
J’en ai eu peur, alors je me suis retranché dans les histoires à raconter.
J’en ai eu peur, alors je me suis retranché dans les histoires à raconter.
mardi 28 octobre 2014
Le long du couloir
Il y aurait beaucoup d’images qui passent, très vite, et un ralenti brutal – un couloir, quelqu’un qui marche, assez loin, qui apparaît sous les halogènes, qui disparaît, plusieurs fois. Et d’autres images, des décharges de lumière, des couleurs, difficile de dire s’il s’agit d’un accéléré ou d’un collage, toujours des images et le même ralenti, instantané mais rond, souple – longue barrière, la nuit, des lumières orange dans le fond, peut-être des montagnes. Et les images, encore, les couleurs, le flot d’on ne sait pas trop quoi.
Ensuite, la scène du couloir serait reprise avec, en surimpression, une avalanche d’images à chaque fois que la personne passe sous la douche de lumière. Comme elle marche d’un pas régulier, un rythme s’installe. Peut-être qu’il s’agit d’un couloir très long ou alors d’une même portion du couloir répétée sans bavure. Et les éclaboussures d’images. Après quelques cycles, une ligne horizontale apparaît à chaque pas, à hauteur de hanches, comme un claquement de talon qu’on pourrait voir. Il faut attendre un peu que l’effet gagne en intensité pour arriver à reconnaître la barrière vue plus tôt et découvrir les lumières orange qui ponctuent le haut du couloir.
Ensuite, la scène du couloir serait reprise avec, en surimpression, une avalanche d’images à chaque fois que la personne passe sous la douche de lumière. Comme elle marche d’un pas régulier, un rythme s’installe. Peut-être qu’il s’agit d’un couloir très long ou alors d’une même portion du couloir répétée sans bavure. Et les éclaboussures d’images. Après quelques cycles, une ligne horizontale apparaît à chaque pas, à hauteur de hanches, comme un claquement de talon qu’on pourrait voir. Il faut attendre un peu que l’effet gagne en intensité pour arriver à reconnaître la barrière vue plus tôt et découvrir les lumières orange qui ponctuent le haut du couloir.
lundi 27 octobre 2014
Y penser moins
Si je veux me débarrasser d'une pensée, je dois y penser moins, pas y penser plus pour essayer de la comprendre.
dimanche 26 octobre 2014
samedi 25 octobre 2014
Pour prendre la peine de détester quelqu'un
- Pour prendre la peine de détester quelqu'un, de le détester vraiment, il faut souvent l'avoir aimé énormément. Sinon, et c'est ce qui se passe la plupart du temps, il n'y a que de l'indifférence.
vendredi 24 octobre 2014
Elle est où tante Dellon?
- Elle est où tante Dellon?
- Elle est sous la terre, là où tu as lancé les petits cœurs en papier tout à l'heure.
- Je veux voir!
- Non, c'est pas possible parce qu'on ne va plus jamais ouvrir son cercueil et que des gens ont remis de la terre dessus.
- Elle est où tante Adèle?
- Sous la terre, là où tu as jeté les cœurs tout à l'heure.
- On voir quand tante Adèle?
- On ne va plus jamais la voir, Lucie, elle est sous la terre
- Papa!
- Oui?
- J'arrive pas à dormir...
- Et si je te fais un gros bec, ça va mieux aller? Je t'aime très fort, tu sais petite fille, vraiment très fort!
jeudi 23 octobre 2014
Un jour parfait
Un día perfecto, Un jour parfait, tu te souviens? Ce roman de Rabanal que j’avais traduit d’une traite à Buenos Aires, cette traduction pour laquelle j’avais eu besoin d’un coup de main parce que je sentais bien que des endroits sonnaient faux, parce que je ne savais pas trop quoi changer. Alors je t’en ai parlé et puis tu as dit D’accord, ça me fera plaisir de t’aider, ça me changera les idées, parce que tu étais déjà malade.
Comme d’habitude, toi qui ne fais rien à moitié, tu as pris les choses à coeur: tu as lu, tu as relu, chaque phrase, chaque paragraphe, tu as noté une ribambelles de propositions dans la marge, Bon voilà, effectivement, peut-être une virgule, plutôt ici que là, on dirait pas comme ça en français, on entend un petit peu l’espagnol tu crois pas, moi j’utiliserais plutôt ce verbe ou alors je mettrais les mots dans cet ordre-là, c’est mieux non?
Là, maintenant, à côté de toi, avec ta vie qui s’accroche, avec ta vie en train de s’en aller à chaque respiration, je me dis que c’est ça que tu me laisses: cette volonté d’aller jusqu’au bout, de faire entièrement chaque chose que j’entreprends. C’est aussi pour ça que j’ai voulu t’accompagner jusqu’au bord de ton dernier lit, toi qui déjà n’est plus vraiment là derrière ces respirations mécaniques, ces respirations qui s’emballent, qui se noient, qui reviennent, ces respirations du milieu de la nuit.
Ta mort que je peux voir arriver de souffle en souffle, ta mort qui va prendre sa place, qui me rappelle qu’elle viendra pour moi aussi, bientôt, comme ça ou différemment,ta mort qui est là pour donner de l’importance à chacun des moments de ma vie, de la vie, de notre vie, ta mort, c’est ton dernier cadeau. Par cette fin que tu m’offres, cette fin que tu me montres – et tu insistes: ça se finit comme ça et pas autrement –, tu me donnes les clés pour démonter chacune de mes peurs, pour démonter même la plus grande, la peur de ne plus être, tu me donnes les clés d’une vie dans le bonheur.
Bien sûr, tu vas me manquer, tu vas tous nous manquer, mais tu es déjà là dans cette brume au-dessus des vignes, dans ce soleil en diagonale à travers les nuages noirs, tu es là dans le lac, tu es là dans les montagnes, tu es là dans chacun des arbres des forêts qui l’entourent, là dans ce jour qui t’a installée dans l’entier de la vie.
mercredi 22 octobre 2014
Ces histoires de béatitude, j'ai de la peine
– Non, alors, moi, tu vois, ces histoires de béatitude, j’ai de la peine.
– C’est le maître qu’on avait à Buenos Aires qui nous parlait d’un bonheur à l’épreuve des balles: ça ne dépend plus des circonstances, de ce qui m’arrive. Quoi qu’il arrive, c’est bien.
– Alors, moi, là, je me fais violer au coin de la rue et c’est bien…
– Oui.
– Ah ah, voilà! Je vois…
– C’est quoi qui souffre en toi si tu te fais violer?
– T’as vraiment rien compris, toi, hein!
– C’est le maître qu’on avait à Buenos Aires qui nous parlait d’un bonheur à l’épreuve des balles: ça ne dépend plus des circonstances, de ce qui m’arrive. Quoi qu’il arrive, c’est bien.
– Alors, moi, là, je me fais violer au coin de la rue et c’est bien…
– Oui.
– Ah ah, voilà! Je vois…
– C’est quoi qui souffre en toi si tu te fais violer?
– T’as vraiment rien compris, toi, hein!
mardi 21 octobre 2014
Papa revenu d'entre les morts
Une note, de 2009:
"Cette nuit, j’ai rêvé de papa. Il était revenu d’entre les morts et il était assis là, sur un divan, près de maman et moi – mais il était parfois maman, avec un autre visage d’homme – et il nettoyait ses lunettes.
Une grande tension vers lui qui a continué au réveil, en sursaut: j’ai eu besoin de passer aux toilettes pour me sortir du rêve.
Le temps était compté, comme avec quelqu’un qu’on croise dans la rue et qui est sur le point de partir vers un pays très éloigné – l’Argentine? –, quelqu’un dont il faut profiter de l’entier de la présence comme je l’ai fait avec lui pendant une bonne partie de ce que j’ai connu de sa vie."
"Cette nuit, j’ai rêvé de papa. Il était revenu d’entre les morts et il était assis là, sur un divan, près de maman et moi – mais il était parfois maman, avec un autre visage d’homme – et il nettoyait ses lunettes.
Une grande tension vers lui qui a continué au réveil, en sursaut: j’ai eu besoin de passer aux toilettes pour me sortir du rêve.
Le temps était compté, comme avec quelqu’un qu’on croise dans la rue et qui est sur le point de partir vers un pays très éloigné – l’Argentine? –, quelqu’un dont il faut profiter de l’entier de la présence comme je l’ai fait avec lui pendant une bonne partie de ce que j’ai connu de sa vie."
lundi 20 octobre 2014
dimanche 19 octobre 2014
Le ciel déjà grand ouvert
L’autre jour, j’avais assis Ineo sur le lit de Dellon. Il s’était d’abord amusé avec sa main posée sur son ventre et puis avec la barrière du lit.
– Tu vois c’est tante Dellon.
Elle avait essayé d’ouvrir un œil, de bouger un peu sa main, et puis elle avait fait une grimace à cause des petits ongles sur son poignet.
La vie qui arrive, la vie qui s’en va, beaucoup de grands sourires et des petits cris, un visage qui ne sait plus bouger.
Une couverture violette entre les deux et puis, bien sûr, les vignes d’automne, le lac, les montagnes et le ciel, déjà grand ouvert.
– Tu vois c’est tante Dellon.
Elle avait essayé d’ouvrir un œil, de bouger un peu sa main, et puis elle avait fait une grimace à cause des petits ongles sur son poignet.
La vie qui arrive, la vie qui s’en va, beaucoup de grands sourires et des petits cris, un visage qui ne sait plus bouger.
Une couverture violette entre les deux et puis, bien sûr, les vignes d’automne, le lac, les montagnes et le ciel, déjà grand ouvert.
samedi 18 octobre 2014
Plus on s'approche de la lumière
- Plus on s'approche de la lumière, plus on se connaît plein d'ombres.
vendredi 17 octobre 2014
Elle s’est sentie libre de partir
Un peu après cinq heures, je n’en pouvais plus: j’avais eu ma dose de râles et j’ai rassemblé mes affaires pour rentrer à la maison. Une fois mes sutras rangés, j’ai posé une main sur ses petits cheveux gris tout neufs et une autre sur sa joue: elle avait très chaud.
– Adieu Tantine.
J’avais prévu de rester jusqu’au lever du jour – à huit heures je me prends un petit-déj et je vais au lit – mais j’ai senti qu’il fallait que je parte. La mort, je n’allais pas la voir à l’œuvre aujourd’hui: j’avais appris ce que je pouvais apprendre pour cette fois.
Quand je me suis réveillé, Celia partait avec les enfants. Elle m’a dit que l’hôpital avait appelé et que Dellon était morte autour des sept heures.
– Tu sais, si tu étais resté, elle serait peut-être morte plus tard. Une fois qu’elle s’est retrouvée seule, elle s’est sentie libre de partir.
– Adieu Tantine.
J’avais prévu de rester jusqu’au lever du jour – à huit heures je me prends un petit-déj et je vais au lit – mais j’ai senti qu’il fallait que je parte. La mort, je n’allais pas la voir à l’œuvre aujourd’hui: j’avais appris ce que je pouvais apprendre pour cette fois.
Quand je me suis réveillé, Celia partait avec les enfants. Elle m’a dit que l’hôpital avait appelé et que Dellon était morte autour des sept heures.
– Tu sais, si tu étais resté, elle serait peut-être morte plus tard. Une fois qu’elle s’est retrouvée seule, elle s’est sentie libre de partir.
jeudi 16 octobre 2014
Un peu de pipi et un peu de souffle
Pendant tout le trajet jusqu'à l'hôpital d'Aubonne, j'ai vu les lumières orange de l'autre côté du lac qu'elle ne verrait plus, j'ai senti les odeurs de la nuit sur les champs qu'elle ne sentirait plus, je me suis souvenu de la main que j'avais posé sur sa cuisse la dernière fois qu'on avait fait ce trajet ensemble.
Quand je suis arrivé, Dellon vivait encore et maman lui tenait la main sous la couverture. Toujours la même respiration compliquée, qui s'arrête, qui repart, qui racle, la bouche noire grande ouverte, un peu tordue.
- C'est chouette que tu sois revenu, mais, tu sais, ça lui prend de l'énergie qu'on soit là. Moi, je vais rentrer: j'appellerai demain matin. Fais attention de ne pas prendre froid.
Dans les toilettes de la chambre, j'ai trouvé un grand linge blanc que j'ai plié en quatre et que j'ai posé juste à côté du lit. Quand je me suis agenouillé pour méditer et peut-être pour entonner tout doucement quelques sutras, j'ai vu que j'étais assis juste à côté de la poche de sa sonde urinaire.
La poche était presque vide, juste un peu de jaune foncé, presque brun, tout au fond. Alors je me suis dit que c'était ce qui restait de la vie: un peu de pipi et un peu de souffle, comme au tout début, pendant les premières nuits de Lucie et d'Ineo.
Quand je suis arrivé, Dellon vivait encore et maman lui tenait la main sous la couverture. Toujours la même respiration compliquée, qui s'arrête, qui repart, qui racle, la bouche noire grande ouverte, un peu tordue.
- C'est chouette que tu sois revenu, mais, tu sais, ça lui prend de l'énergie qu'on soit là. Moi, je vais rentrer: j'appellerai demain matin. Fais attention de ne pas prendre froid.
Dans les toilettes de la chambre, j'ai trouvé un grand linge blanc que j'ai plié en quatre et que j'ai posé juste à côté du lit. Quand je me suis agenouillé pour méditer et peut-être pour entonner tout doucement quelques sutras, j'ai vu que j'étais assis juste à côté de la poche de sa sonde urinaire.
La poche était presque vide, juste un peu de jaune foncé, presque brun, tout au fond. Alors je me suis dit que c'était ce qui restait de la vie: un peu de pipi et un peu de souffle, comme au tout début, pendant les premières nuits de Lucie et d'Ineo.
mercredi 15 octobre 2014
Un guerrier avec son territoire portatif
– Ce que tu dois devenir, c’est un guerrier avec son territoire portatif.
mardi 14 octobre 2014
Deux six vingt-six
– Deux, six, c’est écrit là, ça fait vingt-six. Et puis sur le bus aussi c’est écrit deux six vingt-six. Ça veut dire que là, les gens peuvent attendre le bus numéro vingt-six.
– C’est dessiné quoi, là?
– C’est écrit quoi? Centre culturel. C’est là où il y a de la musique, des tableaux, des poésies. Le monsieur, là, il fait comme papa: il lit un livre devant des gens.
– Des tableaux! Deux, trois, six!
– Tu sais, à Buenos Aires, le vingt-six, c’était un des bus qui nous ramenaient à la maison.
– Toute petite!
– Oui, quand tu étais toute petite, tu vivais à Buenos Aires.
– C’est dessiné quoi, là?
– C’est écrit quoi? Centre culturel. C’est là où il y a de la musique, des tableaux, des poésies. Le monsieur, là, il fait comme papa: il lit un livre devant des gens.
– Des tableaux! Deux, trois, six!
– Tu sais, à Buenos Aires, le vingt-six, c’était un des bus qui nous ramenaient à la maison.
– Toute petite!
– Oui, quand tu étais toute petite, tu vivais à Buenos Aires.
lundi 13 octobre 2014
Haaaa! Ta ta ta!
