mercredi 30 décembre 2015

Au fond de ce que je me laisse croire

Être écrivain m'aurait protégé d'absolument tous les problèmes présents et à venir: une sorte de solution radicale et pour toujours, exactement comme rencontrer la femme qui me correspondrait exactement. Une solution parfaite qui permettrait de ne plus y penser.


Mais, ne plus y penser, est-ce que ce ne serait pas être déjà mort? Aller bien au fond de ce que je me laisse croire.

mardi 29 décembre 2015

Mon dojo improvisé

Ineo dort mieux, mais, avec Celia, on continue à faire une nuit sur deux sur le lit de notre bureau à la cave.

J'y ai installé un petit coin de méditation provisoire: à la place des tatamis, le linge de bain orange offert par Martin (plié en deux), à la place de l'autel, un carton de 3x500 feuilles A4 en action à la Migros (11 francs 85 au lieu de 23 francs 70),  à la place des Bouddhas, une bougie rouge dans un bougeoir transparent et, posée à côté, une boîte d'allumettes avec une photo de la Jungfrau.

Chaque détail de ce dojo improvisé me sert d'argument pour démonter la réthorique de mon égo qui me suggère régulièrement de ne méditer qu'une nuit sur deux, vu qu'une bonne méditation devrait naturellement selon lui se pratiquer dans un environnement parfaitement approprié, c'est-à-dire se pratiquer le moins possible.

lundi 28 décembre 2015

Me nourrir de l'art des autres

J'ai oublié de me nourrir de l'art des autres.

dimanche 27 décembre 2015

Un phare, non un port

- Le passé est un phare, non un port.

samedi 26 décembre 2015

Écrire pour apprendre à vivre

Une note, de 2006:


"Écrire pour apprendre à vivre, pas pour prouver que je sais écrire."

vendredi 25 décembre 2015

L'allumette consumée

L'allumette consumée, le souvenir de la méditation vécue.

Que la Force soit avec toi

Faire bouger des objets par la pensée, influencer les actions des autres en entrant dans leur tête, disparaître, se téléporter, voir dans le futur et dans le passé, Jedi ou pas Jedi, c'est de la décoration à côté de la présence à cette Force qui est partout, cette Force qui est tout, qui nous unit et nous lie tous, cette Force qui - mais Star Wars ne va pas jusque là - dissout ce moi qui croit encore avoir besoin d'un sabre laser pour défendre des idéaux qu'il imagine être les siens.

mercredi 23 décembre 2015

A suivre

L'écriture m'a amené à faire du bien à la Colifata, elle m'a fait découvrir le bouddhisme, elle n'avait peut-être pas à me conduire au livre et au grand roman.

Peut-être que si.

La comparaison, la séparation, l'opposition: spécialités de l'égo. 


À suivre.

mardi 22 décembre 2015

Vivre pour

Donner un exemple positif plutôt que dénoncer les exemples négatifs: vivre pour plutot que contre.

lundi 21 décembre 2015

Le sentiment de liberté

- C'est drôle, ces temps je pense surtout à des rues de Buenos Aires, des rues simples et banales, des moments absolument quelconques dont je pensais pas me souvenir.


- Peut-être que c'était des moments où tu te sentais libre, tu crois pas? Mais la nostalgie, elle t'empêche d'être ici, elle te laisse là-bas: l'important, c'est le sentiment de liberté. 

Dans le lieu du rêve

A Buenos Aires, je n'avais pas la place de rêver parce que j'étais dans le lieu du rêve.

samedi 19 décembre 2015

Ce lieu que tu as voulu mien

Seigneur
Dans les pas du jour, fais-moi entendre ce lieu qui est le mien.
Dans ces mots que je cherche, fais-moi voir ce lieu qui est le mien.
Dans la vie de ceux qui m’entourent, fais-moi sentir ce lieu qui est le mien.

Seigneur
Montre-moi que tous les ailleurs s’amoncèlent devant moi
Que le premier pas vers toutes les naissances à venir
Ne peut se poser qu’ici, dans ce lieu que tu as voulu mien.

vendredi 18 décembre 2015

Ce qui a mené les mots vers le dehors

On revient où tout a commencé: le spectacle de la Ribot.

Mais: joué par une autre danseuse qui avait l'âge qu'elle avait il y a vingt ans. 


Repartir de ce qui a été le premier élan, de ce qui a mené les mots vers le dehors. 

jeudi 17 décembre 2015

Il est sous sa vie

- Il est sous sa vie et la mange par la racine.

mercredi 16 décembre 2015

Les chausse-trappes de la ville

Une note, de 2006: 


"J’ai l’impression, pour le moment, de pouvoir déjouer une à une toutes les chausse-trappes que me tend cette ville si proche et si hostile. Je me connais mieux: je sais où et comment agit quoi en moi."

mardi 15 décembre 2015

Leticoooooo!

