mercredi 25 janvier 2012

Une tirette à commissions

Tout a commencé par le projet d'un nouvel achat: une tirette à commissions. Transporter les fruits et les légumes depuis chez les Boliviens du coin, ça commence à faire lourd: Celia a mal au dos à cause de son ventre qui a définitivement dépassé le mien et moi, j'aimerais bien économiser mes chères petites menottes. Mais, qui dit tirette à commissions, dit installation, et ce sont les grosses questions du "où est-ce qu'on va vivre en fin de compte" qui resurgissent à l'heure du thé.

Quand on est né quelque part – au hasard, en Suisse –, ce lieu devient facilement un lieu de résidence par défaut. Quand on choisit d'aller vivre ailleurs – au hasard, en Argentine –, tout se passe comme avec un partenaire amoureux: quand ça va, ça va, quand ça va pas, on se dit qu'on aurait quand même pu choisir un peu mieux.

A l'échelle de plusieurs vies, ce "lieu d'où je viens", ce "pays de mon enfance" avec son "lac" et ses "montagnes" ne fait plus vraiment sens: ce n'est plus qu'un pays d'enfance parmi beaucoup d'autres, à la différence près que c'est le seul dont je me souviens. "Il faut croire que ce n'est pas pour rien qu'on oublie tout, d'une vie à l'autre", dixit mon cher Leveratto.

De ce point de vue, je ne suis donc pas plus Suisse qu'Argentin: je suis où je suis – peu importe où! – pour des raisons qui me dépassent et qui vont bien au-delà que ce que je prends pour mes choix. "Nada es casual, todo es causal", rien n'est dû au hasard, tout est le fruit d'une causalité.

Alors, notre étude de marché dans les boutiques d'Acoyte et de Rivadavia sera menée avec le coeur d'autant plus léger qu'une tirette, comme Celia me l'a fait remarquer, c'est justement fait pour se déplacer.