– Tu vois Ineo, ça c'est une rivière!
– Haaataa!
– C'est comme la vie: c'est toujours la même rivière et jamais la même eau.
– Haaaa! Ta ta ta!
– Haaataa!
– C'est comme la vie: c'est toujours la même rivière et jamais la même eau.
– Haaaa! Ta ta ta!
dimanche 12 octobre 2014
samedi 11 octobre 2014
Toutes les nuances m'éloignent
Si je vois quelque chose chez l'autre, lâcheté, finesse d'esprit, besoin de reconnaissance, empathie, mauvaise foi, je l'ai, je le vis, je le suis.
Ce n'est pas une question de degré: toutes les nuances que je suis tenté de mettre m'éloignent de la vérité et de la liberté.
vendredi 10 octobre 2014
Au centre du vide
– On dirait parfois que nous sommes au centre de la fête. Cependant au centre de la fête il n’y a personne. Au centre de la fête c’est le vide. Mais au centre du vide il y a une autre fête.
jeudi 9 octobre 2014
Le contraire de la présence
C'était autour de la présence. Quand il m'a répondu par le texte qui menait au texte qui menait au texte, j'ai senti un système qui se détachait du monde, qui se refermait, qui s'éloignait en orbite, le contraire de la présence.
mercredi 8 octobre 2014
Il fallait lui arracher le nez
Cette nuit, Dellon était morte et son visage bleu noir commençait à gonfler. Il fallait absolument lui arracher le nez, ce que maman a fait avec un couteau de cuisine en me disant de ne pas regarder. Bien sûr, j’ai regardé, et le gros trou au milieu de son visage m’a donné envie de vomir.
mardi 7 octobre 2014
Un peu de vie un peu plus loin
Ce que je vis autour de la création du livre est plus important que ce que j’écris dans ce livre.
Tout ce que mes empêchements me révèlent alors qu'il n'y a que la page pour les constater.
Peut-être qu'il n'y aura pas de livre, juste un peu de vie un peu plus loin.
Tout ce que mes empêchements me révèlent alors qu'il n'y a que la page pour les constater.
Peut-être qu'il n'y aura pas de livre, juste un peu de vie un peu plus loin.
lundi 6 octobre 2014
La littérature est périssable
- La littérature est possible parce qu'elle est périssable. Son agonie, plus lente que la nôtre, nous donne le sentiment de l'éternité. La littérature nous accorde un sursis. Ce qu'on écrit dépasse ce qu'on est.
dimanche 5 octobre 2014
Bientôt un siècle!
Quand je me passe le fil entre les dents, je sens les odeurs de la bouche de mon père.
En face de ce miroir constellé de minuscules taches blanches – mais comment faire pour que ça ne gicle pas? – je me demande ce que j’aurais bien pu lui dire, là, maintenant, aujourd’hui.
– Joyeux anniversaire, papa! Tu te rends compte? Bientôt un siècle!
En face de ce miroir constellé de minuscules taches blanches – mais comment faire pour que ça ne gicle pas? – je me demande ce que j’aurais bien pu lui dire, là, maintenant, aujourd’hui.
– Joyeux anniversaire, papa! Tu te rends compte? Bientôt un siècle!
samedi 4 octobre 2014
Il me manquait la voix
J'avais le temps et l'Argentine, il me manquait la voix.
Le courage de la voix.
La voix.
Le courage de la voix.
La voix.
vendredi 3 octobre 2014
Écrire sur la vie en vivant
Dans le Royaume de Carrère, j’aime ce mélange de profondeur et de simplicité, cette manière d’évoquer le sens de la vie, le centre de la vie, sans se regarder écrire, sans faire de métaphysique, d’écrire sur la vie en vivant, pas en écrivant.
jeudi 2 octobre 2014
Une seule alternative
La vie ne me propose qu'une seule alternative: me plonger en elle ou la regarder s'éteindre.
mercredi 1 octobre 2014
La pratique, tout le temps
Tout peut devenir une pratique, tout le temps. Il faut juste y porter son attention.
mardi 30 septembre 2014
Le style à l'écart de la réalité
Une note, de 2007:
"Comme si je me refusais de faire du style parce que j’avais l’impression que ça m’éloignait de la réalité."
lundi 29 septembre 2014
Ces squelettes mal déguisés
Ces vieux qui toussent, qui font du bruit quand ils mangent, ces squelettes mal déguisés.
C’est énervant, la mort, surtout quand elle prend son temps pour s’installer.
Alors, poser mes mains sur ces mains un peu froides et regarder les montagnes en face de nous, de l’autre côté de l’arc-en-ciel en fer.
C’est énervant, la mort, surtout quand elle prend son temps pour s’installer.
Alors, poser mes mains sur ces mains un peu froides et regarder les montagnes en face de nous, de l’autre côté de l’arc-en-ciel en fer.
dimanche 28 septembre 2014
Si vous ne supportez pas quelqu'un
– Si vous ne supportez pas quelqu’un au travail, votre chef par exemple, vous pouvez toujours changer de travail. Mais, comptez sur moi: vous allez très vite retomber sur une personne du même genre, peut-être pire, pour la simple et bonne raison que le problème est en vous et que tant que vous me l’aurez pas résolu, il reviendra, encore et encore...
– Alors, si j’ai la possibilité de changer de travail, il ne faut pas que je change pour pouvoir apprendre ce que j’ai à apprendre?
– Si vous pouvez, changez! Il ne faut pas être maso non plus! Mais, parfois, la vie vous met dans des situations où vous ne pouvez pas changer et où vous êtes obligé de progresser. C’est une chance, mais c’est souvent très dur, surtout pour votre cher petit égo adoré!
– Alors, si j’ai la possibilité de changer de travail, il ne faut pas que je change pour pouvoir apprendre ce que j’ai à apprendre?
– Si vous pouvez, changez! Il ne faut pas être maso non plus! Mais, parfois, la vie vous met dans des situations où vous ne pouvez pas changer et où vous êtes obligé de progresser. C’est une chance, mais c’est souvent très dur, surtout pour votre cher petit égo adoré!
samedi 27 septembre 2014
D'abord avec ma paume
Pour finir, j'ai juste déplacé la voiture de quelques places, je suis allé m'asseoir au bout de l'esplanade de l'hôpital, sur un banc sous un arbre, et j'ai regardé le soleil sur les vignes au bord du lac, devant le ciel encore noir.
Avant de déplacer la voiture, j'avais jeté un coup d'œil à la page d'Apple pour voir à combien étaient les petits MacBook Air, ceux qu'on peut si facilement embarquer avec soi pour écrire n'importe où, comme si ce nouvel appareil pouvait m'aider à écrire mieux ce que je suis en train d'écrire maintenant, sur mon iPhone, face au lac.
Tout à l'heure, chez Dellon, mon réseau était indisponible: obligé d'être là, avec elle, pendant ce qui est peut-être son dernier passage dans sa maison. Alors je me suis mis à lui frotter le haut du dos, d'abord avec ma paume, puis avec ce petit gadget en bois dont les quatre pattes se terminent en boules.
vendredi 26 septembre 2014
Un élastique plus fort
Une note, de 2010:
"Comme j’en parlais avec Celia: avec le bouddhisme, je me prends de plus grosses baffes – vu que je ne peux mettre la faute sur personne d’autre –, mais je me remets plus vite. Elle avait cette bonne image de l’élastique qui est plus fort: je suis envoyé plus loin, mais je reviens plus vite."
"Comme j’en parlais avec Celia: avec le bouddhisme, je me prends de plus grosses baffes – vu que je ne peux mettre la faute sur personne d’autre –, mais je me remets plus vite. Elle avait cette bonne image de l’élastique qui est plus fort: je suis envoyé plus loin, mais je reviens plus vite."
jeudi 25 septembre 2014
Dieu invérifiable
– Le bouddhisme n'est pas une doctrine athée qui nierait l'existence de Dieu, mais il considère cette question comme invérifiable par l'expérience humaine et donc comme non pertinente dans sa perspective pratique de libération.
mardi 23 septembre 2014
Quand tu auras décidé de t’en aller
– Tu sais, ça m’a fait plaisir que tu puisses voir ton chez toi. C’est chouette qu’on ait pu passer l’après-midi ensemble!
– Oui, on a bien de la chance.
– Je te l’ai déjà dit: je crois que tu es vraiment bien accompagnée.
Je mets ma main sur sa cuisse.
– Oui, c’est bien vrai.
– Et puis, tu sais, tu es attendue. Quand tu auras décidé de t’en aller, Dieu, Bouddha et toute l’équipe vont bien te recevoir.
– Je n’en doute pas une seconde.
Tante Dellon ouvre un petit peu la fenêtre de cette voiture qui est encore la sienne, glisse quelques phalanges dans l’air frais.
– Il est beau le ciel, non? Tout propre après l’orage.
– Oui, très beau, tu as raison.
– Oui, on a bien de la chance.
– Je te l’ai déjà dit: je crois que tu es vraiment bien accompagnée.
Je mets ma main sur sa cuisse.
– Oui, c’est bien vrai.
– Et puis, tu sais, tu es attendue. Quand tu auras décidé de t’en aller, Dieu, Bouddha et toute l’équipe vont bien te recevoir.
– Je n’en doute pas une seconde.
Tante Dellon ouvre un petit peu la fenêtre de cette voiture qui est encore la sienne, glisse quelques phalanges dans l’air frais.
– Il est beau le ciel, non? Tout propre après l’orage.
– Oui, très beau, tu as raison.
lundi 22 septembre 2014
Le long de l'autoroute
Pendant tout le trajet entre les soins palliatifs d’Aubonne et son chez elle de Tolochenaz où Monique allait préparer un petit thé de bienvenue, je me suis demandé ce que tante Dellon voyait du paysage lavé par la pluie.
Est-ce que ça pouvait ressembler, même de très loin, à ce que je voyais le long de l’autoroute en rentrant après mes mois d’Argentine?
Est-ce que ça pouvait ressembler, même de très loin, à ce que je voyais le long de l’autoroute en rentrant après mes mois d’Argentine?
Une maison en bois sous la terre
– C’est Dellon, là.
– Non, Lucie, c’est une autre dame, aussi vieille que tante Dellon.
– Là, là! C’est Dellon!
– Tu sais, avec grand-maman, on est en train de discuter de choses pour quand Dellon sera morte, parce que, tu sais, Dellon est très malade et elle va bientôt mourir. Quand quelqu’un meurt, il y a plein de choses qu’il faut faire, par exemple choisir son cercueil. Un cercueil, c’est comme une maison en bois sous la terre où on va quand on est mort.
– Mais pourquoi?
– Parce que, quand on est mort, notre corps il ne nous sert plus à rien alors on le range quelque part.
– Pourquoi?
– Tu vois, quand quelqu’un meurt, on est très triste et on n’a pas envie de choisir un cercueil à ce moment-là, alors on le fait avant, comme ça c’est fait. C’est pour ça qu’on regarde ces papiers avec grand-maman.
– Là: c’est Dellon!
– Si tu veux, oui, c’est Dellon.
– Non, Lucie, c’est une autre dame, aussi vieille que tante Dellon.
– Là, là! C’est Dellon!
– Tu sais, avec grand-maman, on est en train de discuter de choses pour quand Dellon sera morte, parce que, tu sais, Dellon est très malade et elle va bientôt mourir. Quand quelqu’un meurt, il y a plein de choses qu’il faut faire, par exemple choisir son cercueil. Un cercueil, c’est comme une maison en bois sous la terre où on va quand on est mort.
– Mais pourquoi?
– Parce que, quand on est mort, notre corps il ne nous sert plus à rien alors on le range quelque part.
– Pourquoi?
– Tu vois, quand quelqu’un meurt, on est très triste et on n’a pas envie de choisir un cercueil à ce moment-là, alors on le fait avant, comme ça c’est fait. C’est pour ça qu’on regarde ces papiers avec grand-maman.
– Là: c’est Dellon!
– Si tu veux, oui, c’est Dellon.
samedi 20 septembre 2014
A l'égal de chacune des importances
Depuis mon retour d’Argentine, je perçois de mieux en mieux les contours et le fonctionnement de ce perfectionnisme angoissé que j’ai si bien intégré, au point de l’embarquer avec moi de l’autre côté du monde pour le poser en travers de l’écriture.
Comment garder le perfectionnisme et me débarrasser de l’angoisse? Toujours et encore la même réponse: en me concentrant sur ce qui est en train d’être fait plutôt que sur le regard porté par autrui sur le résultat à venir, ce regard que j’imagine impitoyable en croyant me donner, pauvre de moi, une importance à la mesure de sa sévérité.
Quand est-ce que je vais enfin comprendre que mon importance n’a pas à m’être donnée? Elle est là, simplement. Elle est. Importante à l'égal de chacune des importances.
Comment garder le perfectionnisme et me débarrasser de l’angoisse? Toujours et encore la même réponse: en me concentrant sur ce qui est en train d’être fait plutôt que sur le regard porté par autrui sur le résultat à venir, ce regard que j’imagine impitoyable en croyant me donner, pauvre de moi, une importance à la mesure de sa sévérité.
Quand est-ce que je vais enfin comprendre que mon importance n’a pas à m’être donnée? Elle est là, simplement. Elle est. Importante à l'égal de chacune des importances.
vendredi 19 septembre 2014
La course contre le temps
- Ne faites pas la course contre le temps, surtout si vous voyez qu'il est plus rapide que vous.
jeudi 18 septembre 2014
La pire personne à qui je puisse tenir tête
Revenir en Suisse, je m’en rends de mieux en mieux compte, c’est réapprendre en situation ce que je croyais déjà savoir: être sage tout seul devant son ordinateur, à 12’000 kilomètres du pays qui vous a donné sa forme et sa mentalité, c’est facile.
Mais ce retour au bercail me permet aussi de découvrir que le plus agressif des interlocuteurs – un interlocuteur véritable, en chair est en os, pas le fruit mon imagination prolifique – est moins impitoyable, moins enclin à gratter dans mes faiblesses et à en tirer parti que je ne le suis à mon propre égard: la pire personne à qui je puisse tenir tête, et de loin, c’est encore moi-même.
Mais ce retour au bercail me permet aussi de découvrir que le plus agressif des interlocuteurs – un interlocuteur véritable, en chair est en os, pas le fruit mon imagination prolifique – est moins impitoyable, moins enclin à gratter dans mes faiblesses et à en tirer parti que je ne le suis à mon propre égard: la pire personne à qui je puisse tenir tête, et de loin, c’est encore moi-même.
mercredi 17 septembre 2014
En coupant des pommes
– Ah, couper des pommes! Pourquoi est-ce que je fais pas ça plus souvent? À la place, je lis des livres, j’écris des livres: des choses tellement importantes...
– Tu sais, c’est aussi en coupant des pommes que les livres s’écrivent.
– Tu sais, c’est aussi en coupant des pommes que les livres s’écrivent.
mardi 16 septembre 2014
Les personnages ne s'arrêtent jamais de parler
– Les personnages ne s'arrêtent jamais de parler. Ils sont comme un bruit de fond qui s'approche doucement jusqu'à l'écriture...
lundi 15 septembre 2014
Le Royaume et la pomme
Avec son Royaume, Carrère a choisi le beau texte à la place du bonheur: il a décrit la pomme avec beaucoup de talent plutôt que de croquer dedans.
