vendredi 27 janvier 2012

Un pet pendant la méditation

Au réveil, comme tous les matins, je me suis installé pour méditer. J'ai mis mes longues chaussettes blanches, mon pantalon de coton blanc et j'ai posé nos deux linges blancs sur le parquet devant notre autel bricolé avec un gros rouleau de câble "oublié" chez nous par les ouvriers qui étaient venus installer Internet.

Je me suis agenouillé, j'ai posé les deux rosaires de notre mariage sur les linges et j'ai allumé la bougie à réchaud orange devant le petit Bouddha Amida en bois doré debout dans son carton bleu. J'ai pris un bâton d'encens, je l'ai cassé en deux, j'ai allumé les deux bouts que j'ai posés dans l'encensoir, NA MAN DA BU dix fois, une révérence, et je me suis mis à méditer.

Pas encore très concentré, j'entends Celia se servir un verre d'eau, faire quelques aller et retour dans mon dos – elle s'est peut-être mise à faire ses exercices de yoga – et, tout d'un coup, je fais un gros pet sonore.

Celia se donne beaucoup de peine pour ne pas éclater de rire, mais ses efforts sont inutiles et je me laisse aller, digne et stoïque autant que possible, à ce fou rire qui la gagne et qui me fait pouffer avec elle, ce fou rire que j'entends petit à petit se transformer en pleurs.

Après la méditation, je lui demande ce qui s'est passé.

– J'ai fait tout ce que je pouvais pour ne pas rire et puis j'ai vu la situation: tout le monde assis dans un temple zen, les gens très concentrés, qui essaient de se contrôler, et puis ça qui arrive, tellement humain.

– Et les larmes?

– C'est venu comme ça, je sais pas trop d'où. Tu comprends, avec mon ventre, quand je ris fort, ça se met vraiment à bouger dans tous les sens et ça fait remonter des trucs pas prévus. C'est comme ça, c'est physique, c'est mes instincts féminins de femme enceinte.