mardi 19 février 2013

Je devais la tuer, je n'ai pas hésité

Une note, de 1999:

"Elle est vieille, elle est à moitié couchée sur le pont Bessières, tient une orange dans une main, un petit parapluie noir dans l’autre. Elle sait quelque chose d’important : je dois la tuer.

Je le fais de manière désinvolte – plein jour, beaucoup de passants – avec un très vieux fusil. Presque pas de bruit: la vieille s’affaisse encore un peu plus.

Cacher les corps – oui, il y en a deux – dans la cave de la maison de papa. Maman est toujours à mes côtés, elle me seconde. Cave réfrigérée: papa est étonné, il nous empêche faiblement de transporter les corps.

Plus tard: un message sur le répondeur de maman: la voix de papa, cassée, hésitante: 

– Blutflecken, Blut... nicht möglich, kann nicht mehr...

Maman: 

– Ils ne peuvent pas nous enfermer pour quelque chose de juste, tout au plus une année ou deux...

Elle m’assure: je fais du rappel dans une sorte de mur de tissu: je mets les mains dans des poches, les pieds dans des poches.

Nous avons décidé de créer un leurre: nous sortons des sacs-poubelle de chez nous et nous les amenons je ne sais où.

Je devais la tuer, je n’ai pas hésité, pas eu peur, mais que savait-elle pour me faire chanter comme ça ?"