Là où j’en suis, je ferais aussi le choix du beau texte, à la fois par égocentrisme et par paresse: parce que, comme Carrère, j’ai encore envie de briller, parce que, moi aussi, je préfère m’ébattre dans un jardinet dont j’ai l’impression de connaître les règles, persuadé que je suis d’être celui qui les invente et qui les dicte.
Là où j’en suis, je ferais aussi le choix du beau texte, à la fois par égocentrisme et par paresse: parce que, comme Carrère, j’ai encore envie de briller, parce que, moi aussi, je préfère m’ébattre dans un jardinet dont j’ai l’impression de connaître les règles, persuadé que je suis d’être celui qui les invente et qui les dicte.
dimanche 14 septembre 2014
Une forme simple et pratique
- La grâce suprême ne consiste pas à orner extérieurement des matériaux mais à leur donner une forme simple et pratique.
samedi 13 septembre 2014
Ma fatigue des autres
Une note, de 2009:
"Ma fatigue des autres, c'est avant tout ma fatigue de moi."
vendredi 12 septembre 2014
jeudi 11 septembre 2014
À force de garder la tête haute
Apprendre à sortir des situations par en bas. À force de garder la tête haute, on la perd.
mercredi 10 septembre 2014
mardi 9 septembre 2014
Il est où le moustique?
– La gravure de Raetz, Tout et Rien, c'est très mystique aussi, non?
– Il est où le moustique?
– Pas moustique, Lucie: mystique!
– Il est où le moustique?
– Pas moustique, Lucie: mystique!
lundi 8 septembre 2014
Entouré mais pas trop
- Pas trop d'isolement, pas trop de relations: le juste milieu, voilà la sagesse.
dimanche 7 septembre 2014
Se faire entendre
- Un écrivain, il essaie de se faire entendre et, comme ça ne marche pas, il écrit.
samedi 6 septembre 2014
L’équipe de com
– Super boulot, l’équipe de com, vraiment!
– L’équipe?
– Ben ouais, c’est super tout ce que vous avez fait pour la presse et les réseaux sociaux: on parle du Livre sur les quais partout, c’est formidable!
– Mais, l’équipe, c’est moi…
– L’équipe?
– Ben ouais, c’est super tout ce que vous avez fait pour la presse et les réseaux sociaux: on parle du Livre sur les quais partout, c’est formidable!
– Mais, l’équipe, c’est moi…
vendredi 5 septembre 2014
Plutôt qu'écrivain
Ce qui est vraiment intéressant, ce n'est pas de devenir écrivain, c'est de devenir soi.
jeudi 4 septembre 2014
mercredi 3 septembre 2014
Tu vas me manquer
– Je t’aime très fort tu sais!
– Moi aussi, mon petit chou, je t’aime très fort. Mais qu’est-ce que tu…
– Oui?
– Enfin, euh, si tu…
– Si je quoi? Si j’écris un autre roman?
– Oui. Est-ce que tu as déjà le titre?
– La double passion de Walter Bergstamm.
– Ah… Et pour le deux…
– Pour la quatrième de couverture? Je ne sais pas encore ce que je vais y mettre... J’ai bien de la chance d’avoir une tante comme toi, tu sais!
– Tu trouves?
– Tu m’as appris beaucoup, vraiment.
– C’était sans le vouloir.
– Alors tu m’as appris beaucoup sans le vouloir! En fait, tu as été une deuxième maman pour moi.
– Et les enfants, ils vont bien?
– Oui, très bien. Ineo dort mieux et Lucie est juste là, dehors, en train de courir sur la terrasse avec Monique. Oui, les… enfants… vont bien.
– Qu’est-ce qui t’émeut comme ça?
– C’est que… je sais que tu vas bientôt partir et tu vas me manquer!
– Mais tu trouveras une autre tante.
– Oui, c’est ça, j’en trouverai une autre: c’est pas ça qui manque! Oups, attends, là il faut que je réponde: c’est le boulot. Oui Fred: je t’écoute.
– Moi aussi, mon petit chou, je t’aime très fort. Mais qu’est-ce que tu…
– Oui?
– Enfin, euh, si tu…
– Si je quoi? Si j’écris un autre roman?
– Oui. Est-ce que tu as déjà le titre?
– La double passion de Walter Bergstamm.
– Ah… Et pour le deux…
– Pour la quatrième de couverture? Je ne sais pas encore ce que je vais y mettre... J’ai bien de la chance d’avoir une tante comme toi, tu sais!
– Tu trouves?
– Tu m’as appris beaucoup, vraiment.
– C’était sans le vouloir.
– Alors tu m’as appris beaucoup sans le vouloir! En fait, tu as été une deuxième maman pour moi.
– Et les enfants, ils vont bien?
– Oui, très bien. Ineo dort mieux et Lucie est juste là, dehors, en train de courir sur la terrasse avec Monique. Oui, les… enfants… vont bien.
– Qu’est-ce qui t’émeut comme ça?
– C’est que… je sais que tu vas bientôt partir et tu vas me manquer!
– Mais tu trouveras une autre tante.
– Oui, c’est ça, j’en trouverai une autre: c’est pas ça qui manque! Oups, attends, là il faut que je réponde: c’est le boulot. Oui Fred: je t’écoute.
mardi 2 septembre 2014
Sous tes pieds
– Saches que ce que tu cherches, tu ne vas pas le trouver en entrant dans ce temple, mais sous tes pieds. Pourtant, si tu n’entres pas, tu ne le trouveras jamais.
lundi 1 septembre 2014
dimanche 31 août 2014
samedi 30 août 2014
Les pensées négatives ne sont pas plus fortes
– Les pensées négatives ne sont pas plus fortes que les autres: c’est juste une question d’habitude.
vendredi 29 août 2014
Dans une belle lumière jaune
Rêve éveillé de Dellon, plus jeune, qui monte les escaliers de chez nous dans une belle lumière jaune. À l’hôpital, elle avait glissé sur sa chaise. Mais comme elle est attachée, elle n’arrivait pas à se rasseoir comme il faut.
Le chirurgien que j’avais rencontré dans le couloir et qui m’avait accompagné jusqu’à sa chambre est reparti pour appeler des infirmières parce qu’elle était vraiment de travers. Le temps qu’elles arrivent, j’ai pris Dellon sous ses épaules toutes maigres et je l’ai remontée comme j’ai pu.
Comme je ne savais pas très bien comment enchaîner avec ses phrases d’un mot ou deux, je lui ai raconté mon rêve, celui où elle qui monte les escaliers de chez nous dans une belle lumière jaune.
Le chirurgien que j’avais rencontré dans le couloir et qui m’avait accompagné jusqu’à sa chambre est reparti pour appeler des infirmières parce qu’elle était vraiment de travers. Le temps qu’elles arrivent, j’ai pris Dellon sous ses épaules toutes maigres et je l’ai remontée comme j’ai pu.
Comme je ne savais pas très bien comment enchaîner avec ses phrases d’un mot ou deux, je lui ai raconté mon rêve, celui où elle qui monte les escaliers de chez nous dans une belle lumière jaune.
jeudi 28 août 2014
Un paysage noir et volcanique
Pendant la méditation, j'étais sur une falaise au dessus d'un paysage noir et volcanique, traversé d’éclats de lave en fusion: je pouvais véritablement sentir le vent sur mon visage.
L’odeur de paille de riz des tatamis n’est venue qu’après coup.
mercredi 27 août 2014
mardi 26 août 2014
lundi 25 août 2014
C'est pas grave, je te dis
Une note, de 2013:
"– Tu sais, si je pleure, c'est pas grave. C'est juste que je suis triste de partir et que cette musique qu’on vient d'écouter, là, c'est la musique qui m'a fait venir ici en Argentine. Allez, je te donne encore un peu de riz. C'est pas grave, je te dis."
dimanche 24 août 2014
La faute sur l'autre
- Tant que vous pourrez mettre la faute sur l'autre, tout ira bien pour vous. Quand vous ne pourrez plus, vous vous mettrez à avancer.
samedi 23 août 2014
Ce que je mets à l'écart
Aller exactement dans tout ce que je mets à l’écart: les tâches ménagères, les coups de main aux proches, les essais de com directe pour le Livre sur les quais.
C’est tout ce que je mets à distance qui va m’apprendre le plus et le plus vite, c’est tout ce que je garde près de moi et que je perpétue qui me ralentit et qui me fige.
vendredi 22 août 2014
jeudi 21 août 2014
Les même filets que moi
Les gens d'ici sont empêtrés dans les mêmes filets que moi.
C'est pour ça que je suis revenu: pour mieux voir de quoi ils sont faits.
mercredi 20 août 2014
mardi 19 août 2014
lundi 18 août 2014
Des rôles immémoriaux
Écrire les gens qui m'entourent m'aide à les voir comme faisant partie d'une histoire. Des rôles immémoriaux.
dimanche 17 août 2014
Ce centre à portée de cœur
En revenant de Fiez après cette fin d’après-midi à travers champs dans le char tiré par Puce et Jamaica, j’ai senti que le centre était là.
En essayant, le lendemain matin, péniblement, de me mettre à mon communiqué de presse – on copie un nom d’auteur, on colle un nom d’auteur, on copie… –, j’ai senti que je m’éloignais volontairement de mon centre à travers ma propre quête de gloire et qu’il n’en tenait qu’à moi de laisser tomber cette recherche de la petite étincelle dans l’œil de l'autre pour le retrouver, ce centre à portée de cœur.
On voit décidément mieux ce genre de choses quand on essaie maladroitement de lustrer la gloire d’autrui.
En essayant, le lendemain matin, péniblement, de me mettre à mon communiqué de presse – on copie un nom d’auteur, on colle un nom d’auteur, on copie… –, j’ai senti que je m’éloignais volontairement de mon centre à travers ma propre quête de gloire et qu’il n’en tenait qu’à moi de laisser tomber cette recherche de la petite étincelle dans l’œil de l'autre pour le retrouver, ce centre à portée de cœur.
On voit décidément mieux ce genre de choses quand on essaie maladroitement de lustrer la gloire d’autrui.
samedi 16 août 2014
À force de durer, on meurt
Une note, de 2011:
"Apprendre à profiter du moment me montre que, depuis que je suis en Argentine, j'essaie surtout d'apprendre à durer.
Mais, le problème, c'est qu'à force de durer, on meurt.
C'est seulement quand on ne fait pas qu'on a l'impression que ça ne sert à rien."
vendredi 15 août 2014
jeudi 14 août 2014
Les étiquettes qu'on se met
– Un de nos maîtres de psychologie bouddhiste nous expliquait comment il manipulait ses enfants en disant à l’ainé qu’il devait faire telle ou telle chose parce qu’il était l’ainé et au cadet telle ou telle autre parce qu’il était le cadet. Et puis, le jour suivant, il disait le contraire. Ce maître nous montrait comment il s’y prenait pour faire monter et descendre les égos et il répétait à chaque leçon: faites attention à toutes les étiquettes qu’on vous met et encore plus à toutes celles que vous vous mettez vous-mêmes!
mercredi 13 août 2014
Fear... me...
La liberté est d’aller jusqu’au bout et voir, pas de faire demi-tour ou de passer à côté.
On ne prend qu'un seul risque, celui de l'enseignement.
Cf. la scène de Revolver où Jason Statham sort de l’ascenseur et se retrouve nez à nez avec le directeur du casino qui pointe un flingue sur lui:
– Fear me! Fear me!
Et Jason qui avance sur lui, le sourire aux lèvres, qui le dépasse sans encombre et qui sort du lobby pendant que l’autre, le flingue toujours pointé vers l’ascenseur, répète de plus en plus doucement, les yeux remplis de larmes et de la bave aux coins des lèvres:
– Fear me... Fear... me...
On ne prend qu'un seul risque, celui de l'enseignement.
Cf. la scène de Revolver où Jason Statham sort de l’ascenseur et se retrouve nez à nez avec le directeur du casino qui pointe un flingue sur lui:
– Fear me! Fear me!
Et Jason qui avance sur lui, le sourire aux lèvres, qui le dépasse sans encombre et qui sort du lobby pendant que l’autre, le flingue toujours pointé vers l’ascenseur, répète de plus en plus doucement, les yeux remplis de larmes et de la bave aux coins des lèvres:
– Fear me... Fear... me...
mardi 12 août 2014
De la jouissance de supprimer un paragraphe
– De la jouissance de supprimer un paragraphe entier.
– Une page! Un chapitre! Une partie! Un roman tout entier!
– Encourageant. On va quand même tenter de sauver quelques pages.
– Juste quelques mots posés l’un après l’autre… C’est en leur donnant du prix qu’on se complique la vie.
– C’est aussi parce qu’on leur donne tant de valeur qu’on les aime. Et se compliquer la vie pour des mots, quel luxe, quelle volupté!
– Une page! Un chapitre! Une partie! Un roman tout entier!
– Encourageant. On va quand même tenter de sauver quelques pages.
– Juste quelques mots posés l’un après l’autre… C’est en leur donnant du prix qu’on se complique la vie.
– C’est aussi parce qu’on leur donne tant de valeur qu’on les aime. Et se compliquer la vie pour des mots, quel luxe, quelle volupté!
lundi 11 août 2014
Une infime part de responsabilité
– N’oublie pas que tu n’as qu’une infime part de responsabilité dans le résultat de tes actions, tellement sont nombreux les paramètres en jeu.
dimanche 10 août 2014
L'incarnation de mon surmoi
– Tu sais, je crois que j’ai compris ce qui se passait pour moi cette année avec Le livre sur les quais.
– Ah oui?
– Mais bon, c’est peut-être pas le meilleur moment pour faire de la psychologie métaphysique: on en recausera demain. Là, faudrait plutôt qu’on dorme, tu crois pas?
– C’est que t’as aiguisé ma curiosité…
– Alors, en deux mots: je me suis dit que Sylvie, qui est loin d’être une mauvaise personne mais qui commence à devenir pas mal stressante quand elle ventile, incarnait mon surmoi. On fonctionne plus ou moins de la même manière, mêmes exigences, même peur du regard de l’autre, mais elle me pousse plus loin que ce que je voudrais en m’appuyant sur les mécanismes de la hiérarchie. Du coup, comme c’est extérieur et que c’est exagéré, c’est plus facile à observer que quand c’est seulement dans ma tête, du genre de ce que je m’exigeais tous les jours pour mon écriture à Buenos Aires. Du coup, ça me donne deux trois pistes pour essayer de me prendre un peu moins le chou.
– ll me semble que tu vois assez juste.
– Parce que bon: aller aussi à fond dans toutes les directions, au bout de chaque détail, s’exiger autant... OK pour une œuvre d’art ou pour une démarche spirituelle, à la rigueur, mais pour un salon littéraire… En fait, je vois vraiment rien qui pourrait justifier un tel stress.
– Ah oui?
– Mais bon, c’est peut-être pas le meilleur moment pour faire de la psychologie métaphysique: on en recausera demain. Là, faudrait plutôt qu’on dorme, tu crois pas?
