lundi 20 février 2012

Le métro à l'oeil (yes, it's free)

À la station de Congresso, en sortant du Subte A – notre vieille ligne à nous avec ses jolis wagons en bois qui penchent dans les virages, ses ampoules qui pendent, pas très sûres d'elles, au milieu de leurs cloches en verre dépoli et ses portes qu'il faut ouvrir à la main au prix d'un effort digne des meilleurs fitness du quartier –, je me dis que je vais en profiter de recharger ma carte électronique: la machine au guichet de la station d'Acoyte est systématiquement "en panne" depuis plusieurs mois (les employés de la ligne B ont une autre stratégie: ils refusent directement de recharger les cartes à cause des risques évidents de tendinites qu'ils courent).

Un Japonais – disons, pour être précis, un Asiatique arborant à mes yeux un look typiquement japonais, je commence vraiment à voir des Japonais partout, moi... – est en train d'essayer de se faire comprendre à la caisse: il agite un vieux ticket de métro et un billet de 10 pesos. Ni une ni deux, je me propose en médiateur.

– Do you speak english?

Le problème est le suivant: le Japonais veut acheter un ticket pour prendre le métro et l'employé derrière son guichet ne veut pas lui en vendre un pour la simple et bonne raison que la caisse est fermée, ce qui n'est pas tout à fait évident au vu des deux employés de Metrovías en train de faire la causette à l'intérieur. Mais, naturellement, c'est loin d'être un problème étant donné que, la caisse étant "fermée", le Japonais peut de facto entrer gratuitement.

– Yes, it's free. You can take the subway for free. Yes. For free.

Face à cette situation définitivement sans issue, je prends sur moi d'ouvrir le portail destiné aux chaises roulantes, valises, malles et autres sorties d'urgence et je fais signe au Japonais de passer. Il hésite une seconde ou deux puis fait rapidement les quelques pas qui le séparent du quai.

– À part ça, vous pourriez pas me recharger ma carte?

– La caisse est fermée, je te dis.