Une note, de 2010:
"J’aime cette idée de la pensée qui doit passer par les doigts, de cette pensée que je laisse libre avec la seule contrainte de devoir passer par mes doigts, parce que c’est vrai que j’ai de la peine à penser à autre chose qu’à ce que j’écris, de la peine à arrêter ma pensée sur "quelque chose en plus". Tout se passe au rythme de mes doigts, tout s’inscrit dans la matière de la page, dans la matière de l’écran, même si c’est au prix de gestes minuscules, de manipulations infimes.
Je crois que c’est ce petit lien au moment présent qui m’est nécessaire, ce lien à mon corps au sein duquel ces mots sont pensés, au sein duquel ces pensées vont et viennent. Voilà en quoi cet exercice quotidien, lui aussi, à sa manière, m’aide à m’ancrer dans le présent, m’aide à garder le présent à l’œil, à garder le présent au bout des doigts. Oui, c’est ça: à garder le présent au bout des doigts."