dimanche 24 mai 2015

Le polaroïd

Une note, de 2004: 

"Un polaroïd sur le mur des toilettes, entre plusieurs autres, peut-être pris durant cette soirée, peut-être dans cet appartement. Une fille soulève son t-shirt: des seins gros et ronds, écrasés par la lumière du flash, une peau très blanche – le tissu bleu clair accentue sa blancheur.


Ses mains sont refermées sur le bord du pull, ses bras cachent les pointes des seins dont on peut imaginer qu'elles se dressent: le temps du cadrage, le temps de penser que cette photo va être prise, va être exposée à la vue de tous les visiteurs des toilettes, une excitation exhibitionniste qui ne s'avoue certainement qu'à moitié. Le cadre blanc du polaroïd coupe son visage juste au-dessous de la lèvre supérieure.

Les gens doivent boire ou avoir bu, parler fort, rire : il n’y a que ce polaroïd collé de travers sur ce mur. Elle a soulevé son pull bleu, d'un bleu clair mais impératif, elle a découvert son ventre. Ses seins ronds happent le regard : excitation et proximité, on devine cette même salle de bains en arrière-plan. Cette fille pourrait être là ce soir, ses seins pourraient vivre lentement sous un tissu.

Envie puissante de voler l'image et de la glisser entre les pages de mon carnet pour pouvoir la consulter à loisir et bâtir une histoire autour de ce corps inconnu écrasé par la lumière du flash."