– Un petit oiseau m’a dit que vous alliez partir...
La boulangère de la San Telmo trône derrière son comptoir flambant neuf. Ce gros trou soudain dans la façade ne signifiait pas la faillite, loin de là! Maintenant, avec ces présentoirs en verre où les croissants et les pâtisseries diversement chargées de crème à la vanille et de dulce de leche ont l’air de léviter, on se croirait presque chez Savona, la pâtisserie la plus chic de Caballito.
– Eh ben oui, tu vois...
– Avec la petite, c’est le moment. Vous, l’aventure, vous l’avez vécue: là il faut planter des racines bien profond et se mettre à construire! C’est quoi qui va vous manquer le plus d’ici?
– La chaleur humaine. Oui, je crois que c’est ça.
Je fais le tour du comptoir pour aller faire la bise à cette boulangère acariâtre adoucie d’année en année – la bonne marche des affaires, sans doute, mais on ne sait pas tout – et lui donner un de ces abrazos avec tout le corps que j’ai appris ici.
– Mais on va quand même se revoir avant que vous partiez, non?
Larme à l’œil, des deux côtés.
– Six semaines, tu sais, ça passe vite... Mais c’est pas encore tout à fait là!