samedi 13 février 2016

Six pièces en quête d'auteurs

En regardant la première des six pièces, ça m’a rappelé le temps où j’en voyais trois ou quatre par semaine, il y a déjà pas mal d’années, pour en faire la critique dans l’Hebdo. Du coup, vu qu’à part le Courrier, la presse n’a pas montré beaucoup d’intérêt pour ce projet, je me suis dit qu’on n’était jamais mieux servi que par soi-même.

Des cent-quinze courtes pièces reçues par la poste pour le concours lancé par le 2.21 et Tulalu!?, six ont été sélectionnées puis montées dans les recoins les plus improbables du théâtre. Les spectateurs ont pu les voir sous forme de circuits: trois le matin, soupe à la courge, pain, fromage, et trois l’après-midi.

Ce qui me reste de cette journée, c’est surtout la fraîcheur et l’inventivité. Dans l’utilisation de l’espace, d’abord, lorsque les spectateurs se sont retrouvés sujets d’un tableau vivant contemplé par un couple aux théories esthétiques absconses, mais également lors d’une déambulation mémorable à travers les coulisses au cours d’une visite guidée sur la trace des vestiges de mystérieux "comédians" qui vivaient là il y a bien longtemps, dans une autre ère aux alentours des années 2000.

Fraîcheur aussi dans la variété des six univers  – 15 mètres carrés, 15 minutes, 15 spectateurs, 2 ou 3 personnages – juxtaposés au sein de cette machinerie parfaitement huilée où les groupes se suivaient de lieu en lieu, d’une salve d’applaudissements à l’autre. Si l’un des parcours était sombre – Daech à Palymre en kalachnikov et torche, adolescente écartelée par l’enfant qui se rassemble en elle et dernier jour d’un grand-père russe au seul amour flamboyant –, l’autre était carrément loufoque: outre la pseudo-archéologie des "comédians", des menaces satanistes s’amoncelaient sur un pauvre lapin à moitié dévoré par le chien des voisins alors qu’un gardien de musée échevelé menait des expériences improbables autour de la phénoménologie de la perception. Ça vivait au 2.21, ça faisait du bien!

Merci à Michel Sauser et à son équipe pour ce moment qui réconcilie avec le théâtre et qui nous rappelle que si les plumes d’ici sont en forme – qui en doute encore? –, elles le sont aussi pour faire vibrer les scènes!