– Tu vois, je crois que je commence à comprendre ce que tu essaies de m’apprendre. C’est pas facile tu sais, ça me demande de changer beaucoup mes habitudes... Je vais sans doute m’énerver encore souvent parce que ça me demande vraiment d’avancer un bon bout, mais je crois que je commence à comprendre.

– Pa! Pa! Pa! Pa! Leticooooo!



– Let it go, oui petit bonhomme, let it go! 

lundi 14 décembre 2015

Le principe organisateur

Le principe organisateur est là: dévoiler ce tout qui est en moi. 


D'abord, une impression de pourvoir immense et puis, peu à peu, le sentiment que je suis à l'origine de ce pouvoir se dissout: je me mets simplement à en faire partie. 

Le rôle des contemplatifs

– Le rôle des contemplatifs est de rappeler qu’il y a dans le monde autre chose que le monde, que le but de la vie humaine n’est pas seulement humain.

samedi 12 décembre 2015

M'extraire des contraintes de la vie

Je pensais m'extraire des contraintes de la vie à la force de ma plume tout en sachant, au fond de moi, que ça ne serait pas possible. 

vendredi 11 décembre 2015

Changer ma vie

- Longtemps j'ai voulu changer ma vie jusqu'à ce que je m'aperçoive que c'était elle qui attendait que je change.

Ces gens qui ressemblent à d'autres

Ces gens dans la rue qui ressemblent à d’autres qu’on a côtoyés de plus ou moins près, mais dans une version plus petite ou plus grande ou plus difforme ou plus harmonieuse.

mercredi 9 décembre 2015

Le déclic des laisses qu'on décroche

C’est tout le couloir qui se met à tourner autour de ce métronome, à se balancer. Un compte à rebours très calme, posé, déclenché par le passage devant une cellule, un détecteur, une caméra, une alarme – et ce sera les chiens et la nuit et la lumière de torches dans la gueule et les torches dans les dents et les questions et les questions et les morceaux de dents dans la bouche et le déclic des laisses qu’on décroche.

mardi 8 décembre 2015

Sa chambre à elle

A force d’y penser, le point lumineux traverse, en effet, réellement le couloir de l'hôpital et non plus l’écran, ou peut-être à la fois le couloir et l’écran, mais il faudrait, pour vérifier cette hypothèse, pour démêler l’écheveau de la métaphore filée et des perceptions sensorielles, entrer dans l’une ou l’autre des chambres, c’est-à-dire entrer dans la seule chambre qui pourrait demander une visite, c’est-à-dire, mais une telle intrigue ne peut mener qu’à ce genre de choses, sa chambre à elle.

De la même matière que le bus

Dans un demi-sommeil après ma méditation improvisée au milieu de la nuit pour essayer de me rendormir, je me suis mis à glisser lentement entre les constellations avec le réalisme propre à ces états intermédiaires.


La réponse est venue le lendemain matin, le long de la rue qui descend vers Morges par dessus l'autoroute: j'ai senti avec une clarté toute nouvelle que j'étais fait de la même matière que les étoiles, de la même matière que le bus qui montait vers moi depuis le rond-point.

dimanche 6 décembre 2015

Exactement là

Sur l’écran d’accueil de mon iPhone, j’ai longtemps laissé un récapitulatif des indices de l’éveil spirituel. Je ne lisais que très rarement ces douze points, mais j’aimais bien les savoir là; je me disais même que je pourrais un jour les recopier sur mon blog.

Quand j’ai pris la photo d’Ineo émerveillé devant le gros nez rouge qu’il s’était mis lui-même, j’ai su que les belles formules devaient céder la place à cette pépite immédiate: détourner cet écran dont j’abuse pour me seriner que la vie est exactement là, autour de moi.

samedi 5 décembre 2015

L'impression qu'on souhaitait leur faire

Des gens qu'on ne connaissait pas, qu'on apprend à connaître et dont le jugement, tout d'un coup, nous importe. 

Et puis on cesse de les voir.


La seule chose qui subsiste encore un temps avant de s'éteindre aussi, c'est l'impression qu'on souhaitait leur faire. 

vendredi 4 décembre 2015

Cet exercice-là

En voyant par la fenêtre maman travailler dans le jardin sous la pluie, je me dis que c’est peut-être de cet exercice-là dont j’aurais besoin.

jeudi 3 décembre 2015

La place de jeux de Buenos Aires

- Elle est où la place de jeux de Buenos Aires?

- Laquelle? Il y en a beaucoup... Là, c'est celle devant chez Carlos avec les balançoires. Là, c'est celle avec le lac où on allait jouer au sable avec Marcelo.

- Et celle avec le cirque?

