mercredi 22 février 2012

Se détacher de "Je suis ça"

La vendeuse du Deva's ne veut pas se séparer de "Je suis ça".

– Tu comprends, c'est mon bébé! Je peux pas le laisser partir comme ça...

Ce gros livre de Maharaj m'a fait de l'oeil la dernière fois où je suis passé à la librairie avec en tête, bien entendu, un tout autre titre.

Là, je n'ai pas hésité une seconde: à peine passé la porte, j'ai foncé droit sur lui. Il m'attendait, fièrement en équilibre sur sa tranche dodue, bien en évidence à côté de la caisse, dans la position où je l'avais reposé quelques jours plus tôt en faisant tout plein d'efforts pour me convaincre que, oui, absolument, il fallait laisser un coin de notre appartement libre de bouquins pour que notre enfant puisse, le moment venu, s'y mouvoir à loisir.

– C'était quoi, déjà, cette histoire de détachement?

La vendeuse serre le livre contre son coeur, le berce un moment dans ses bras en fermant les yeux et puis le passe au lecteur de code-barre.

– Ça fera 245 pesos. Un petit sac?