mardi 15 mai 2012

Un cèdre pour Lucie

À l'oncle Charles, de passage au Liban, on a remis des graines de cèdre avec toutes les instructions nécessaires pour les faire pousser en terres helvétiques: ça sera le cèdre de Lucie, il nous l'a annoncé sur Skype pendant que je faisais des acrobaties avec l'iPad pour qu'il puisse voir la frimousse de sa petite-nièce pendue au sein. Il va le planter dans ce pâturage qui plonge vers les Alpes des Grisons, juste à côté de la chapelle familiale de Baldo où le papa de Celia avait installé, pour notre mariage, une très belle flamme en dalle de verre faite avec beaucoup d'amour.

Sur notre grand lit défait, dans la lumière blanche de cette fin de matinée d'automne, Celia appuyée contre le mur avec dans les bras une Lucie en train de s'endormir, repue, son petit sourire en coin, moi, en tailleur, mon iPad en équilibre sur les tibias, on se retrouve au milieu des odeurs d'herbe et de dernières neiges, en face de ces montagnes les unes derrières les autres jusqu'en Italie, et ni les toits ébouriffés, là, de l'autre côté de la vitre, ni le ciel interminable de Buenos Aires ne se sont fait prier longtemps, on peut les comprendre, pour nous accompagner dans notre paisible excursion pastorale.

Peu importe où, disait-on?