- Celle avec le manège? C'est la même, celle avec le lac. C'est tout près d'où on habitait.

- Quand j'étais toute petite?

- Oui, tu vois, c'est... c'est... c'est juste là.

- Là?

- Oui, ici. Tu sais, ça me manque beaucoup Buenos Aires, mais on peut pas être partout...

- Tu me racontes une histoire?

- Sur les tatamis?

- Oui! Sur les tatamis!

mercredi 2 décembre 2015

Entrer dans l'ombre pour en sortir

Catharsis: se faire du mal pour se faire du bien, entrer dans l'ombre pour pouvoir en sortir. 

mardi 1 décembre 2015

Quand je peux écrire

Quand je peux écrire, j'écris. Quand je ne peux pas écrire, je n'écris pas. Aussi simple que ça. 

lundi 30 novembre 2015

Au fond des odeurs de bois brûlé

Le moteur du chasse-neige et son gyrophare dans la nuit coupante.

La neige deux villages plus haut, les pentes luisent entre les forêts.


Une histoire prend racine au fond des odeurs de bois brûlé.

dimanche 29 novembre 2015

La vie se réchauffe de présent

Rassembler à travers la méditation les temps et les lieux pour ôter leur sens à la nostalgie et aux attentes.


Alors, spontanément, les temps et les lieux se mélangent, la vie se remplit, se réchauffe de présent.

samedi 28 novembre 2015

Dissoudre les questions

Une des manières de répondre aux questions que je me pose, c'est de les retirer, de les dissoudre.

vendredi 27 novembre 2015

Une femme, un monde

Une note, de 2011:

"Une femme est un autre monde. Il faut prendre le temps de le deviner, de le laisser se déplier à travers les détails minuscules des premières rencontres. Tout un monde qu'on a peur de découvrir vide ou, en tout cas, pas aussi plein de tout ce qu'on voudrait y trouver.


Ce monde qui est ce qui est, qui est surtout ce qu'on prend la peine d'y mettre. Parce qu'à la fin, bien sûr, on ne s'y découvre que soi-même, mais il faut du temps pour découvrir qu'on est soi-même en train de fabriquer ce qu'on croit découvrir, soi-même en train d'alimenter cet univers dont on croit qu'il s'offre à nous."

jeudi 26 novembre 2015

L'arbre à lolettes

– C’est que, vous comprenez, on a fait plus de deux cent cinquante kilomètres pour venir jusqu’ici...

– Oui, je vous entends, mais à ce que je sais, toutes les lolettes ont été enlevées pour l’hiver. Elles pourraient endommager l’arbre vous voyez. Il faut que je fasse un téléphone pour vérifier.

– Mais on peut les mettre et les enlever ensuite discrètement, c’est possible, non? C’est très important pour notre fille: ça fait déjà plusieurs jours qu’on la prépare à ce moment et c’est elle-même qui a décidé de laisser non pas une, mais toutes ses lolettes! Toutes! Vous imaginez? Elle les a même accrochées à des rubans roses et violets, parce qu’elle adore le rose et le violet!

– D’accord, mais vous savez qu’on ferme dans moins d’une demi-heure?

– Est-ce qu’on peut juste entrer dans le zoo pour voir cet arbre, laisser les lolettes, les reprendre et repartir?

– Tout ce que je peux vous proposer, c’est le demi-tarif: 13 francs par adulte. Ça ferait donc 26 pour les deux. Les enfants ne paient pas.

– Juste un petit saut, c’est pas possible?

– C’est 13 francs si un des adultes reste dehors. L’arbre se trouve ici, juste en face des toilettes.

– Bon bon, d’accord: deux adultes s'il vous plait. En route pour l’arbre à lolettes!

mercredi 25 novembre 2015

Pas plus loin

Je suis revenu dans le magma de mes habitudes pour pouvoir découvrir à nouveau, plus profondément, ce que j'avais compris, ce que je croyais acquis, ce sur quoi je pensais pouvoir m'appuyer - tout était si limpide! - pour aller plus loin.


Pas plus loin, donc, plus profond.

mardi 24 novembre 2015

Le nom des lieux

Écrire le nom des lieux me les rend plus exotiques que de les traverser.

lundi 23 novembre 2015

Le calme vivant et la non-existence

Ne pas confondre le calme vivant et la non-existence. Dans les deux cas, on ne souffre pas. 

dimanche 22 novembre 2015

L'espace ouvert et sombre

Grandeur des paysages en train de s’enneiger. De nouveau porté par cette envie d’écrire un roman pris dans l’hiver, dans l’espace ouvert et sombre qui palpite à un rythme très lent, souterrain.

samedi 21 novembre 2015

Une vérité qui tient par elle-même

Une note, de 2010:

"Écrire pour remplir des pages ne fait pas sens. Écrire pour m'aider à trouver et à sentir cette vérité, oui. J'ai déjà découvert qu'écrire pour être célèbre ne faisait pas sens. Oikawa, comme souvent, tourne la question dans l'autre sens: si la vérité est vraiment là, la célébrité viendra. Si c'est la célébrité qui est recherchée: il ne se passera rien. Je ne crois pas que cette vérité soit une vérité de l'aveu, parce que l'aveu – je repense au dernier exemple qui est le texte de Giulio – est avant tout un acte égocentrique, un acte qui est tourné vers soi dans le geste même de la révélation.

