dimanche 31 janvier 2016

Qui est le maître?

- Qui est le maître ? C'est le Soi après tout. Selon le degré d'évolution de la personne, le Soi se manifeste sous forme de maître extérieur.

samedi 30 janvier 2016

En écoutant Saluzzi

En écoutant Saluzzi, je revois les hauts-plateaux andins que dessinaient son bandonéon.

Et puis je vois ces hauts-plateaux que j’ai traversés sans les trouver, pris dans les mélodies de mes souvenirs.

Et puis, en écoutant Saluzzi, je vois les hauts-plateaux andins que j'ai traversés, nourris par son espace et par son souffle.

vendredi 29 janvier 2016

La blessure la plus proche du soleil

- La blessure la plus proche du soleil, c'est la lucidité.

jeudi 28 janvier 2016

La musique est capable de remplir une vie

Une note, de 1997:


"- La musique est capable de remplir une vie. La musique est capable de remplir ma vie comme la tienne: ce qui compte, c'est la disponibilité, elle ne pardonne rien."

mercredi 27 janvier 2016

Le silence est à ce prix

Une note, de 1997:

"Il a dit:
- Apprécie tes propres qualités et attendris-toi devant tes défauts, le silence est à ce prix.

Je l'ai regardé longuement puis je suis parti."

mardi 26 janvier 2016

Le lien fondamental entre le sujet et l'objet

- Le lien fondamental entre le sujet et l'objet est l'égo.

lundi 25 janvier 2016

Une gare n'est pas un endroit de passage

Ine note, de 1997:

"Une gare n'est pas un endroit de passage. Elle n'abrite que l'attente et quelques crissements."

Une auréole autour de la tête de mon père

Une note, de 1997:


"Il y a comme une auréole autour de la tête de mon père. Il sourit, debout contre la lumière du compartiment, de l'autre côté de cette fenêtre qu'on ne peut pas ouvrir."

samedi 23 janvier 2016

Plutôt que de m'étendre à travers le monde

Plutôt que de m'étendre à travers le monde, sentir que je suis traversé par lui. 

Les saisons de ton regard

Une note, de 1998:

"Tu m'expliques les saisons de ton regard. Il ne s'agit ni de couleurs, ni de chaleurs, tu évoques les profondeurs. Tu me dis que tu dois absolument percevoir la distance exacte qui sépare les objets de ton corps. Tu me dis que tu redoutes par-dessus tout la superposition des plans successifs."

jeudi 21 janvier 2016

Cet univers pleinement réalisé

Bon, reprenons: nous sommes tous des bouddhas qui nous ignorons. Nous avons déjà passé des centaines de milliers de vies sous les formes les plus diverses pour petit à petit dévoiler des parcelles de ce Tout qui est en nous, nous allons encore en passer des centaines de milliers d’autres pour, finalement, accepter de cesser d’être nous et pour nous laisser aller à ce qui est. Tous les êtres, tôt ou tard, seront des bouddhas.

Bien. Mais pourquoi donc toutes ses vies passées à découvrir, à redécouvrir que nous ne sommes qu’un seul? Est-ce que tout ça fait partie d’un grand cycle à l’image du petit cycle de notre vie, grand cycle à la fin duquel on en finirait avec cet univers pleinement réalisé pour en commencer un autre? En mordant dans mon sandwich au thon devant l’hôpital de Morges, je reste sur ma faim.

Et, tout à l’heure, pendant que j’endors Ineo dans la nuit de la chambre des enfants:
– Papa?
– Oui, je suis là.
Ramana Maharshi me donne un bout de réponse dans son enseignement qui défile en blanc sur l’écran noir de mon iPhone:
– C’est impénétrable. Aucun mobile ne peut être attribué à ce Pouvoir – ni désir ni finalité ne peuvent être conférés à ce seul Infini, cet Être omniscient et omnipotent.
Donc, une fois de plus, une question qui va se dissoudre avec le reste au moment de l’entrée dans le Soi, dans Bouddha, Dieu ou le grand Tout, quel que soit le nom qu’on lui donne.
– Papa!
– Oui, je suis là. Tu peux dormir maintenant.

mercredi 20 janvier 2016

Un degré de souffrance nécessaire

Une note, de 1997:

"Pendant longtemps, j'ai cru qu'il existait un degré de souffrance en deçà duquel il était indécent d'écrire."

mardi 19 janvier 2016

Cesser d'être dit par les autres

Une note, de 1997:


"Je t'explique le besoin que j'éprouve de donner au monde que je côtoie la forme exacte de mes mots. Gagner peu à peu la cohérence des journées, donner une direction aux saisons, cesser enfin d'être dit par les autres."

