vendredi 23 novembre 2012

Décidément, on s'embourgeoise

En descendant du bus, sur Rivadavia vers les 7500, on s’est tout de suite retrouvés cinq ans en arrière, en train de chercher une longue table et six chaises, en pin, à vernir nous-mêmes. Il faut dire que, depuis, on n’avait pas eu plus de raisons que ça de remettre les pieds dans le coin.

Là, c’était le bistrot où on avait mangé un truc et devant lequel on avait eu une prise de tête métaphysique au sujet du genre d’assiettes qu’il fallait qu’on achète. Celia penchait pour des assiettes en plastique, moi pas vraiment: ça faisait un poil trop pique-nique pour une année et demie deux ans. Une année et demie deux ans...

Mais oui, un peu plus loin, au milieu du bloc, c’était justement le magasin où on avait acheté notre table et nos chaises. Le proprio, bon vendeur, se rappelait nos têtes, et moi, si j’avais beaucoup moins l’impression qu’il allait nous arnaquer qu’il y a cinq ans, c’était surtout parce qu’il y a cinq ans, j’avais l’impression tout le monde avait vraiment très très envie de nous arnaquer.

Une semaine plus tard, quand on a vu notre belle bibliothèque contre notre mur, on s’est dit que, cette fois, on avait bien fait de demander au patron combien ça couterait de passer un coup de verni avant qu’il nous la livre. 100 pesos. Ça va, ça fait partie des petits luxes qu’on peut s’offrir. Y a pas, décidément, on s’embourgeoise.