Cette vérité est une vérité de l'adéquation, une vérité de la phrase qui disparaît derrière ce qu'elle dit parce qu'il n'y aurait pas eu d'autre manière de le dire, parce qu'on ne se demande plus s'il y aurait eu une autre manière de le dire. C'est une vérité de l'évidence, une vérité qui prend la place de tout ce qui pourrait être dit parce qu'elle porte en elle la certitude que toute autre approche n'aurait pas été tout à fait aussi ajustée, pas tout à fait aussi adéquate, pas tout à fait aussi simple. C'est ce moment qui fait clic. Ce moment que je gagnais à la sueur de mon front et qui doit, qui va devenir une habitude, parce que la vérité dépend de la volonté et que je crois être rempli d'assez de volonté.

Cette volonté, je vais peut-être devoir l'éduquer, je vais peut-être devoir la convaincre, mais je crois que cette volonté est bel et bien là, je crois que je peux ne pas avoir de doute à son sujet, je crois que je peux faire confiance à cette volonté qui est en moi. L'aveu est une vérité socialement constituée, une vérité qui dépend de normes, qui dépend d'une époque, qui dépend d'un contexte. L'aveu, même s'il a l'air d'une vérité du coeur est avant tout une vérité de la tête, une vérité qui dépend des prétextes, une vérité qui tombe dès qu'on lui retire l'étai des lois.

La vérité que je cherche est une vérité qui tient par elle-même, parce qu'elle n'a pas d'autre source qu'elle-même, pas d'autre source que moi-même. Une vérité qui n'est pas déviée par ce que je sais, qui n'est pas déviée par ce que j'ai appris, une vérité qui peut jaillir hors de moi parce que je dispose de la technique des mots qui lui laisse libre cours, parce que je sais taper, parce que je sais laisser sortir les mots hors de moi, parce que j'apprends à ne pas donner d'autre forme aux mots que celle qu'ils se donnent eux-mêmes."

vendredi 20 novembre 2015

Tendu

Une note, de 2007:

"Tendu comme je ne l’ai pas été depuis longtemps. Le monde m’arrive comme à travers un voile qui serait accroché à mon plexus. Tout me semble un peu flou et ce qui dépasse le reste, les bruits surtout, me fait sursauter à l’intérieur, ce qui veut dire que tous mes organes sautent sans que mon expression change, sans que ma peau soit véritablement affectée.

Il y a aussi l’effort qu’il faut faire pour faire entrer un peu d’air au milieu de ce corps serré sur lui-même et cette impression d’être sale, très sale, de regorger de pellicules et que tous les gens autour de moi dans le métro, eux aussi, sont très sales, exhalent de petites puanteurs intimes, de vieux cols, de bouches et de cuirs chevelus.

Et mon visage un peu moins sensible, comme pendant une bonne cuite, une bonne journée de ski, mes mouvements mesurés et mes coups d’œil brefs, pour surveiller le monde, cette impression d’aller chez le dentiste – il s’agit d’un cours de tango –, mon désespoir quand la boulangère m’a dit qu’elle ne pouvait me rendre sur mon billet de deux pesos pour mes deux croissants et que j’ai été forcé de lui dire que je ne pouvais pas les lui acheter, alors, sans même me plaindre, sans même insister, sans même faire tout le petit cirque qu’un Argentin, à ma place, aurait fait."

jeudi 19 novembre 2015

La flèche vers le haut

– Pourquoi la flèche elle va en haut?

– Elle va pas en haut, elle va tout droit. Enfin, oui, elle va en haut, mais ça veut dire qu’elle va tout droit, parce que si elle allait tout droit, on ne la verrait pas. Tu comprends?

– Alors on peut y aller? C’est vert!

– Non, parce que nous, là, on veut aller à droite et la flèche qui montre à droite, de ce côté-là, eh ben elle est encore rouge.

– Alors, là, on peut y aller?

– Mais oui! On y va! J’aime beaucoup tes questions, petite Lucie, vraiment beaucoup!

mercredi 18 novembre 2015

Du moment où je l'écris

Une note, de 2010:

"L'important n'est pas l'inspiration, c'est d'être là. C'est aussi un exercice. 

Tout ce que j'écris ne peut venir que du moment où je l'écris.