– C’est que t’as aiguisé ma curiosité…
– Alors, en deux mots: je me suis dit que Sylvie, qui est loin d’être une mauvaise personne mais qui commence à devenir pas mal stressante quand elle ventile, incarnait mon surmoi. On fonctionne plus ou moins de la même manière, mêmes exigences, même peur du regard de l’autre, mais elle me pousse plus loin que ce que je voudrais en m’appuyant sur les mécanismes de la hiérarchie. Du coup, comme c’est extérieur et que c’est exagéré, c’est plus facile à observer que quand c’est seulement dans ma tête, du genre de ce que je m’exigeais tous les jours pour mon écriture à Buenos Aires. Du coup, ça me donne deux trois pistes pour essayer de me prendre un peu moins le chou.
– ll me semble que tu vois assez juste.
– Parce que bon: aller aussi à fond dans toutes les directions, au bout de chaque détail, s’exiger autant... OK pour une œuvre d’art ou pour une démarche spirituelle, à la rigueur, mais pour un salon littéraire… En fait, je vois vraiment rien qui pourrait justifier un tel stress.
samedi 9 août 2014
L'intérêt du monde
Si j'étais véritablement convaincu que le monde n'est intéressé que par lui-même, ma vie serait autrement plus légère.
jeudi 7 août 2014
Qu'est-ce qu'il me reste à devenir?
Je suis devenu écrivain: ça n'a strictement rien changé à ma vie.
Qu'est-ce qu'il me reste à devenir?
mercredi 6 août 2014
mardi 5 août 2014
Être son propre réconfort
Le meilleur moyen de ne jamais devenir une personne qui dit des choses belles, réconfortantes et utiles aux autres est de vouloir le devenir.
Commencer par être son propre réconfort.
Commencer par être son propre réconfort.
lundi 4 août 2014
Une œuvre d'art surgit de la nécessité
- Une œuvre d'art est bonne qui surgit de la nécessité. C'est dans la modalité de son origine que réside le verdict qui la sanctionne.
dimanche 3 août 2014
samedi 2 août 2014
vendredi 1 août 2014
Vous n'avez pas besoin du temps
- Le temps est la seule chose dont vous n'avez pas besoin pour savoir qui vous êtes.
mercredi 30 juillet 2014
Ça rapporte rien!
- Tu voudrais pas faire une thèse?
- Ben... euh...
- À ce que j'ai compris, ça peut se faire en plusieurs années.
- De plus en plus, tu vois, je crois qu'il y a des trucs beaucoup plus intéressant à faire dans la vie que de lire des bouquins.
- Comme quoi par exemple?
- Méditer, être présent au monde.
- Mais... Ça rapporte rien!
mardi 29 juillet 2014
Il faut que beaucoup d'autres échouent
Pour que je réussisse, il faut que beaucoup d'autres échouent. Sinon, réussir n'aurait plus de sens.
Beau programme!
lundi 28 juillet 2014
La grande foire de l’égo
– Alors, cet interview: t’es content?
– Oui oui, ça s’est plutôt bien passé. Pas eu le temps de dire tout ce que je voulais: dix minutes, ça passe vite…
– De quoi d’autre t’aurais voulu parler?
– J’aurais bien voulu parler de l’égo.
– Comment?
– J’aurais voulu dire qu’il fallait un sacré problème d’égo pour écrire un livre et un problème d'égo encore plus grand pour aller en parler à la radio… Parce que c’est vrai que l’écriture, en tout cas l’écriture à la manière occidentale, on peut dire que c’est le contraire du détachement bouddhiste: c’est la grande foire de l’égo!
– Pas très compatible, en effet…
– Mais c’est justement l’égo qui oppose et qui compare, qui tire des conclusions raisonnables. Ce que je préfère me dire, c’est que la vie m’a mis dans les conditions d’avoir envie d’écrire, d’avoir la capacité et les moyens de le faire. Observer plutôt que mettre dans des cases, partir de ce qui est: mon chemin vers le détachement dans cette vie-là doit certainement passer par cet égocentrisme de l’écriture. Après, pour ce qui est de savoir comment...
– Oui oui, ça s’est plutôt bien passé. Pas eu le temps de dire tout ce que je voulais: dix minutes, ça passe vite…
– De quoi d’autre t’aurais voulu parler?
– J’aurais bien voulu parler de l’égo.
– Comment?
– J’aurais voulu dire qu’il fallait un sacré problème d’égo pour écrire un livre et un problème d'égo encore plus grand pour aller en parler à la radio… Parce que c’est vrai que l’écriture, en tout cas l’écriture à la manière occidentale, on peut dire que c’est le contraire du détachement bouddhiste: c’est la grande foire de l’égo!
– Pas très compatible, en effet…
– Mais c’est justement l’égo qui oppose et qui compare, qui tire des conclusions raisonnables. Ce que je préfère me dire, c’est que la vie m’a mis dans les conditions d’avoir envie d’écrire, d’avoir la capacité et les moyens de le faire. Observer plutôt que mettre dans des cases, partir de ce qui est: mon chemin vers le détachement dans cette vie-là doit certainement passer par cet égocentrisme de l’écriture. Après, pour ce qui est de savoir comment...
dimanche 27 juillet 2014
La liberté du temps, la liberté de l'esprit
A Buenos Aires, j’avais la liberté du temps, mais pas celle de l’esprit.
Ici, je n’ai ni l’une ni l’autre, mais des pistes commencent à se dessiner par rapport à la seconde.
La liberté du temps reviendra et je saurai, je l'espère, mieux l’accueillir.
Ici, je n’ai ni l’une ni l’autre, mais des pistes commencent à se dessiner par rapport à la seconde.
La liberté du temps reviendra et je saurai, je l'espère, mieux l’accueillir.
samedi 26 juillet 2014
Aucun moment ne vient plus tard
Aucun moment ne vient plus tard.
Aucun moment ne vient après ce moment-ci.
Aucun moment ne peut le remplacer.
Aucun moment ne vient après ce moment-ci.
Aucun moment ne peut le remplacer.
vendredi 25 juillet 2014
Fermer un chapitre pour le relire
– Il faut parfois savoir fermer un chapitre pour être capable de le relire. Si vous ne savez pas comment sortir d’une mésentente, écrivez son histoire.
(Et, à pas de loup, Walter Bergstamm, Caudélia et Dieu alias Jacques Chessex, font leur retour sur le devant de la scène en attendant patiemment le passage du tsunami morgien nommé Le livre sur les quais.)
(Et, à pas de loup, Walter Bergstamm, Caudélia et Dieu alias Jacques Chessex, font leur retour sur le devant de la scène en attendant patiemment le passage du tsunami morgien nommé Le livre sur les quais.)
jeudi 24 juillet 2014
Ce bonheur qu'on croit devoir façonner
En préparant mon interview de lundi matin sur Espace 2, c'est-à-dire en préparant les sujets que je pense aborder quelles que soient les questions posées, j'en suis arrivé à la conclusion que l'horreur du drame de l'Ordre du Temple Solaire était proportionnelle à la soif d'absolu de ses membres. Du fond de sa noirceur, mon Sirius traiterait donc, en définitive, de la recherche du bonheur.
D'une certaine forme de bonheur. Ce bonheur qu'on croit devoir façonner de ses propres mains alors qu'il est déjà là et que ce sont justement nos mains qui sont pressées sur nos yeux pour ne pas le voir.
mercredi 23 juillet 2014
Eh, mais, j'suis déjà connecté!
- C'est quoi le code pour le wifi?
- Le réseau, c'est Acoyte...
- Évidemment, votre avenue à Buenos Aires...
- Et le code, c'est Lausanne, l-a-u-s-a-n-n-e.
- Eh, mais, j'suis déjà connecté!
- Ben oui: c'est le même réseau que quand tu venais squatter chez nous, de l'autre côté de l'océan!
mardi 22 juillet 2014
lundi 21 juillet 2014
Pas en train de vivre une autre vie
Une note, de 2009:
"Je ne suis pas ici à la place d’être ailleurs, pas en train de faire ce que je fais à la place de faire autre chose, pas en train de vivre une autre vie à la place de la mienne."
"Je ne suis pas ici à la place d’être ailleurs, pas en train de faire ce que je fais à la place de faire autre chose, pas en train de vivre une autre vie à la place de la mienne."
dimanche 20 juillet 2014
Depuis lui-même
Accepter de voir le lieu depuis lui-même, accepter de voir le moment depuis lui-même.
samedi 19 juillet 2014
Cette explosion incessante en moi
Le cœur qui bat plus vite, la bouche sèche, le sang qui monte au visage. Le mal de tête, la restriction du champ de conscience du monde.
Encore, qui tourne dans ma tête, cette envie de revanche. La bataille continue parce que je suis dans l’œil du cyclone.
Mais, si je regarde bien, il ne se passe rien dans cette salle. Cette salle blanche, dépouillée, clinique, autre contrepoint à mon volcan intérieur.
Continuer à voir et à sentir cette salle, continuer à sentir cette explosion incessante en moi.
Encore, qui tourne dans ma tête, cette envie de revanche. La bataille continue parce que je suis dans l’œil du cyclone.
Mais, si je regarde bien, il ne se passe rien dans cette salle. Cette salle blanche, dépouillée, clinique, autre contrepoint à mon volcan intérieur.
Continuer à voir et à sentir cette salle, continuer à sentir cette explosion incessante en moi.
vendredi 18 juillet 2014
En lisant Morgane Madrigal
Une note, de 2008:
"En lisant Morgane Mardrigal, je suis revenu à de très anciens souvenirs de Suisse allemande, je ne sais pas très bien lesquels. Je ne suis même pas absolument sûr que papa était dedans.
Quand je suis sorti de Mundo Argentino, j’ai croisé un très vieux monsieur probablement malade et j’ai eu une image assez précise et très présente de la mort. J’ai d’abord pensé à la mienne, mais, quelque pas plus loin, j’ai pensé à celle de papa à laquelle je pense le moins possible."
Si l'information est pertinente pour moi
- Si l'information est pertinente pour moi, elle doit me trouver.
mercredi 16 juillet 2014
La reconnaissance des autres
Une note, de 2009:
"La reconnaissance qui me permettra d’être au monde ne viendra que de moi.
La reconnaissance des autres reste indéfiniment extérieure."
"La reconnaissance qui me permettra d’être au monde ne viendra que de moi.
La reconnaissance des autres reste indéfiniment extérieure."
mardi 15 juillet 2014
Ces questions-là
Chaque fois qu’un de lecteur de mon blog s’étonne de toutes ces questions que je me pose jour après jour – Mais qu’est-ce que t’es compliqué! –, je m’interroge.
Comment est-il possible de ne pas se poser ces questions-là? Quelles questions peut-on se poser à la place? Qu’est-ce qui peut bien occuper l’esprit de mon interlocuteur à longueur de journée?
Salve suivante:
À quoi est-ce que ça me sert de me poser ces questions? À quoi est-ce que ça me sert de les écrire? À quoi est-ce que ça me sert de les publier?
Suite au prochain épisode.
Comment est-il possible de ne pas se poser ces questions-là? Quelles questions peut-on se poser à la place? Qu’est-ce qui peut bien occuper l’esprit de mon interlocuteur à longueur de journée?
Salve suivante:
À quoi est-ce que ça me sert de me poser ces questions? À quoi est-ce que ça me sert de les écrire? À quoi est-ce que ça me sert de les publier?
Suite au prochain épisode.
lundi 14 juillet 2014
Un début de calme et de respiration
Une note, de 2009:
"Hier soir, pour la première fois depuis longtemps, du calme, un début de calme et de respiration. C’est en passant sur la passerelle, cette passerelle que j’aime tant, au-dessus des voies entre Loria et l’Abasto, que les choses se sont mises en place.  Je pense que j’ai pu faire le lien grâce à l’interview d’Éric dans le Temps. Tout prenait sens, tout faisait sens: mes recherches intérieures, de tous les types, bon sens, psychologie, psychanalyse, littérature, bouddhisme, se mettaient ensemble et me donnaient de la liberté à l’intérieur, la liberté d’être celui que j’étais à ce moment-là, d’être celui que je suis au moment où je le suis.
J’ai pu sentir que j’étais celui qui me faisait souffrir, que j’étais celui qui appliquait sur moi-même la force qui me provoquait de la douleur et qui m’empêchait de respirer, j’ai pu sentir, là aussi, que c’était moi le responsable, que je n’avais à blâmer ni les autres, ni le lieu où j’habitais, ni mon éducation, ni la chimie de mon cerveau. Je me suis senti absolument responsable de celui que j’étais, absolument libre au sein de cette responsabilité. C’est là que je me suis rendu compte à quel point je vivais enfermé dans ma propre angoisse, à quel point je m’étais consciencieusement construit cette camisole.
Pouvoir respirer de nouveau, un peu, était une libération, mais j’étais conscient que je le devais beaucoup à mes efforts et que ces efforts allaient devoir continuer. Je me suis aussi rendu compte qu’une bonne partie de mes problèmes, qu’une bonne partie de mes douleurs, venait du fait que je focalisais mal mon énergie, ma grande énergie, que je ne lui permettais pas de me profiter – jusqu’à la faire se retourner contre moi – parce que je la gaspillais à la fois dans une recherche effrénée de l’approbation et dans une peur panique de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour recevoir cette approbation. Maintenant que je sais que je dois porter mes efforts sur ma centration sur ce que je fais, je sens que je vais pouvoir m’éviter plus facilement des douleurs."
"Hier soir, pour la première fois depuis longtemps, du calme, un début de calme et de respiration. C’est en passant sur la passerelle, cette passerelle que j’aime tant, au-dessus des voies entre Loria et l’Abasto, que les choses se sont mises en place.  Je pense que j’ai pu faire le lien grâce à l’interview d’Éric dans le Temps. Tout prenait sens, tout faisait sens: mes recherches intérieures, de tous les types, bon sens, psychologie, psychanalyse, littérature, bouddhisme, se mettaient ensemble et me donnaient de la liberté à l’intérieur, la liberté d’être celui que j’étais à ce moment-là, d’être celui que je suis au moment où je le suis.
J’ai pu sentir que j’étais celui qui me faisait souffrir, que j’étais celui qui appliquait sur moi-même la force qui me provoquait de la douleur et qui m’empêchait de respirer, j’ai pu sentir, là aussi, que c’était moi le responsable, que je n’avais à blâmer ni les autres, ni le lieu où j’habitais, ni mon éducation, ni la chimie de mon cerveau. Je me suis senti absolument responsable de celui que j’étais, absolument libre au sein de cette responsabilité. C’est là que je me suis rendu compte à quel point je vivais enfermé dans ma propre angoisse, à quel point je m’étais consciencieusement construit cette camisole.
