mercredi 4 avril 2012

Tout seul, mais pas vraiment

En mangeant mon bol de riz, tout seul, au matin du deuxième jour des 700'000 mantras, je me suis senti tout d'un coup très seul et très triste.

Mais, presque tout de suite, j'ai eu l'intuition que ce n'était pas comme ça – que ça ne pouvait pas être comme ça – et je me suis senti en lien avec Celia, là-bas, dans notre petit appartement d'Acoyte, à cinquante blocs du Furaibo et de la place de Mai, en lien avec notre enfant dans son ventre, en lien avec maman en Suisse, avec papa au ciel, en lien avec les quelques valeureux encore en train de chanter dans le dojo, juste à côté, après toute une nuit de NA MAN DA BU et une ou deux petites heures de sommeil prises presque à la sauvette parce qu'une des règles de cette pratique est justement de s'assurer qu'il reste au moins deux personnes en train d'entonner – le doshi pour donner le rythme et le compteur pour compter – histoire de ne jamais laisser tomber le mantra jusqu'au 700'000ème.

Après, en y repensant, je me suis dit que ça devait à tous les coups être les mantras qui m'avaient donné cette ouverture, les 50'000 qui avaient déjà été chantés depuis ce dimanche en début d'après-midi et ceux qui résonnaient dans tout le Furaibo pendant que je me lamentais sur mon bol de riz tiède, tout seul, à ma table à côté du bar.