Me répéter ça comme un mantra."

mardi 17 novembre 2015

Comme l'ombre de l'arbre

Une note, de 2014:

"Maman qui joue du violon pour se changer les idées, pour faire face à la mort, celle de Dellon et puis la sienne. Je me reconnais bien dans cette posture de petit soldat.

Hier, en la voyant traiter les rosiers au fond du jardin, je me suis dit que ça serait bien qu’elle meure d’une crise cardiaque au milieu de ses salades, pas qu’elle meure maintenant, mais qu’elle meure comme ça.

Ce temps qui passe, qui passe pour tous, comme l’averse, comme l’ombre de l’arbre."

lundi 16 novembre 2015

Souvenirs du Grenier

Une note, de 2007:

"L’autre jour, au bistrot, je suis revenu dans ma tête jusqu’à la soirée du Grenier. Je me suis forcé à ne pas écrire pour bien rester dans la sensation et j’ai commencé à avoir peur, physiquement.


Tous étaient là, le père et le substitut du père, les rôles et les importances mélangées. Et Paola dont je me rappelle quelques fragments, toujours les mêmes: très difficile d’en faire naître d’autres, même avec beaucoup d’efforts."

dimanche 15 novembre 2015

Me tenir tête à moi-même

Tenir tête à quelqu'un est finalement nettement plus constructif et confortable que de me tenir tête à moi-même.

Toujours déjà là

Le temps n'est pas celui qu'on croit. Le temps n'est jamais celui qu'on croit. Il n'est jamais passé, jamais à venir, toujours déjà là. 

vendredi 13 novembre 2015

Rien ne nait de rien

- Rien ne nait de rien et s'il nait de rien, c'est que ce rien est déjà quelque chose. 

jeudi 12 novembre 2015

Les sens et la mémoire

Les montagnes me montrent que je tends vers des moments où je tendais vers autre chose et que je suis frustré de ne pas retrouver ce moment. Mais c'est impossible parce que tout, presque tout était dans la tension vers.


Phrase de Proust sur la différence entre les sens et la mémoire. 

mercredi 11 novembre 2015

Dans le monde

C'est dans le monde qu'il faut faire ce qu'il y a à faire, pas à côté. 

mardi 10 novembre 2015

Quand je parle depuis lui

Une note, de 2010:

"Ce dont je parle n'a que peu d'importance, ce qui importe, c'est comment j'en parle, c'est depuis où.

C'est cet où que je cherche ici. Cet où dont j'ai une intuition très intermittente, mais qui me manque partout ailleurs. Cet endroit profond depuis où je prends la parole, cet endroit auquel je dois apprendre à faire véritablement confiance, cet endroit qui peut m'apprendre des choses, m'apprendre ce qui est vraiment important, si je sais lui faire entièrement confiance, si je sais écouter ce qu'il me dit quand je parle depuis lui.


Si je sais écouter ce qu'il me dit quand je parle depuis lui."

lundi 9 novembre 2015

Se sentir vivant en le faisant

– En fait, tu sais, j'ai l'impression que quand je suis arrivé, mon texte, c'était un gros menhir bien terminé qui ne me plaisait pas, que j'arrivais plus à bouger et dont je savais plus trop quoi faire... Marianne a sorti son marteau et son ciseau, elle en a fait plein de petits morceaux et elle m'a dit, avec beaucoup de tact: Vas-y, fais-en autre chose!

– Moi, ce que je trouve bien avec les éditeurs, c'est qu’ils se posent pas la question, eux, de savoir si c’est recevable ou pas: ils te font leurs critiques cash et c’est à toi d’encaisser et d’en faire quelque chose pour avancer même si tu t’en es pris plein la gueule.

– Bon, mais il faut pas oublier que c’est finalement juste des taches d’encre sur un peu de papier… L’important c’est de se sentir vivant en le faisant!

– Moi, je suis pas sûr de me sentir vivant en le faisant...

– Ah non? C’est vrai que quand on se prend des pains dans la gueule de la part des éditeurs, alors là oui, on se sent vachement vivant!

dimanche 8 novembre 2015

C'est à moi!

Quand je serai vraiment détaché de cette idée de propriété, je cesserai de rencontrer des gens qui me crient:


- C'est à moi! C'est à moi! C'est à moi!

Sans doute dans une autre vie.

samedi 7 novembre 2015

Me débarrasser des vieux trucs

Avouer quelque chose qui me fait honte, c'est comme me débarrasser de vieux trucs auxquels je tiens encore sans trop savoir pourquoi, des trucs auxquels j'invente des utilités de plus en plus éloignées et improbables: ça fait un bien très profond. 

vendredi 6 novembre 2015

Comme en équilibre

Une note, de 2010:

"Après, dans le nouveau café que j’avais envie d’essayer depuis un moment, El Tranvía, je crois, près de la gare de Primera Junta, j’ai vécu un moment très fort de connexion.

