jeudi 19 septembre 2013

Un peu de feu sur le transporteur à terre

Un périphérique, tôt le matin : des bureaux et des bureaux, personne, pas une voiture à part un transport de fonds. Des fourgons le suivent, un peu en retrait, sur une bretelle, un peu plus bas, le rejoignent – on entend très peu les moteurs, juste la rythmique enfoncée et les cordes plus inquiètes, toujours généreuses.

Les trois véhicules, arrêtés, en travers de tout ce béton vide.

Le vigile s’accroupit, entre les sacs de fric, derrière son fusil à pompe, fait claquer sa culasse – les autres se déploient, calmes, en demi-cercle, genou à terre, crosses à la hanche.

Un pain de plastic, dehors, petit point rouge de métronome.

Le vigile respire vite mais on ne l’entend pas : seulement la rythmique, pas plus rapide, pas plus fort, et les cordes. Il vise la porte, il danse d’un pied sur l’autre : ça explose : il fume, à plat ventre, il est pris par les aisselles, lancé sur le sol.

Sacs de mains en mains, grenade au phosphore.

Un peu de feu tombe sur le transporteur à terre.

Le véhicule brûle, toujours seul – toutes ces vitres tout autour, tout ce béton.
Ciel gris, lisse, loin derrière.

L’orchestre se tait.