lundi 18 janvier 2016

Mes doigts avaient le goût de pluie

Une note, de 1998:


"Mes doigts avaient le goût de pluie. Mes mains étaient pressées tellement fort contre mon visage que le sang qui me coulait entre les dents semblait lui aussi tombé du ciel."

dimanche 17 janvier 2016

La limite de l'eau le long de mon périple

Une note, de 1998:

"La pluie horizontale se déploie contre ma vitre: limite de l'eau le long de mon périple. Je réapprends à lire les collines grises, leur cambrure fluide. Mon visage se superpose au roulement régulier. Parfois un pylône sort de l'horizon: balise provisoire qui vient se loger près du point dans mon flanc."

samedi 16 janvier 2016

Ces arbres à la fois dignes et débraillés

Une note, de 2012:

"Ce matin, Rodolfo nous a conseillé de courir dans l’herbe du Parque Centenario, histoire d’économiser un peu nos genoux. Pendant quelques secondes, j’ai senti que je n’avais besoin de rien: j’étais à la fois ce ciel avec ses petits nuages, cette pelouse tendre, ce lac et ces arbres à la fois dignes et débraillés."

vendredi 15 janvier 2016

Suivez-moi, je vous prie

Une note de 2002:

"L’ascenseur – c’est à la fois surprenant et normal – dégage une odeur de métro, mélange de graisse minérale et d’électricité : quatrième et dernier étage (NB : lors de la redescente, ne pas confondre le bouton Rez avec le bouton Alarme situé juste en dessous, dans la continuité, même forme, autre effet). Deux portes, couloir étroit jusqu’à la salle d’attente (c’est inscrit, noir sur blanc, SALLE D’ATTENTE, à hauteur de visage, petites majuscules impossibles à manquer sur la peinture crème, à la fois distingué, discret et impératif : votre place est ici, provisoirement) : vieux (quelques mois) hebdomadaires aux couvertures plus très fraîches dont les thématiques pallient leur manque d’actualité (la dépression, le suicide chez les jeunes, le couple idéal : du genre).

Le filet qui recouvre la cour intérieure ne doit pas être très efficace car un pigeon se balade sur le bord de la fenêtre, mais voici Monsieur le Psychiatre qui s’inscrit dans le cadre de la porte. Poignée de main plutôt franche (rien à voir avec celle du départ : main retirée immédiatement vers le haut, comme si elle avait touché quelque chose de particulièrement humide et sale, le regard qui s’enfuit sur le côté, tellement vite qu’il entraîne avec lui le visage et que le menton s’incline contre le sternum : pas psy pour rien, ce mec), suivez-moi, je vous prie (un ton qui rappelle celui des petites majuscules de la salle d’attente) : comment ne pas obtempérer (en plus, je suis quand même là pour ça) ?

Le cabinet est long : un bureau d’acajou dans l’angle face à la porte, une grande bibliothèque du même bois incrustée dans le mur (peu de livres en désordre : pas encore eu le temps d’installer sa science), deux fauteuils de cuir noir (très design, pivotants, profonds, confortables : rien à envier au divan) se font face devant la fenêtre (placée à peine trop haut pour pouvoir profiter de la vue – imprenable, on s’en serait douté – sur la ville, juste un morceau de ciel qui hésite entre le bleu et le gris) ; stock de mouchoirs en papier à portée de main pour le client (ou le patient ou le fou ou le gars qui aurait vu de la lumière et qui serait monté, peut-être pour repeindre le plafond, pendant qu’on y est), petites plantes grasses posées là pour la forme (un peu de kitsch pour mettre en confiance), table de nuit arrondie de bois précieux sur laquelle il pose les feuilles quadrillées de papier recyclé gris sur lesquelles il consigne la part qu’il juge mémorable des anecdotes que je lui débite. OK (ce qui veut dire, en gros, que c’est fini), poignée de main dégoûtée détaillée supra, bye bye."

jeudi 14 janvier 2016

Vue du lac et falaises

 Une note, de 2004 :

 "J’essaie de trouver les mots pour décrire ce paysage qui est à la fois celui que je connais et un autre. C’est dans la qualité de lumière que je le reconnais d’abord, cette lumière blanche et métallique pour laquelle je n’ai encore jamais pu trouver les mots. Il y a cette profondeur de tous les gris, comme de grands mouvements tracés dans la matière du ciel et des montagnes, des ébauches de spirales travaillées dans l’air pas encore sec, dans l’air, peut-être, de l’orage qui arrive.

Le soleil, ce qui en reste, ce qui arrive encore sur terre en avant de ce paysage de ciel, éclate, imprévisible, sur un toit de la ville d’en dessous : il me faut un moment pour découvrir que ces assauts de soleil dépendent de la position de ma propre tête, à quelques centimètres près. Du coup, les bâtiments disparaissent, s’enfoncent derrière un rocher qui n’était certainement pas là plus tôt et les embruns giclent jusque sur mon écran, sur mon clavier posé sur mes genoux, écrivain d’extérieur.