Je regardais devant moi, les yeux mi-clos, comme quand je médite, les deux mains posées sur mon carnet, et je sentais l’espace visuel et sonore se courber autour de moi, je sentais que tout ne gardait pas les mêmes distances, les distances que m’indiquent d’habitude mes sens.

Quand j’essayais d’écrire tout ça, il se passait aussi quelque chose d’étrange avec mon stylo qui ne sentait pas vraiment la résistance de la page, ma main qui ne sentait pas vraiment la résistance du stylo, mon autre main qui ne sentait pas vraiment la résistance de la table. L’ensemble du monde changeait d’aspect autour de moi, ma perception du monde autour de moi changeait.

Bien sûr, par moments, je me sentais pas très à l’aise, je sentais le besoin d’ouvrir les yeux, de noter quelque chose sur mon carnet, parce que je sentais qu’on me regardait, que je sentais que la jolie serveuse à la quarantaine bien ferme et à la tresse noire très serrée me regardait, alors je n’arrivais plus tout à fait à me laisser aller à ce que je sentais, alors j’écrivais un peu, en me disant que je pourrais rentrer et me branler en pensant à la jolie serveuse, mais que c’était justement un truc pour me faire sortir de cet état alors que non, on allait rester encore un moment et qu’on verrait bien ce qui se passerait.

Je suis resté et il ne s’est rien passé de plus. Je suis seulement resté encore un peu dans cet état, comme en équilibre, en équilibre au bord de je ne sais pas trop quoi – mais, maintenant aussi, j’ai les yeux mi-clos et la sensation des doigts sur le clavier n’est pas habituelle."

jeudi 5 novembre 2015

La pratique au quotidien

Une note, de 2013:


"En chantant à pleine voix le Shoshinge dans sa version brahmanique, je me dis que la pratique au temple est là pour soutenir la pratique au quotidien, pas pour la remplacer: celle qui compte, c'est quand même celle de tous les jours."

Il n'y en a pas une qui compte plus que l'autre.

mercredi 4 novembre 2015

I forgot to open the page

Ce soir, Piazzolla dans la voiture ne m'a presque rien fait. Pire, je sentais qu'il aurait pu me faire quelque chose, mais que non. Il y a juste ce moment où il dit I forgot to open the page avant de replonger dans le morceau qui m'a lancé des frissons dans le bas du dos.

mardi 3 novembre 2015

La moissonneuse étincelait

Tout d'un coup, juste avant l'arrêt du bus, la moissonneuse à côté de son tas de betteraves étincelait dans la dernière lumière du jour.

lundi 2 novembre 2015

Pendant que j'ai une forme humaine

Mon angoisse de gaspiller ma vie, de la laisser filer entre mes doigts. Avant, j'avais peur de ne pas arriver à créer une véritable œuvre d'art. Maintenant, j'ai peur de ne pas arriver à véritablement comprendre la Voie pendant que j'ai la chance d'avoir forme humaine.

dimanche 1 novembre 2015

Loi de l'attraction

Loi de l’attraction: ces derniers temps, je rencontre des femmes qui ont fait de beaux chemins spirituels, mais qui restent accrochées à des relicats d'égo qui nourrissent leurs peurs et les rendent agressives.

Qu'est-ce que ça peut dire exactement de moi et de là où j'en suis? Qu'est-ce que j'ai exactement à apprendre de ces rencontres?


M'inspirer de ce vers quoi elles tendent, pas de leur manière de le vivre ici et maintenant. Faire mon possible pour que ce vers quoi je tends s'incarne, à sa mesure, ici et maintenant.

Celui que je critique ou que je crains

Je gagne à imaginer que je suis celui que je critique ou que je crains, jusqu'au bout.


Toutes les nuances que je mets entre lui et moi m'éloignent de la vérité et de la liberté. 

vendredi 30 octobre 2015

Le grand œuvre

Découvrir le grand œuvre dans le quotidien.

jeudi 29 octobre 2015

Le grand Amour

- Le grand Amour n’a pas à nous rendre heureux ou malheureux. Ce qui est dit ici n’est pas loin de ce que disent les mystiques : l’amour est à la fois ce qui nous comble et ce qui nous creuse. Ce qui nous pacifie et ce qui nous crucifie… Il peut nous conduire au-delà du bonheur et du malheur. Il nous rend justement capable d’aller au-delà de ce que l’on appelle le bonheur ou le malheur, au-delà du psychisme. Et c’est là que commence le spirituel.

mercredi 28 octobre 2015

Encore mieux que le sommeil!