Pouvoir respirer de nouveau, un peu, était une libération, mais j’étais conscient que je le devais beaucoup à mes efforts et que ces efforts allaient devoir continuer. Je me suis aussi rendu compte qu’une bonne partie de mes problèmes, qu’une bonne partie de mes douleurs, venait du fait que je focalisais mal mon énergie, ma grande énergie, que je ne lui permettais pas de me profiter – jusqu’à la faire se retourner contre moi – parce que je la gaspillais à la fois dans une recherche effrénée de l’approbation et dans une peur panique de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour recevoir cette approbation. Maintenant que je sais que je dois porter mes efforts sur ma centration sur ce que je fais, je sens que je vais pouvoir m’éviter plus facilement des douleurs."
dimanche 13 juillet 2014
On ne meurt que parce qu’on est né
- On ne meurt que parce qu’on est né: on passe un contrat à notre naissance. C’est une chance d’être né!
samedi 12 juillet 2014
Pauvre apprenant de la vie
Parler d'arrachement atroce en évoquant l’apprentissage de l’humilité est encore une volte-face de l’égo: plus je m’apitoie sur mon sort de pauvre apprenant de la vie, plus il se renforce, moins je sais vivre.
vendredi 11 juillet 2014
Me sentir à peu près indispensable
Si je stresse pour nos étudiants pendant leur test de classement, c’est avant tout parce que je me donne de l’importance en donnant de l’importance à leur examen.
Reprendre ce schéma et l’appliquer à mes autres activités, histoire de mieux comprendre les moyens retors que je mets en place pour me sentir à peu près indispensable et en souffrir.
Reprendre ce schéma et l’appliquer à mes autres activités, histoire de mieux comprendre les moyens retors que je mets en place pour me sentir à peu près indispensable et en souffrir.
jeudi 10 juillet 2014
Ses peurs sont les miennes
Ne pas oublier: je ne me bats pas contre l'autre mais contre ses peurs.
Nota bene: ses peurs sont les miennes.
mercredi 9 juillet 2014
Moi je
Éviter le Moi je, pas parce que c’est mal – version protestante –, mais parce que ça me fait du mal – version bouddhiste.
Étape suivante: laisser de côté bouddhisme et protestantisme.
mardi 8 juillet 2014
Les yeux des vivants
– On pense que ce sont les vivants qui ferment les yeux des mourants, mais ce sont les mourants qui ouvrent les yeux des vivants.
lundi 7 juillet 2014
dimanche 6 juillet 2014
L’écrivain ne trouve pas ses mots
– L’écrivain ne trouve pas ses mots, alors il cherche et il trouve mieux!
samedi 5 juillet 2014
Deux options
Deux options: soit construire du mieux que l'ici, par exemple avec de l'art, des voyages, de la spiritualité, soit vivre mieux l'ici, par exemple grâce à l'art, aux voyages, à la spiritualité.
vendredi 4 juillet 2014
A partir de ce qui est sur la page
Une note, de 2010:
"Voir, par exemple, que je suis en train de fatiguer et que mon esprit s’éloigne de la page à pas de loup... Que je commence à imaginer ce que je pourrais écrire au lieu de l’écrire vraiment et que ce que j’imagine, forcément, a une bien meilleure gueule que ce qui se retrouve sur la page en attendant. Ne fonctionner qu’à partir de ce qui est effectivement sur la page, pas de ce qui pourrait y être."
"Voir, par exemple, que je suis en train de fatiguer et que mon esprit s’éloigne de la page à pas de loup... Que je commence à imaginer ce que je pourrais écrire au lieu de l’écrire vraiment et que ce que j’imagine, forcément, a une bien meilleure gueule que ce qui se retrouve sur la page en attendant. Ne fonctionner qu’à partir de ce qui est effectivement sur la page, pas de ce qui pourrait y être."
jeudi 3 juillet 2014
Des sens et des visages plus riches
– Un suffisant lecteur découvre souvent ès écrits d’autrui des perfections autres que celles que l’auteur y a mises et aperçues, et y prête des sens et des visages plus riches.
mercredi 2 juillet 2014
Lumière, belle
- Lumière, belle.
- Bon, d'accord, un tout petit moment, mais après c'est au lit!
- Oui, t'as raison Lucie, la lumière est très belle. Le soir, la lumière du soleil est tout près de la terre et ça la rend très belle. Tu m'aides à fermer la fenêtre?
- Encore la lumière!
- Bon, d'accord, un tout petit moment, mais après c'est au lit!
mardi 1 juillet 2014
lundi 30 juin 2014
D’une case de la Marelle à l’autre
En fait, et c’est un tweet de Zoé Valdés qui me l’a rappelé, un des modèles de Sirius est bel et bien le Rayuela de Cortázar.
Et hop: on saute d’une case de la Marelle à l’autre!
Et hop: on saute d’une case de la Marelle à l’autre!
dimanche 29 juin 2014
Etre là et là et là
Une note, de 2010:
"L'importance, de plus en plus, d'être là, résoudre chacune des questions qui se présentent en étant un peu plus là, choisir cette réponse comme première réponse, comme solution immédiate. Après, il se passera ce qu'il se passera, je n'ai pas de prise sur ce qui vient, je n'ai de prise que sur ma qualité de présence dans le moment.
C'est la qualité de ma présence qui va me donner à chaque fois les solutions dont j'aurai besoin au moment où j'en aurai besoin. Toujours revenir, donc, à la présence. Tout ce qui va se passer va se passer, que j'y pense ou pas, que je m'en fasse une image ou pas, que je le prévoie ou pas. Je ne peux qu'être là et là et là.
Reste à l'être bien, à l'être mieux – mais je suis déjà de la meilleure manière possible, ne pas l’oublier."
samedi 28 juin 2014
L'énergie créatrice du détachement
Plutôt que de pointer le manque de détachement des autres, comment transformer ma propre quête de détachement en énergie créatrice?
vendredi 27 juin 2014
Je pose l'outil
- Quand je peins et que je commence à vouloir faire quelque chose, je pose l'outil et j'attends que ça me passe.
jeudi 26 juin 2014
L’un des nombreux écrivains que je porte
Je suis ressorti de cette belle causette avec Jacques autour du Sirius les larmes aux yeux, complètement déprimé sans trop savoir pourquoi.
Je suis passé à la boulangerie de Gollion m’acheter un demi-litre de chocodrink, une bonne tranche de salée au sucre, et je me suis dépêché de les avaler. Après, j’ai posé la voiture dans un petit chemin au bord d’un champ et je me suis couché dans l’herbe.
Comme les larmes ne voulaient pas sortir, j’ai laissé remonter d’elles-mêmes les répliques de notre discussion pour voir si l’une ou l’autre s’imposait.
Celle qui a pris le dessus était celle où il parlait de ce respect pour un écrivain mort auquel lui faisait penser mon besoin de terminer ce Sirius dans l’esprit qui était le mien quand je l’avais commencé, il y a passé douze ans.
J’ai senti que c’était bien de ça qu’il s’agissait: reste à savoir si c’est l’écrivain en moi qui est en train de finir de mourir, ou l’un des nombreux écrivains que je porte.
Je suis passé à la boulangerie de Gollion m’acheter un demi-litre de chocodrink, une bonne tranche de salée au sucre, et je me suis dépêché de les avaler. Après, j’ai posé la voiture dans un petit chemin au bord d’un champ et je me suis couché dans l’herbe.
Comme les larmes ne voulaient pas sortir, j’ai laissé remonter d’elles-mêmes les répliques de notre discussion pour voir si l’une ou l’autre s’imposait.
Celle qui a pris le dessus était celle où il parlait de ce respect pour un écrivain mort auquel lui faisait penser mon besoin de terminer ce Sirius dans l’esprit qui était le mien quand je l’avais commencé, il y a passé douze ans.
J’ai senti que c’était bien de ça qu’il s’agissait: reste à savoir si c’est l’écrivain en moi qui est en train de finir de mourir, ou l’un des nombreux écrivains que je porte.
mercredi 25 juin 2014
Un moi pour le prendre personnellement
– Ce qui nous arrive nous arrive, mais il n’est pas très sage d’en faire une affaire personnelle, puisque tout est également impersonnel et qu’il est difficile de désigner un "moi" solide, permanent, qui serait là pour le prendre personnellement.
mardi 24 juin 2014
lundi 23 juin 2014
Je bricole
Je dis que je suis écrivain, mais je bricole.
Je dis que je suis sur un chemin spirituel, mais je bricole.
Je dis que je vis, mais je bricole.
Bref, je bricole.
dimanche 22 juin 2014
Ma jalousie pour les autres auteurs
Quand je pense à mon livre et à ce qui lui arrive, je sais assez bien me raconter des histoires pour m'imaginer absolument détaché de tout ça.
Pour être un peu plus au clair sur ma situation actuelle, je suis obligé de faire un petit détour: ma jalousie pour les autres auteurs est le vrai baromètre de mon détachement.
samedi 21 juin 2014
Le ying est le yang
- Alors, qu'est-ce que tu vas mettre sur ton blog ce soir?
- Je crois qu'on va faire simple...
- Le ying et le yang.
- Le ying est le yang. E-s-t.
- E-s-t?
- Oui: le ying est, du verbe être, le yang.
- Mouais...
vendredi 20 juin 2014
C'est l'instant qui m'attire
Un de mes problèmes à Buenos Aires, c'était que je m'étais mis en tête de raconter des histoires.
Échec.
Parce que je ne sais pas le faire et parce que ça ne m'intéresse finalement pas le moins du monde.
C'est l'instant qui m'attire, pas la durée.
jeudi 19 juin 2014
J'ai tellement appris de mes erreurs
– J'ai tellement appris de mes erreurs que je songe sérieusement à en faire encore quelques-unes.
mercredi 18 juin 2014
mardi 17 juin 2014
Vous connaissez l’Euromillon?
– Oui, allô?
– Michel Becqueret – quelque chose du genre –, je représente la société – incompréhensible – qui s’occupe entre autres de la gestion de l’Euromillion. Vous connaissez l’Euromillon?
– Oui oui, je connais: j’ai déjà gagné plusieurs fois.
– …
– Donc, je connais.
– …
– Vous êtes là?
Clic.
– Michel Becqueret – quelque chose du genre –, je représente la société – incompréhensible – qui s’occupe entre autres de la gestion de l’Euromillion. Vous connaissez l’Euromillon?
– Oui oui, je connais: j’ai déjà gagné plusieurs fois.
– …
– Donc, je connais.
– …
– Vous êtes là?
Clic.
lundi 16 juin 2014
Une forêt pour Noël
– Tu sais, une des choses qui me plaît chez toi c’est que tu arrives à te réjouir qu’on découvre une forêt près de chez nous pour Noël.
dimanche 15 juin 2014
Je m’étends à travers la forêt
Pendant que Lucie s’endort au fond de son pousse-pousse, je m’étends à travers la forêt.
À chaque pas je me rapproche des feuilles retournées par le vent, mon champ de vision se disperse, les branches commencent à craquer au milieu de moi. Il y a de moins en moins d’autour: je deviens ces arbres au bord du lac...
Mais tout se concentre et je jette un œil à mon iPhone.
À chaque pas je me rapproche des feuilles retournées par le vent, mon champ de vision se disperse, les branches commencent à craquer au milieu de moi. Il y a de moins en moins d’autour: je deviens ces arbres au bord du lac...
Mais tout se concentre et je jette un œil à mon iPhone.
samedi 14 juin 2014
En disqualifiant les rêves de l'autre
En disqualifiant les rêves de l'autre, je disqualifie aussi les miens.
Vivons-les et voyons.
vendredi 13 juin 2014
On aimerait bien qu'on nous aime
C'est cette fausse pudeur qui nous fait souffrir: on aimerait bien qu'on nous aime mais on n'aimerait pas trop que ça se voie...
jeudi 12 juin 2014
Prendre note
Valérie qui me demande le numéro de Sita au moment où j'écris sa dédicace. Cinq minutes plus tard, Mireille qui like mon lien au moment où j'écris son adresse sur le paquet qui va renvoyer un exemplaire du Sirius à Bangkok, là où il a été imprimé.
Ne pas tirer de conclusions: prendre note.
mercredi 11 juin 2014
Si tu comprends
– Si tu comprends, les choses sont comme elles sont. Si tu ne comprends pas, les choses sont comme elles sont.
mardi 10 juin 2014
lundi 9 juin 2014
Ce besoin qu'on parle de soi
– Détachement, la sagesse... Mais c’est pas mal d’avoir un papier d’Isabelle Falconnier! Elle ne t’a pas flatté, mais elle t’a lu: bien des auteurs apprécieraient qu’on parle d’eux!
– C’est ça qui rend malheureux, ce besoin qu’on parle de soi... On parle, on parle et puis on parle plus. Alors on a de nouveau besoin qu’on parle et on écrit un autre livre. Et puis, tout d’un coup, on se rend compte qu’on a passé sa vie à courir après des mots qui ne nous rassurent qu’un tout petit moment...
– C’est ça qui rend malheureux, ce besoin qu’on parle de soi... On parle, on parle et puis on parle plus. Alors on a de nouveau besoin qu’on parle et on écrit un autre livre. Et puis, tout d’un coup, on se rend compte qu’on a passé sa vie à courir après des mots qui ne nous rassurent qu’un tout petit moment...
dimanche 8 juin 2014
Personne n'est modeste
– Merci d’aimer la photo… Difficile de liker sur ma propre photo, hein...
– Non, attends, je t’explique, c’est assez simple: à un endroit, en général sous la photo, c’est marqué "j’aime". Il suffit de cliquer dessus et le tour est joué!
– Oui, mais je trouve assez bizarre d’aimer ma PROPRE photo… Faut pas me prendre pour une cloche, merci!
– It was a joke!
– I hope!
– Personne n’est modeste: pas la peine de faire semblant!
– Non, attends, je t’explique, c’est assez simple: à un endroit, en général sous la photo, c’est marqué "j’aime". Il suffit de cliquer dessus et le tour est joué!
– Oui, mais je trouve assez bizarre d’aimer ma PROPRE photo… Faut pas me prendre pour une cloche, merci!
– It was a joke!
– I hope!
– Personne n’est modeste: pas la peine de faire semblant!
samedi 7 juin 2014
Bi-hier!
– Bière.
– Qu’est-ce que tu veux que je fasse avec ces deux colliers de grand-maman?
– Bi-hier!
– Ah, la prière! Tu veux que je les mette autour des poignets pour faire la prière! C’est ça?
– Ui.
– Namanda, Namanda, Namanda, Namanda, Namanda. Namanda, Namanda, Namanda, Namanda, Namanda.
– Encore!
– Namanda, Namanda, Namanda, Namanda, Namanda. Namanda, Namanda, Namanda, Namanda, Namanda.
– Encore!
– Namanda, Namanda, Namanda, Namanda, Namanda. Namanda, Namanda, Namanda, Namanda, Namanda.
– Voilà!
– Merci de m’avoir demandé de faire la prière, petite Lucie!
– Qu’est-ce que tu veux que je fasse avec ces deux colliers de grand-maman?
– Bi-hier!
– Ah, la prière! Tu veux que je les mette autour des poignets pour faire la prière! C’est ça?
– Ui.
– Namanda, Namanda, Namanda, Namanda, Namanda. Namanda, Namanda, Namanda, Namanda, Namanda.
– Encore!
– Namanda, Namanda, Namanda, Namanda, Namanda. Namanda, Namanda, Namanda, Namanda, Namanda.
– Encore!
– Namanda, Namanda, Namanda, Namanda, Namanda. Namanda, Namanda, Namanda, Namanda, Namanda.
– Voilà!
– Merci de m’avoir demandé de faire la prière, petite Lucie!