L’eau vient s’écraser contre une falaise qui commence devant moi, qui ne devrait pas être là mais le plus urgent est de protéger mon portable de ces gouttes qui ne viennent pas d’en bas comme je le croyais, mais d’en haut, de grosses gouttes de pluie qui tombent de l’orage qui est maintenant sur moi. Du coup, la falaise se déplace après la ville."

mercredi 13 janvier 2016

Sous l'averse de sel

Une note, de 1999:

"Son corps en croix crépite sous l’averse de sel. Ses épaules horizontales recueillent quelques grains entre les plis de leurs muscles. Sel à l’abri dans ces vallées de peau jusqu’au prochain élan.

Mon regard est planté dans son sexe intermittent, à l’affût. Voyeur installé dans ce pan de tissu qui montre ce qu’il cache, je savoure calmement le vol de ces quelques secondes de poils noirs à la chorégraphie.

Ce n’est qu’après la chute de la robe fendue que le sexe a retrouvé sa place au milieu de ce corps qui le porte, entre ces jambes et sous ce ventre. Plus rien ne le souligne. Plus rien à voler. Ce sexe est chez lui, à l’épicentre d’une vague de chaleur.

Désir frontal lancé en lignes droites. Élans nus. Chocs nus. Chutes. L’air est jeté hors des corps."

Sur une plaque de lave en fusion

Comme si le paysage du soir, percé de trous minuscules, était posé sur une plaque de lave en fusion.

lundi 11 janvier 2016

La vie est un tout

- La vie est un tout: essayons toujours de réarranger les pièces que nous trouvons sur notre chemin.

dimanche 10 janvier 2016

Tant qu'on n'a pas réalisé Dieu

- Tant qu'on n'a pas réalisé Dieu, il faut renaître à maintes reprises.

samedi 9 janvier 2016

La saleté des hommes

- La saleté des hommes se rassemble dans leur nombril.

vendredi 8 janvier 2016

Partager ce que je crois être

La montagne était une expérience qui ne valait que pour moi et qui me suffisait.


Pourquoi persister à vouloir partager par l'écriture ce que je vis, ce que je suis, ce que je crois être?

Pourquoi pas?

jeudi 7 janvier 2016

Dormir en étant éveillé

- Il n'y a que deux choses: la création et le sommeil. Quand vous dormez, il n'y a rien. Vous vous réveillez et tout est là. Si vous apprenez à dormir en étant éveillés, vous assisterez à tout en simples témoins. Voilà la vérité.

mercredi 6 janvier 2016

Sortir de mon corps par l'arrière

Ce soir, pendant la méditation, j'ai entrevu la possibilité de sortir de 

mon corps par l'arrière et de m'observer à genoux en train de méditer.

Si je pousse mon expiration

Si je pousse vraiment mon expiration, j'ai l'impression que je vais mourir. Mais je ne meurs pas.

lundi 4 janvier 2016

La neige

La neige a posé les sommets dans le paysage et puis dans la nuit.

L'odeur de la neige a ouvert l'espace entre la ville et le reflet de la ville, orange dans les nuages.

Un train est passé et puis deux avions et puis un bus, là-bas, tout au fond, regarde: juste à côté de la salle de gym!

dimanche 3 janvier 2016

Les nuits des troisièmes jeudis du mois

Une note, de 2013:


"Un jour, Gustavo a parlé d'un groupe de vingt-cinq personnes qui se retrouvaient une fois par mois, du coucher du soleil au lever du soleil, pour entonner les mantras : environ trente mille Nembutsu et dix Amidakyo. Ils ont prêté serment de s'aider dans la maladie et, lorsque l'un d'entre eux meurt, un autre reprend sa place.

Gustavo avait parlé de ça au moment où il a commencé avec cette idée de troisième jeudi de longues nuits. Au moment de terminer d'entonner, c'est ça qui me revient. Je me demande à quel point on fait partie d'un groupe du même genre."

samedi 2 janvier 2016

Au téléphone sur le pot

- T'as remarqué qu'Ineo va chercher son téléphone avant d'aller sur le pot?

- Je sais vraiment pas de qui il peut tenir ça...

vendredi 1 janvier 2016

Ils seront tous ton chemin

- Le chemin des autres n'est pas ton chemin, mais quand tu auras trouvé ton chemin, ils seront tous ton chemin.

Être au monde

Une note, de 2009:


"Je peux être au monde, partout, n’importe quand. Ma distance au monde ne vient que de moi."