Réponse toute prête pour mon égo qui soutient que la méditation va me manger de précieuses minutes de sommeil: c'est encore mieux que le sommeil!

mardi 27 octobre 2015

Place nette sur son bureau

Méditer c'est faire place nette sur son bureau, un moment. 

lundi 26 octobre 2015

Une croisade pour l'orthographe

Je me demande ce qui pousse certaines personnes, souvent des écrivains, souvent sur les réseaux sociaux, à mener une croisade pour l'orthographe et la grammaire.


L'avantage, quand ces gens prennent la peine d'expliquer une règle ou l'autre, c'est que je peux souvent dissiper un doute qui reviendra très probablement dans quelques jours.

dimanche 25 octobre 2015

La liste de mes peurs

Me mettre face à mes peurs, en faire la liste précise et terminer mon roman grâce à elles. 

samedi 24 octobre 2015

Régler cette affaire par le bas

Une note, de 2014:

"J'ai l'intuition que je suis sur la fausse route, que j´essaie de régler cette affaire de Sylvie par le haut – c'est-à-dire en utilisant les mêmes moyens qu'elle – alors qu'il faudrait parvenir à la régler par le bas.


Qu'est-ce que ça veut dire? C'est le mot humilité lu chez Carrère cet après-midi qui me vient. Qu'est-ce qui, dans ce cas, serait faire preuve d'humilité? Je ne sais pas. C'est par là qu'il faut que je cherche."

vendredi 23 octobre 2015

Des mouvements de manches

Une note, de 2010:

"Faire le récit de ce qui s'est passé, même de manière originale, ne me sert pas à grand-chose parce que je ne vais rien apprendre de plus. Si la forme peut m'aider à découvrir, c'est bien, mais elle ne me sert à rien si elle est seulement là pour faire joli. 

Je cherche de plus en plus à laisser ressortir les sentiments qui viennent, même les plus désagréables, ceux qui sont les plus difficiles à admettre, mais il faut que je fasse attention à ne pas les exagérer au passage parce qu'ils en deviendraient tout aussi faux.

Même si l'exagération peut aussi être un moyen de me rapprocher de ce que je ne veux pas voir en moi, de ce que je ne veux pas me laisser voir, c'est aussi un moyen de corrompre ce que je vois et de m'en éloigner.


A moi, après, de rétablir l'équilibre, de rétablir la justesse, parce que je ne vais pas pouvoir trouver de solution en dehors de la justesse: tous les mouvements de manches que je vais faire, dans un sens ou dans l'autre, seront en trop."

jeudi 22 octobre 2015

Au milieu d'une guerre

Presque au sommet du col du Simplon, deux soldats bloquent le traffic au milieu d'une galerie, au début d'une zone en travaux réduite à une seule voie. C'est la nuit, la personne devant nous coupe le contact. Un des soldats masque le feu, parfois rouge, parfois vert, avec le panneau interdiction de passer qu'il tient au bout d'un manche.

Rien pendant un bon quart d'heure et puis les reflets orange d'un gyrophare accompagnés d'un grondement tellurique. Lucie demande ce qui se passe, Ineo dort.

La lumière orange se détache de la longue courbe en direction du col: c'est une jeep. Devant le premier tank, un homme marche à reculons pour s'assurer que les chenilles ne mordent ni sur le trottoir, ni sur la chaussée excavée. Quand le tank arrive à la hauteur du feu rouge ou vert, l'homme grimpe sur la machine et disparaît dans une trappe.

Au moment où la masse de fer accélère juste à côté de nous, non Ineo ne s'est pas réveillé, au moment où chacun des tanks de la colonne qui la suit met les gaz à quelques centimètres de notre habitacle tiède, nous sommes vraiment au milieu d'une guerre.

mercredi 21 octobre 2015

L'accoucheur du maître intérieur

- Le guide extérieur n’a de sens qu’en tant qu’écho et accoucheur du maître intérieur. Une fois que ce dernier a été trouvé, le premier doit s’effacer.

mardi 20 octobre 2015

Moitié moitié

- Fankhauser!

Le contrôleur qui vient de scanner mon billet sur mon iPhone se marre. 

- C'est suisse allemand, ça!

- Oui, mais je suis né en Suisse romande. 

- Fankhauser, c'est suisse allemand et Pierre, le prénom... C'est romand! Moitié moitié!

Et il sort du wagon en rigolant.


C'est peut-être à cause de lui que je fonds en larmes en cherchant l'arrêt du tram 17 sur le côté de la gare de Zurich. Cette moitié enterrée an flanc d'une des colines qui ondulent autour de moi n'est tout d'un coup plus à sa place dans l'absence.

lundi 19 octobre 2015

Où va nous conduire notre vie

Se mentir à soi-même: savoir pertinemment où va nous conduire la vie qu'on est en train de se construire et faire comme si on ne le savait pas. 

dimanche 18 octobre 2015

Moins de livres à écrire

Ce soir, j'ai fait du tri dans mes livres: deux cornets Migros de moins à la première bibliothèque.