Le papier d'Isabelle
Première réaction: super, un papier dans l'Hebdo!
Après, lecture attentive: oui, très bien, tout à fait, ça c'est pris dans Peu importe où, ça aussi, oui, d'accord pour le côté hermétique, moins pour le côté précieux, mais bon. Péché de jeunesse? Si ça lui fait plaisir...
Et puis mes années à l'Hebdo qui remontent: est-ce que j'aurais fait les mêmes choix? Insisté sur les mêmes choses? Mis les éléments en perspective de la même manière? Combien de signes, déjà? Chaque mot compte, chaque mot: il faut que tous les adjectifs soient les bons.
Enfin, une forme d'indifférence pour tout ça, les articles, la dédicace, même le livre, l'intuition que je commence à expérimenter ce dont parlait Gustavo:
- Allez jusqu'au bout de vos rêves et voyez à quel point ça vous rend heureux. Vous devez faire l'expérience par vous-mêmes: vous ne croirez jamais ce qu'on vous dit.
jeudi 5 juin 2014
Pile vingt ans
– Tu sais, je viens de me rendre compte que cette histoire du Temple Solaire, eh bien elle a pile vingt ans.
– Si ça c’est pas du marketing!
– C’est surtout du bol: ça fait déjà un moment qu’il aurait dû sortir, ce bouquin…
– C’était en septembre, c’est ça?
– Attends, je vérifie. Non: octobre.
– Alors j’espère que tu vas bien réviser pour octobre, Monsieur le Spécialiste!
– Si ça c’est pas du marketing!
– C’est surtout du bol: ça fait déjà un moment qu’il aurait dû sortir, ce bouquin…
– C’était en septembre, c’est ça?
– Attends, je vérifie. Non: octobre.
– Alors j’espère que tu vas bien réviser pour octobre, Monsieur le Spécialiste!
mercredi 4 juin 2014
mardi 3 juin 2014
Tu pourrais nous faire un dessin?
- Là, pour la dédicace, tu pourrais nous faire un dessin? Juste pour que tu puisses pas nous mettre la jolie petite phrase que t'avais préparée...
lundi 2 juin 2014
Toutes les écritures sont les meilleures
Ine note, de 2010:
"Je crois que je viens de comprendre quelque chose d'important avec l'écriture du maintenant. Il n'y a pas une écriture meilleure qu'une autre, comme il n'y a pas de personne meilleure qu'une autre, pas de morceau de viande meilleur qu'un autre: toutes les écritures sont les meilleures, oui, toutes les écritures sont les meilleures. C'est quand on commence à choisir que les problèmes se posent."
dimanche 1 juin 2014
S’il n’y a pas d’émotions
S’il n’y a pas d’émotions dans le Sirius, c’est pour que le lecteur les fasse naître en lui. Pareil pour le récit.
samedi 31 mai 2014
Très documentée et très très romancée
– Qu’as-tu donc fait pendant sept ans à Buenos Aires? Ville merveilleuse...
– J’ai écrit et traduit des romans. Sirius est le premier à sortir.
– Sirius ne m’est pas une étoile inconnue, c’est incroyable!
– Si je me souviens bien, j’ai lu ton livre sur l’OTS. C’était quoi le titre déjà?
– Les chevaliers de la mort ou OTS, les secrets d’une manipulation. Il y a eu deux éditions un peu différentes.
– Je crois que je l’ai lu sous le premier titre. Ça fait douze ans que je bosse sur mon roman... Je m’étais pas mal documenté au début.
– Tu connais, j’imagine, sa signification dans l’OTS: en fait Sirius est l’étoile où ont "transité" les suicidés. Jouret et Di Mambro en parlaient tout le temps à leurs adeptes: une vie meilleure là-bas, entre autres.
– Woui. Ce texte raconte ma version de leur histoire.
– Wow, j’ai vraiment hâte de te lire! Version romancée donc? Ou documentée?
– Très documentée et très très romancée...
– Tabachnik a lu ton livre? Incroyable: je découvre tout cela avec beaucoup d’enthousiasme! Il est très pointilleux et a les poursuites faciles. Mais on s’entend bien aujourd’hui, curieusement. Étonnamment.
– Non. Je ne l’ai croisé qu’une fois au petit magasin de Villa. De toute façon, l’OTS n’est qu’une base: mon texte va chercher ailleurs...
– Le vrai roman autour de l’OTS restait à écrire. Il existe désormais, je pense.
– Ben... tu me diras... Une fois de plus, je crois que ça part de l’OTS, je ne suis pas très sûr que ça en parle...
– Ce qui est de bien avec l’OTS c’est que ça permet de faire voyager l’imagination.
– J’ai écrit et traduit des romans. Sirius est le premier à sortir.
– Sirius ne m’est pas une étoile inconnue, c’est incroyable!
– Si je me souviens bien, j’ai lu ton livre sur l’OTS. C’était quoi le titre déjà?
– Les chevaliers de la mort ou OTS, les secrets d’une manipulation. Il y a eu deux éditions un peu différentes.
– Je crois que je l’ai lu sous le premier titre. Ça fait douze ans que je bosse sur mon roman... Je m’étais pas mal documenté au début.
– Tu connais, j’imagine, sa signification dans l’OTS: en fait Sirius est l’étoile où ont "transité" les suicidés. Jouret et Di Mambro en parlaient tout le temps à leurs adeptes: une vie meilleure là-bas, entre autres.
– Woui. Ce texte raconte ma version de leur histoire.
– Wow, j’ai vraiment hâte de te lire! Version romancée donc? Ou documentée?
– Très documentée et très très romancée...
– Tabachnik a lu ton livre? Incroyable: je découvre tout cela avec beaucoup d’enthousiasme! Il est très pointilleux et a les poursuites faciles. Mais on s’entend bien aujourd’hui, curieusement. Étonnamment.
– Non. Je ne l’ai croisé qu’une fois au petit magasin de Villa. De toute façon, l’OTS n’est qu’une base: mon texte va chercher ailleurs...
– Le vrai roman autour de l’OTS restait à écrire. Il existe désormais, je pense.
– Ben... tu me diras... Une fois de plus, je crois que ça part de l’OTS, je ne suis pas très sûr que ça en parle...
– Ce qui est de bien avec l’OTS c’est que ça permet de faire voyager l’imagination.
vendredi 30 mai 2014
Débusquer les fuites et les détours
Une note, de 2010:
"Les tensions que je vais vivre seront exclusivement des tensions mentales, des tensions de postures mentales. J’aurai peut-être un peu mal au dos ou aux poignets, peut-être un peu froid, mais ça sera autre chose. L’écriture va me permettre de me concentrer exclusivement sur ma manière de positionner les choses dans ma tête, sur ma manière d’entrer en relation avec ce qui se passe dans ma tête.
Une bonne manière d’être présent à mes structures mentales, de mieux comprendre comment elles s’articulent, comment elles s’interconnectent, comment elles réagissent les unes aux autres. Une bonne manière de gagner en limpidité et en simplicité, à tous les niveaux, une bonne manière de débusquer les fuites et les détours."
"Les tensions que je vais vivre seront exclusivement des tensions mentales, des tensions de postures mentales. J’aurai peut-être un peu mal au dos ou aux poignets, peut-être un peu froid, mais ça sera autre chose. L’écriture va me permettre de me concentrer exclusivement sur ma manière de positionner les choses dans ma tête, sur ma manière d’entrer en relation avec ce qui se passe dans ma tête.
Une bonne manière d’être présent à mes structures mentales, de mieux comprendre comment elles s’articulent, comment elles s’interconnectent, comment elles réagissent les unes aux autres. Une bonne manière de gagner en limpidité et en simplicité, à tous les niveaux, une bonne manière de débusquer les fuites et les détours."
jeudi 29 mai 2014
Le calme et l’immobilité
– Il y a une différence entre le calme et l’immobilité: le calme, c’est la force maîtrisée; l’immobilité, c’est la maîtrise forcée.
mercredi 28 mai 2014
Une réédition dans l’air du temps
– Peut-on écrire avec poésie, lyrisme, violence, onirisme, intensité, sans laisser de place aux sentiments, ceux des figures (on ne peut parler ici de personnages) ou ceux de l’auteur ?
Jusque-là, on est tout à fait d’accord et ça fait vraiment plaisir à lire!
– C’est le pari qu’avait fait Pierre Fankhauser il y a une quinzaine d’années avec son premier roman, Sirius, et qu’il renouvelle avec cette réédition toujours dans l’air du temps, remettant sous d’étranges projecteurs une écriture fulgurante.
Tout d’un coup, ça devient à la fois juste et faux. Juste parce que ça fait une bonne douzaine d’années que j’y travaille, sur ce texte. Faux parce que c’est bel et bien la toute première édition.
Sur les cendres d’un coup de chaleur face à cette contrevérité exposée au grand jour – ma carrière, mon Dieu, ma carrière! – naît petit à petit ce personnage d’un auteur au premier roman déjà bien lointain, installé confortablement dans le paysage des lettres romandes, auteur malin qui se paie un coup de jeune avec une réédition chez le nouvel éditeur qui monte.
Jusque-là, on est tout à fait d’accord et ça fait vraiment plaisir à lire!
– C’est le pari qu’avait fait Pierre Fankhauser il y a une quinzaine d’années avec son premier roman, Sirius, et qu’il renouvelle avec cette réédition toujours dans l’air du temps, remettant sous d’étranges projecteurs une écriture fulgurante.
Tout d’un coup, ça devient à la fois juste et faux. Juste parce que ça fait une bonne douzaine d’années que j’y travaille, sur ce texte. Faux parce que c’est bel et bien la toute première édition.
Sur les cendres d’un coup de chaleur face à cette contrevérité exposée au grand jour – ma carrière, mon Dieu, ma carrière! – naît petit à petit ce personnage d’un auteur au premier roman déjà bien lointain, installé confortablement dans le paysage des lettres romandes, auteur malin qui se paie un coup de jeune avec une réédition chez le nouvel éditeur qui monte.
mardi 27 mai 2014
Tous les sillons endorment
- Dans l'idéal, il ne faudrait jamais prendre tout à fait le même chemin pour aller d'un endroit à un autre, par exemple de chez vous à votre lieu de travail. Tous les sillons endorment.
lundi 26 mai 2014
Le chalet de Tabachnik
Cette histoire de l’Ordre du Temple Solaire à la base de mon roman est venue à moi par la bande.
Michel Tabachnik, le chef d’orchestre soi-disant théoricien de l’Ordre, a fait construire un chalet dans le Val d’Hérens, à Villa, juste au-dessus d’Evolène, et l’a vendu après son divorce – tout plein, avec ses livres ésotériques, son piano droit et ses partitions manuscrites – à un professeur de maths à l’EPFL qui a commencé à le louer aux touristes.
Depuis le début des années 90, on y monte trois semaines par été avec ma mère et ma tante et quand l’affaire de l’OTS a éclaté, ça m’a fait tout drôle de penser que j’avais passé mes vacances au milieu des livres qui avaient nourri ces théories et conduit ces gens à se mettre le feu pour atteindre Sirius... Alors j’ai commencé à me renseigner.
Michel Tabachnik, le chef d’orchestre soi-disant théoricien de l’Ordre, a fait construire un chalet dans le Val d’Hérens, à Villa, juste au-dessus d’Evolène, et l’a vendu après son divorce – tout plein, avec ses livres ésotériques, son piano droit et ses partitions manuscrites – à un professeur de maths à l’EPFL qui a commencé à le louer aux touristes.
Depuis le début des années 90, on y monte trois semaines par été avec ma mère et ma tante et quand l’affaire de l’OTS a éclaté, ça m’a fait tout drôle de penser que j’avais passé mes vacances au milieu des livres qui avaient nourri ces théories et conduit ces gens à se mettre le feu pour atteindre Sirius... Alors j’ai commencé à me renseigner.
dimanche 25 mai 2014
Sa propre utilité
C’est toujours difficile d’évaluer sa propre utilité… On fait ce qu’on fait et on essaie de le faire bien.
samedi 24 mai 2014
Je lis un peu en croix
– C’est vrai que toi, t’es super actif sur les réseaux sociaux: Facebook, Linkedin… Tous les jours quelque chose!
– Ben oui. Et encore plus depuis que j’ai sorti mon roman.
– Parce que t’as sorti un roman?
– …
– Oh, tu sais, en général je lis un peu en croix...
vendredi 23 mai 2014
Si je suis pas indiscret
- Si je suis pas indiscret, tu gagnes combien?
- C'est un 50% basé sur un 100% à 6000 brut: 2500 net.
- Ah...
- Disons que ça fait une base.
jeudi 22 mai 2014
En tête de gondole
– Moi, tu vois, c’est pas de tenir le bouquin dans la main qui m’a fait un truc. Ben ouais, voilà, il est là.
– Ça fait quand même plaisir, non?
– Oui oui, bien sûr. Mais là où j’ai vraiment senti quelque chose, c’est quand je l’ai vu sur les rayons de Payot, d’abord à Lausanne et puis sur la photo que Giuseppe a mise en ligne avec l’affiche de la dédicace d’Incardona. En tête de gondole: Sirius à côté de son bouquin à lui, de Gary et de Bobin.
– C’est qui ces deux-là?
– Ça fait quand même plaisir, non?
– Oui oui, bien sûr. Mais là où j’ai vraiment senti quelque chose, c’est quand je l’ai vu sur les rayons de Payot, d’abord à Lausanne et puis sur la photo que Giuseppe a mise en ligne avec l’affiche de la dédicace d’Incardona. En tête de gondole: Sirius à côté de son bouquin à lui, de Gary et de Bobin.
– C’est qui ces deux-là?
mercredi 21 mai 2014
mardi 20 mai 2014
Aller jusqu’au bout de l’ego et voir
Aller jusqu’au bout de l’ego et voir.
Ne jamais perdre de vue que c’est toujours lui qui gagne, par les moyens les plus détournés, surtout quand il donne l’impression de ployer sous les coups: il adore ça.
Ne jamais perdre de vue que c’est toujours lui qui gagne, par les moyens les plus détournés, surtout quand il donne l’impression de ployer sous les coups: il adore ça.
lundi 19 mai 2014
Le début comme la fin
À part ça, ici, cette portion étrange de la vie suit son cours, entre les premiers jours d'Ineo et les derniers d'Adèle. Mais tout prend son temps, le début comme la fin.
dimanche 18 mai 2014
Le Retrait
– J’ai fini de lire ton livre.
– Ah oui?
– Tu veux que je te dise quelque chose?
– Ben... Tu m’avais dit que tu avais remarqué deux ou trois trucs et que tu m’en parlerais quand tu aurais fini de le lire… Alors oui.
– Bon, trois choses. D’abord, c’est désincarné: y a pas un seul nom.
– Oui, en effet. C’est un choix, c’est voulu, c’est comme ça.
– Et puis ton avancée en spirales, ça m’a fait penser à l’église de Wassen: on voit les choses d’un côté et puis d’un autre et puis encore d’un autre...
– T’as vu: elle y est! Je l’ai mise pour faire un petit clin d’œil...
– Enfin, y a pas un sentiment, pas une émotion. Tout est très descriptif, poétique par moment, oui, très bien écrit, mais pas une émotion.
