mercredi 18 janvier 2012

Se mettre à poil

Ce matin, après le petit-déjeuner, Celia me dit qu'elle trouve que je me mets quand même pas mal à poil dans ce blog.

– Ah oui, tu crois?

En lui répondant, je me rends compte que ce n'est pas vraiment un problème de pudeur, mais plutôt l'intuition pas très confortable que tout ce que je pourrais dire de moi, même le plus scandaleusement intime, n'intéresserait en définitive pas grand-monde et qu'aucune des réactions éventuelles ne suffirait à me prouver ma propre existence.

Un peu plus tard, en plein journal de Ramuz, je comprends mieux pourquoi je lisais si peu depuis plusieurs mois: cette réticence à admettre que la littérature, même la meilleure, n'est finalement "que ça". Sous-entendu: quoi que j'écrive, je n'exprimerai toujours que celui que je suis aujourd'hui, ce moi qui non seulement est limité mais qui surtout pose un cadre à ce que je suis capable de voir chez l'autre, dans sa vie et dans ses oeuvres.

Encore un peu plus tard, toujours chez Ramuz, je fais le parallèle avec le retour mitigé de François sur le Bergstamm, François qui s'était mis à trembler en me parlant de mon livre, comme s'il s'apprêtait à me livrer une sentence qui, en fait, se serait appliquée à lui-même. Lui aussi, sans doute, aurait bien aimé lire quelque chose de "plus" (toi, avec ton questionnement sur le bouddhisme, etc.).

Toutes ces lectures, tous ces autoportraits: "tu ne peux voir que ce que tu es".