– Tu sais, c’est pas pour rien que ce bouquin s’est longtemps appelé Le Retrait.
– Ah oui?
– Tu veux que je te dise quelque chose?
– Ben... Tu m’avais dit que tu avais remarqué deux ou trois trucs et que tu m’en parlerais quand tu aurais fini de le lire… Alors oui.
– Bon, trois choses. D’abord, c’est désincarné: y a pas un seul nom.
– Oui, en effet. C’est un choix, c’est voulu, c’est comme ça.
– Et puis ton avancée en spirales, ça m’a fait penser à l’église de Wassen: on voit les choses d’un côté et puis d’un autre et puis encore d’un autre...
– T’as vu: elle y est! Je l’ai mise pour faire un petit clin d’œil...
– Enfin, y a pas un sentiment, pas une émotion. Tout est très descriptif, poétique par moment, oui, très bien écrit, mais pas une émotion.
– Tu sais, c’est pas pour rien que ce bouquin s’est longtemps appelé Le Retrait.
samedi 17 mai 2014
Mon bouquin bosse pour moi
Depuis qu'il est sorti, le sentiment agréable que mon bouquin bosse pour moi à sa manière, qu'il prend sur lui une partie de cette impression pénible qu'il y a toujours quelque chose à faire, quelque chose à écrire, toujours un retard à combler pour garder la tête hors de l'eau.
vendredi 16 mai 2014
Ton roman est solaire
– Ton roman est solaire Pierre, incandescent comme un incendie et retourne la gueule du lecteur comme un uppercut. Bravo !
– Ça c'est du commentaire! Merci! Et, en plus, c'est le tout premier!
– Le plaisir était pour moi, sincèrement. Tout de bon et au plaisir d'en discuter de vive voix ici ou là.
– Avec plaisir! On fera un pack méditation. Un abrazo!
– Gaffe, les Ordres commencent ainsi.
jeudi 15 mai 2014
Si tu ne peux pas changer ton esprit
- Si tu ne peux pas changer ton esprit, c'est que tu ne l'utilises pas.
Ma gueule dans la vitrine
– Giuseppe vient de m’envoyer le pdf du flyer de la dédicace!
– Ah ah!
– C’est vrai qu’elle est chouette cette photo d’Anne! Mais ça m’embête que ça me fasse autant plaisir d’imaginer ma gueule dans la vitrine de Payot...
– Ah oui? Vraiment?
– C’est l’égo qui est à l’œuvre. Mais bon: j’observe, j’observe.
– Ah ah!
– C’est vrai qu’elle est chouette cette photo d’Anne! Mais ça m’embête que ça me fasse autant plaisir d’imaginer ma gueule dans la vitrine de Payot...
– Ah oui? Vraiment?
– C’est l’égo qui est à l’œuvre. Mais bon: j’observe, j’observe.
mardi 13 mai 2014
lundi 12 mai 2014
Entre Billinghurst et Agüero
– Tu sais, je pense beaucoup à Buenos Aires ces temps. C’est drôle, je vois surtout les quelques blocs sur Santa Fe entre le bus et chez Leveratto. Il était sur Agüero, non?
– Oui, sur Agüero.
– Eh bien je pense à ces quelques blocs entre Billinghurst et Agüero.
dimanche 11 mai 2014
Comme une vulve de marbre
La tombe de Chessex: comme une vulve de marbre ouverte sur des fleurs et des petites fourmis qui s'activent dans la terre au-dessus de son nom, là où les lèvres se rejoignent.
samedi 10 mai 2014
Il est dans dans ton ventre
- Il y a un monsieur qui s'appelle Jacques, qui écrit aussi des livres. Il est mort, il est là.
- Monsieur Jacques?
- Non, pas le monsieur Jacques qu'on vient de voir dans le village d'à côté: un autre Jacques.
- L'est où monsieur Jacques? L'est là?
- Oui, d'une certaine manière, il est dans dans ton ventre.
- L'est où monsieur Jacques? L'est là?
- Oui, d'une certaine manière, il est dans dans ton ventre.
vendredi 9 mai 2014
Il y a mon nom écrit ici
- Livre Monsieur?
- Oui, c'est le livre qu'on est allé chercher à l'aéroport avec Monsieur Giuseppe.
- L'est où, Monsieur?
- Chez lui, dans sa maison. Tu vois, ce livre, c'est moi qui l'ai écrit. Il y a mon nom écrit ici.
- Papa!
- Oui, papa.
jeudi 8 mai 2014
Il y aurait sans doute eu un livre
– J'ai lu ta dédicace…
– Ah oui? C’était pas super original, mais je crois que ça correspond bien à ce que j’avais envie de dire.
– Si au moins c’était sincère…
– Ah ça… C’est vrai qu’il y aurait sans doute eu un livre, mais pas celui-là.
– Ah oui? C’était pas super original, mais je crois que ça correspond bien à ce que j’avais envie de dire.
– Si au moins c’était sincère…
– Ah ça… C’est vrai qu’il y aurait sans doute eu un livre, mais pas celui-là.
mercredi 7 mai 2014
Alors, il vient ce livre?
– Alors, il vient ce livre?
– Ben, tu vois, il est encore dans les cartons…
– J’ai vraiment très envie de l’avoir! Je vais passer la nuit dessus!
– Tu sais, après toutes ces années, quelques mois de plus ou de moins… Mais je vais voir ce que je peux faire.
– Ben, tu vois, il est encore dans les cartons…
– J’ai vraiment très envie de l’avoir! Je vais passer la nuit dessus!
– Tu sais, après toutes ces années, quelques mois de plus ou de moins… Mais je vais voir ce que je peux faire.
mardi 6 mai 2014
Près de ma famille proche
– Tu as déjà réfléchi où tu voudrais être enterrée?
– Je sais, tu m’as déjà demandé: j’y ai pensé depuis. J’aimerais être enterrée ici, près de vous, près de ma famille proche.
– Je sais, tu m’as déjà demandé: j’y ai pensé depuis. J’aimerais être enterrée ici, près de vous, près de ma famille proche.
lundi 5 mai 2014
Tu vas faire quoi avec ce bouquin?
– Alors, maintenant, tu vas faire quoi avec ce bouquin?
– Tu sais, c’est comme une naissance, ça fait pas mal d’émotions à la fois… Alors je crois que je vais attendre demain pour déballer les cartons et puis je ferai une dédicace à ma gentille petite femme, une à ma maman et après on verra.
– Tu sais, c’est comme une naissance, ça fait pas mal d’émotions à la fois… Alors je crois que je vais attendre demain pour déballer les cartons et puis je ferai une dédicace à ma gentille petite femme, une à ma maman et après on verra.
dimanche 4 mai 2014
Sirius sur le tarmac
À l’heure qu’il est, Sirius devrait être sur le tarmac de Cointrin.
Demain: dédouanement, cartons, cartons, cartons, mon livre entre mes mains.
Giuseppe prie pour qu’il ne pleuve pas cette nuit: je me joins à lui.
Demain: dédouanement, cartons, cartons, cartons, mon livre entre mes mains.
Giuseppe prie pour qu’il ne pleuve pas cette nuit: je me joins à lui.
samedi 3 mai 2014
Oser aller me perdre dans les mots
À Buenos Aires, j'étais trop loin pour oser aller me perdre dans les mots.
vendredi 2 mai 2014
Il y a deux écritures
Il y a deux écritures.
Celle qui tourne dans la tête à longueur de journée, qui éloigne de soi.
Celle qui ralentit la pensée en face des mots, qui ouvre des chemins vers le centre et le maintenant.
Celle qui tourne dans la tête à longueur de journée, qui éloigne de soi.
Celle qui ralentit la pensée en face des mots, qui ouvre des chemins vers le centre et le maintenant.
jeudi 1 mai 2014
A l'époque où les livres pouvaient me sauver
En me baladant le long des allées du Salon du Livre, je me suis tout d’un coup souvenu de l’époque où j’avais l’impression que les livres pouvaient me sauver.
Cette époque est révolue, mais, au fond de moi, le fantôme de cette impression continue à me guider de travers, en toute discrétion.
Cette époque est révolue, mais, au fond de moi, le fantôme de cette impression continue à me guider de travers, en toute discrétion.
mercredi 30 avril 2014
Un emplâtre sur une jambe de bois
À la fin de ce très beau discours de Wyss pour la remise du Prix Dentan à Philippe, à la fin de la prise de parole sensible, intelligente et douce du lauréat, j’ai su que je venais de vivre, suspendu dans le temps, accoudé à l’un des radiateurs de ce vénérable salon du Cercle littéraire avec ses boiseries, ses hauts plafonds et sa table de billard, un authentique moment de littérature.
J’en suis ressorti avec deux certitudes: on m’avait montré un des chemins les plus honnêtes et francs pour arriver à l’écriture, mais la création littéraire ne serait jamais autre chose qu’un emplâtre sur une jambe de bois, un lot de consolation, très très beau lot, c’est vrai, mais soigneusement à l’écart de ce que ma vie cherche à me faire comprendre.
J’en suis ressorti avec deux certitudes: on m’avait montré un des chemins les plus honnêtes et francs pour arriver à l’écriture, mais la création littéraire ne serait jamais autre chose qu’un emplâtre sur une jambe de bois, un lot de consolation, très très beau lot, c’est vrai, mais soigneusement à l’écart de ce que ma vie cherche à me faire comprendre.
mardi 29 avril 2014
La fiction satisfait notre besoin de consolation
- La fiction satisfait notre besoin de consolation.
lundi 28 avril 2014
Printing Sirius first part
– Alors, pas trop déçu?
– Ben si, au début, quand même, mais j’essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur… Quand c’est aussi gros que ça, je me dis que c’est parce que ça devait pas se faire.
– Je suis quand même désolé pour toi. Mais bon, ça nous fera une grosse réserve de fans pour Payot Lausanne!
– C’est vrai que cette histoire de Sirius, à la BCV, ça a dû leur paraître louche…
– Ils m’ont envoyé une lettre pour me dire que le paiement était bloqué, qu’ils avaient essayé de me joindre et tout: mon œil! Alors je leur ai expliqué que j’étais éditeur, que Sirius était le titre d’un livre et que c’était pour ça que c’était écrit Printing Sirius first part dans les commentaires. C’est évident que les gars en Thaïlande allaient pas commencer le boulot s’ils avaient pas leurs sous…
– Tout bien réfléchi, tu sais, c’est peut-être mieux comme ça: à Genève, j’aurais été perdu dans la masse…
– En tout cas, j’espère qu’il va me porter chance ton bouquin… Déjà que tu m’as fait passer pour un trafiquant de drogue!
– Ben si, au début, quand même, mais j’essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur… Quand c’est aussi gros que ça, je me dis que c’est parce que ça devait pas se faire.
– Je suis quand même désolé pour toi. Mais bon, ça nous fera une grosse réserve de fans pour Payot Lausanne!
– C’est vrai que cette histoire de Sirius, à la BCV, ça a dû leur paraître louche…
– Ils m’ont envoyé une lettre pour me dire que le paiement était bloqué, qu’ils avaient essayé de me joindre et tout: mon œil! Alors je leur ai expliqué que j’étais éditeur, que Sirius était le titre d’un livre et que c’était pour ça que c’était écrit Printing Sirius first part dans les commentaires. C’est évident que les gars en Thaïlande allaient pas commencer le boulot s’ils avaient pas leurs sous…
– Tout bien réfléchi, tu sais, c’est peut-être mieux comme ça: à Genève, j’aurais été perdu dans la masse…
– En tout cas, j’espère qu’il va me porter chance ton bouquin… Déjà que tu m’as fait passer pour un trafiquant de drogue!
dimanche 27 avril 2014
Ne fais pas propagande de tes oeuvres
Conseil numéro 52 de Gurdjieff à sa fille:
– Ne fais pas propagande de tes oeuvres ou des tes idées.
– Ne fais pas propagande de tes oeuvres ou des tes idées.
samedi 26 avril 2014
Quelques photos de terroristes
Les mêmes photos sont placardées à l’extérieur de la guérite des douaniers, dans un état de délabrement bien supérieur à celles exposées contre la vitre du couloir de l’immigration. L’impression – selon toute vraisemblance, une imprimante à jet d’encre bon marché – de mauvaise qualité n’a pas résisté longtemps aux pluies tropicales : les visages se sont effondrés, leurs couleurs saturées se mêlant à l’encre noire du montant de leur mise à prix.
Pour certains d’entre eux, il est impératif de faire appel au souvenir des versions sauvegardées de ces prises de vues pour y reconnaître ne serait-ce que l’esquisse d’une physionomie. Quant à pouvoir attribuer à quelqu’un ces traits grossièrement rendus par un photomaton probablement au bout du rouleau, traits passés ensuite à la moulinette du scanner, de l’agrandissement puis de l’imprimante, c’est une autre histoire.
Pas question non plus de revenir en arrière pour détailler une nouvelle fois les portraits mieux conservés du bureau de l’immigration : comme souvent, cette portion du trajet aéroportuaire est à sens unique et ni l’humeur du moment, ni l’ambiance du lieu n’incline à ce genre de facéties rebelles. Reste le souvenir de ces visages communs, pas franchement plus patibulaires que d’autres, pas plus souriants non plus, mais bon.
La dangerosité des terroristes auxquels ces figures appartiennent est confirmée par le nombre de zéros répartis sous leur gorge, zéros avec lesquels elles se sont pour la plupart confondues, sur la fin du trajet pédestre qui coïncide avec le début du trajet automobile tarifé à la tête du client (oui, le taximètre est en panne, non, je ne peux pas vous dire combien ça va coûter, dépêchez-vous, j’ai d’autres clients qui attendent).
À se demander, vu la qualité mondialement reconnue des geôles locales, à laquelle de leurs deux représentations ces terroristes, pour autant qu’ils soient pris, ressembleront le plus après quelques jours d’interrogatoires menés avec abnégation par des fonctionnaires malheureusement le plus souvent peu – ou trop, mais désœuvrés et consciencieux – perspicaces. Peut-être que cette prise qui pend ostensiblement entre le taximètre et le rétroviseur permettrait de et puis non : tel hôtel à tel numéro de telle rue, s’il vous plaît.
Pour certains d’entre eux, il est impératif de faire appel au souvenir des versions sauvegardées de ces prises de vues pour y reconnaître ne serait-ce que l’esquisse d’une physionomie. Quant à pouvoir attribuer à quelqu’un ces traits grossièrement rendus par un photomaton probablement au bout du rouleau, traits passés ensuite à la moulinette du scanner, de l’agrandissement puis de l’imprimante, c’est une autre histoire.
Pas question non plus de revenir en arrière pour détailler une nouvelle fois les portraits mieux conservés du bureau de l’immigration : comme souvent, cette portion du trajet aéroportuaire est à sens unique et ni l’humeur du moment, ni l’ambiance du lieu n’incline à ce genre de facéties rebelles. Reste le souvenir de ces visages communs, pas franchement plus patibulaires que d’autres, pas plus souriants non plus, mais bon.
La dangerosité des terroristes auxquels ces figures appartiennent est confirmée par le nombre de zéros répartis sous leur gorge, zéros avec lesquels elles se sont pour la plupart confondues, sur la fin du trajet pédestre qui coïncide avec le début du trajet automobile tarifé à la tête du client (oui, le taximètre est en panne, non, je ne peux pas vous dire combien ça va coûter, dépêchez-vous, j’ai d’autres clients qui attendent).
À se demander, vu la qualité mondialement reconnue des geôles locales, à laquelle de leurs deux représentations ces terroristes, pour autant qu’ils soient pris, ressembleront le plus après quelques jours d’interrogatoires menés avec abnégation par des fonctionnaires malheureusement le plus souvent peu – ou trop, mais désœuvrés et consciencieux – perspicaces. Peut-être que cette prise qui pend ostensiblement entre le taximètre et le rétroviseur permettrait de et puis non : tel hôtel à tel numéro de telle rue, s’il vous plaît.
vendredi 25 avril 2014
Tiret, pas tiret
– Dans ton blog, on sait jamais vraiment qui parle...
– En général, quand je fais une citation, je mets un tiret, c’est tout. L’important, c’est les mots, pas qui les a dits.
– Tiret, pas tiret: beaucoup trop subtil pour moi!
– En général, quand je fais une citation, je mets un tiret, c’est tout. L’important, c’est les mots, pas qui les a dits.
– Tiret, pas tiret: beaucoup trop subtil pour moi!
jeudi 24 avril 2014
Essaie de prendre soin de toi
– Essaie de prendre soin de toi quand même quand t’as une minute. Une respiration. Un regard en l’air. Je t’embrasse.
– Ouaip! La méditation, ça aide bien dans ces cas-là. Un abrazo!
– Tu m’apprendras (rire).
– Avec plaisir (sourire énigmatique de maître zen).
– Ouaip! La méditation, ça aide bien dans ces cas-là. Un abrazo!
– Tu m’apprendras (rire).
– Avec plaisir (sourire énigmatique de maître zen).
mercredi 23 avril 2014
Le Nouvel An bouddhique en Thaïlande
Songkran est le nom thaïlandais de la fête du Nouvel An bouddhique. Propre au bouddhisme theravada, elle est fêtée également en Birmanie (Thingyan), au Cambodge (Chaul Chhnam), au Laos (Pimay) et chez les Dai du Yunnan.
En Thaïlande, les réjouissances attachées à cette fête, originellement mobiles, sont désormais fixes afin de faciliter la vie civile : elles ont lieu tous les ans du 12 au 15 avril, soit environ deux semaines avant le Salon du Livre de Genève. La date exacte du Nouvel An est toujours tributaire du cycle lunaire, elle correspond aussi à la période la plus chaude de la saison sèche.
Traditionnellement, les gens, tous les gens, même les imprimeurs, rentrent dans leur famille et font acte de respect envers leurs aînés en leur versant un peu d’eau parfumée sur les mains. Si cette tradition se perpétue dans les familles, ses manifestations publiques ont énormément évolué et, aujourd’hui, la fête est devenue prétexte à de gigantesques batailles d’eau dans les rues des villes.
À Chiang Mai notamment, où cette fête est particulièrement célébrée, des pick-up chargés de bidons d’eau et de jeunes gens défilent dans les rues le long desquelles la foule est massée, armée de seaux d’eau. Les deux groupes, motorisés et piétons, s’aspergent mutuellement dans une ambiance bon enfant.
En Thaïlande, les réjouissances attachées à cette fête, originellement mobiles, sont désormais fixes afin de faciliter la vie civile : elles ont lieu tous les ans du 12 au 15 avril, soit environ deux semaines avant le Salon du Livre de Genève. La date exacte du Nouvel An est toujours tributaire du cycle lunaire, elle correspond aussi à la période la plus chaude de la saison sèche.
Traditionnellement, les gens, tous les gens, même les imprimeurs, rentrent dans leur famille et font acte de respect envers leurs aînés en leur versant un peu d’eau parfumée sur les mains. Si cette tradition se perpétue dans les familles, ses manifestations publiques ont énormément évolué et, aujourd’hui, la fête est devenue prétexte à de gigantesques batailles d’eau dans les rues des villes.
À Chiang Mai notamment, où cette fête est particulièrement célébrée, des pick-up chargés de bidons d’eau et de jeunes gens défilent dans les rues le long desquelles la foule est massée, armée de seaux d’eau. Les deux groupes, motorisés et piétons, s’aspergent mutuellement dans une ambiance bon enfant.
mardi 22 avril 2014
Pour que l'autre change
– Paradoxe: si l'autre c'est moi, il me reste totalement étrange étranger....
– Une des idées qu'il y a derrière ce paradoxe, c'est que le changement de l'autre passe par le changement à la fois de mon regard sur moi et de mon regard sur lui. Il faut que je devienne autre pour que l'autre change.
lundi 21 avril 2014
dimanche 20 avril 2014
L'autre, c'est moi
Je ne peux pas changer l'autre pour une bonne et simple raison: l'autre, c'est moi.
samedi 19 avril 2014
Par autre chose que le récit
Avec le Sirius, j'ai voulu écrire une histoire qui tenait par autre chose que le récit, par des échos, des reflets, des insistances, des motifs récurrents qui construisent l'unité du texte à partir des bords.
vendredi 18 avril 2014
Par amour des livres
– Vous vous occupez de la communication pour un salon d’auteurs: qu’est-ce qui a motivé ce choix professionnel?
– C’est l’amour des livres, de la lecture et de la chose écrite en général. Mais non, je déconne. C’est par intérêt: je me suis dit qu’en plus de me permettre de nourrir ma petite famille, ça m’aiderait à reconstituer mon réseau et à me faire un peu remarquer après mes sept ans passés en Argentine.
– Est-ce que côtoyer les auteurs, les éditeurs et les libraires a changé votre vision de la littérature?
– De la littérature, non, mais du monde littéraire. Je dois dire qu’il n’y a rien de tel que de voir les gens de près, de les voir fonctionner au jour le jour pour faire disparaître assez rapidement toute trace d’enchantement. Je croyais que les écrivains, que les grands écrivains étaient des personnes particulières, en fait ce sont seulement des gens qui savent écrire.
– Ce qui en fait des personnes particulières...
– Oui, au même titre que vous et moi. Ce qu’on gagne en écrivant, c’est comme vous avec vos interviews: de la reconnaissance. Ce besoin de reconnaissance, j’aimerais beaucoup arriver à m’en passer, mais on dirait qu’il me reste encore un sacré bout de chemin...
– À ce propos, j’ai ouï dire qu’un premier roman allait tout bientôt…
– Attendez, je vous arrête: je préfère qu’on en reparle dans trois semaines quand vous aurez eu l’occasion de le lire. Là on pourra vraiment causer.
– C’est l’amour des livres, de la lecture et de la chose écrite en général. Mais non, je déconne. C’est par intérêt: je me suis dit qu’en plus de me permettre de nourrir ma petite famille, ça m’aiderait à reconstituer mon réseau et à me faire un peu remarquer après mes sept ans passés en Argentine.
– Est-ce que côtoyer les auteurs, les éditeurs et les libraires a changé votre vision de la littérature?
– De la littérature, non, mais du monde littéraire. Je dois dire qu’il n’y a rien de tel que de voir les gens de près, de les voir fonctionner au jour le jour pour faire disparaître assez rapidement toute trace d’enchantement. Je croyais que les écrivains, que les grands écrivains étaient des personnes particulières, en fait ce sont seulement des gens qui savent écrire.
– Ce qui en fait des personnes particulières...
– Oui, au même titre que vous et moi. Ce qu’on gagne en écrivant, c’est comme vous avec vos interviews: de la reconnaissance. Ce besoin de reconnaissance, j’aimerais beaucoup arriver à m’en passer, mais on dirait qu’il me reste encore un sacré bout de chemin...
– À ce propos, j’ai ouï dire qu’un premier roman allait tout bientôt…
– Attendez, je vous arrête: je préfère qu’on en reparle dans trois semaines quand vous aurez eu l’occasion de le lire. Là on pourra vraiment causer.
jeudi 17 avril 2014
On ne peut obliger aucune rencontre
Une note, de 1999:
"On ne peut obliger aucune rencontre. Je veux dire par là: on ne peut rendre aucune rencontre absolument inévitable."
"On ne peut obliger aucune rencontre. Je veux dire par là: on ne peut rendre aucune rencontre absolument inévitable."
mercredi 16 avril 2014
De l’énergie tournée vers l’extérieur
L’écriture, c’est de l’énergie tournée vers l’extérieur.
Me contenter des mots que je rassemble sans chercher à les présenter.
Me contenter des mots que je rassemble sans chercher à les présenter.
mardi 15 avril 2014
Réduire l'écriture
Comme pour la méditation, réduire l’écriture à une seule chose - par exemple obtenir de la reconnaissance - n’est pas mal en soi, mais ça me prive de tout le reste, de tout ce qui se passe durant cet acte d’écriture et dont je n’ai pas la moindre idée.
Tout ceci dit autour de la table du salon de Gustavo.
lundi 14 avril 2014
Bague!
– Papa pleure!
– Oui, papa il a pleuré.
– Bague!
– Oui, papa a pleuré parce qu’il a perdu sa bague.
– Là!
– Oui, elle était là: on voit encore la marque, regarde. C’était une bague que j’aimais beaucoup: c’est maman qui me l’a donnée quand on s’est mariés. Elle en a aussi une, au même doigt.
– Poules!
– Oui, c’est quand on est allés vers les poules. Il faisait froid et quand je t’ai mis mon bonnet sur les mains, j’ai perdu ma bague. Mais j’ai pas remarqué.
– Monnet!
– Oui, pour que tu aies bien chaud aux mains.
– Oui, papa il a pleuré.
– Bague!
– Oui, papa a pleuré parce qu’il a perdu sa bague.
– Là!
– Oui, elle était là: on voit encore la marque, regarde. C’était une bague que j’aimais beaucoup: c’est maman qui me l’a donnée quand on s’est mariés. Elle en a aussi une, au même doigt.
– Poules!
– Oui, c’est quand on est allés vers les poules. Il faisait froid et quand je t’ai mis mon bonnet sur les mains, j’ai perdu ma bague. Mais j’ai pas remarqué.
– Monnet!
– Oui, pour que tu aies bien chaud aux mains.
dimanche 13 avril 2014
Ineo
Ineo, les trois dames que tu as vues depuis que tu es sorti de la maternité, c'est Monique, ma maman, Adèle, on l'appelle aussi Dellon, c'est une des sœurs de ma maman, et Jacquie, c'est la maman de ta maman.
Tu as de la chance d'avoir pu rencontrer Adèle et Jacquie, parce qu'elles vont bientôt mourir, c'est-à-dire qu'elles vont bientôt aller dans le ventre d'une autre maman un peu comme la tienne, qu'elles vont devenir des bébés un peu comme toi et qu'elles vont pousser le même grand cri que celui que tu as poussé mercredi soir quand tu as passé la tête entre les cuisses de Celia.
Adèle et Jacquie t'attendaient avec beaucoup d'impatience, tu sais. D'abord parce que ce sont des femmes curieuses et qu'elles se réjouissaient de voir ta frimousse, mais aussi parce qu'elles savent, tout au fond de leur cœur, que tu vas leur montrer le chemin de cette nouvelle vie qui les attend: Ineo, en latin, ça veut dire j'entre dans le monde.
samedi 12 avril 2014
Profiter de cette impasse
– Ce qui m’énerve le plus, tu sais, c’est qu’elle profite pas de ces derniers moment qui lui restent. Je vais être dure, mais je crois que ça serait mieux qu’elle prenne pas ses médics et qu’elle vive vraiment, même si c’est moins longtemps.
- Un truc qui m'aide, dans ces cas-là, c'est de penser que c'est jamais figé, que ça peut toujours bouger par un bout: si l'autre ne peut pas avancer, je peux toujours avancer grâce à lui, je peux profiter de cette impasse pour apprendre à vivre un peu mieux ce qui me reste à vivre.
vendredi 11 avril 2014
Bébé, l’est où?
– Tu vois, dans quelques jours, maman elle sera dans un lit comme Nana, mais dans un autre hôpital.
– Tousse!
– Oui, Nana elle tousse. C’est parce qu’elle a pas mis sa veste, tu vois. Il faut mettre ta veste quand tu vas dehors, tu sais.
– Malade!
– Oui, Nana est malade. Mais maman, si elle va à l’hôpital, c’est pas parce qu’elle sera malade, c’est parce que le bébé va sortir de son ventre.
– Bébé, l’est où?
– Dans le ventre de maman. Mais bientôt, il sera dehors et il fera connaissance avec sa grande sœur!
– Icie!
– Oui, sa grande soeur Lucie.
– Tousse!
– Oui, Nana elle tousse. C’est parce qu’elle a pas mis sa veste, tu vois. Il faut mettre ta veste quand tu vas dehors, tu sais.
– Malade!
– Oui, Nana est malade. Mais maman, si elle va à l’hôpital, c’est pas parce qu’elle sera malade, c’est parce que le bébé va sortir de son ventre.
– Bébé, l’est où?
– Dans le ventre de maman. Mais bientôt, il sera dehors et il fera connaissance avec sa grande sœur!
– Icie!
– Oui, sa grande soeur Lucie.
jeudi 10 avril 2014
Partez à l'aventure
Hier matin, le mot du jour du calendrier zen:
"Partez à l’aventure
Pour casser l’une de vos routines et modifier la perception de votre vie, procédez à une nouvelle expérience: prévoyez de partir demain matin en empruntant un itinéraire, ou un mode de transport, différent, qui prenne au moins dix minutes de plus pour arriver à destination."
J’imagine qu’une journée et un bon bout de la nuit à la maternité, ça doit aussi bien faire l’affaire.
"Partez à l’aventure
Pour casser l’une de vos routines et modifier la perception de votre vie, procédez à une nouvelle expérience: prévoyez de partir demain matin en empruntant un itinéraire, ou un mode de transport, différent, qui prenne au moins dix minutes de plus pour arriver à destination."
J’imagine qu’une journée et un bon bout de la nuit à la maternité, ça doit aussi bien faire l’affaire.
C'est parti
Assis à côté de ce lit de l'hôpital de Morges où Celia vient de commencer ses contractions de pré-travail, je reçois ce mail de mon cher éditeur:
"On a vérifié l'exemplaire test. Les pages sont dans le bon ordre. La couverture est belle me dit-on. C'est parti."
"On a vérifié l'exemplaire test. Les pages sont dans le bon ordre. La couverture est belle me dit-on. C'est parti."
mardi 8 avril 2014
A l'orée d'une forêt
Le monsieur qui venait tondre le gazon chez maman s’est suicidé en s’aspergeant d’essence à l’orée d’une forêt.
– Quelle faute est-ce qu’il devait expier pour choisir cette méthode-là?
– Quelle faute est-ce qu’il devait expier pour choisir cette méthode-là?
lundi 7 avril 2014
Tout son être dans sa réponse
- Peut-être que, tout à la fin, la réponse sera la même que celle du début, mais celui qui répond mettra tout son être en elle, quitte à renvoyer au maître son coup de bâton, et tout l’univers vibrera à l’unisson de cette vérité personnelle.
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