Pourquoi est-ce que je garde tous les autres que je ne vais certainement pas relire? Pour prouver à quelqu'un - à qui? - que je les ai lus? Pour donner corps à ces années de lecture? Pour m'encourager en me disant que ces rayons de Minuit, de Blanche et de livres de poche ont bien dû me donner quelques outils d'écriture?

Il faut du courage pour devenir léger. Et encore, se débarrasser du matériel tient à peine de l'échauffement... M'observer en train de faire de la place autour de moi me donnera certainement des pistes pour en faire en moi. Du coup, qui sait, j'aurai peut-être moins de livres à écrire.

samedi 17 octobre 2015

Comprendre où je vais

Ne garder de l'écriture que ce qui me permet de comprendre où je vais.

vendredi 16 octobre 2015

Dans trois ans

- Dans trois ans, vous allez découvrir quelque chose. Mais bon, c'est juste une évaluation personnelle.

jeudi 15 octobre 2015

Un centre insignifiant

Des tours de plus en plus petits autour d'un centre de plus en plus insignifiant. 

mercredi 14 octobre 2015

Au bord du monde

Sur la fin de la nuit, je n'ai pas pu me rendormir après avoir changé les draps mouillés d'Ineo et raconté une histoire à Lucie qui avait peur peur peur. Je me suis senti très seul, comme j'imagine qu'on peut se sentir juste avant la mort. Toutes les images qui me venaient étaient des images séparées.

Petit à petit, je me suis mis à tisser des liens, avec mon lit, avec ma chambre, avec ceux qui dormaient dans notre maison, j'ai senti de la chaleur qui naissait de ces contacts en train de se faire.

Au moment où j'étais en train de glisser dans le sommeil, Ineo s'est réveillé pour de bon. Alors je l'ai pris dans notre lit et j'ai joué avec ses petits doigts en pensant à cette solitude qui avait scintillé quand je m'étais ouvert à elle, quand j'avais entamé simplement la discussion.

Je sais à présent comment ne plus être au bord du monde.

mardi 13 octobre 2015

Les éléments qui font un sentiment

Odeurs de fumée, retour en voiture, lumière d'automne, forêt, tous les éléments qui font un sentiment.

lundi 12 octobre 2015

Le bon chemin devrait être facile

- Oui, je t'entends, mais une nouvelle fois, cela me parait difficile. Il faudrait que la chose vienne d'elle-même, sans travail, sans discipline, sans mantra et méditation. Le bon chemin devrait être évident et facile.

- Les mantras et la méditation sont des béquilles pour des gens comme toi et moi qui trouvent le chemin difficile. Le chemin est facile pour certains, difficile pour d'autres, suivant ce qui a été vécu dans les centaines de milliers de vies précédentes, mais il n'est en définitive ni facile ni difficile, ni véritablement un chemin. Il suffit d'ouvrir les yeux, grâce à la vie, grâce à l'art, à l'amitié, à tout ce qui est important pour nous.

dimanche 11 octobre 2015

Si tu aimes ce que tu vis

- Veux-tu dire comme beaucoup qu'il faut se contenter de ce que l'on a? Et perdre l'espoir et l'attente d'autre chose?


- Pas tout à fait: si tu n'arrives pas à aimer ce que tu vis maintenant, tu n'arriveras pas non plus à aimer ce que tu attends, même si ce que tu attends se présente exactement comme tu l'attends. Au contraire, si tu aimes ce que tu vis, tu n'attendras plus rien, parce que même ce que tu vis sera plus heureux et plus plein que ce que tu attendais.

samedi 10 octobre 2015

Le but nous cache le chemin

- Nous marchons trop souvent de long en large… Nous oublions de marcher en profondeur. Chaque pas sur le chemin, chaque rencontre est déjà le but. Et nous ne voyons pas ce que nous rencontrons parce que nous attendons autre chose, parce que nous regardons au-delà de ce que nous rencontrons, le but parfois nous cache le chemin.

vendredi 9 octobre 2015

A travers champs

En marchant à travers champs, étudier les effets sur moi de cette force qui me taraude, cette force qui voudrait m'attacher à ma table pour que j'écrive, même des mails, que je lise, que je ne fasse rien, mais à mon poste. 


Étudier cet air qui commence à manquer, chacune de ces excellentes raisons de faire demi-tour, ces moreaux de verre pilé au fond de mon ventre. Étudier attentivement, un pas après l'autre, jusqu'à ce que le mouvement ait pris la place de l'immobilité.

jeudi 8 octobre 2015

Salam aleykum!

Je marche le long de la place de l'Europe, juste derrière trois enfants, deux garçons et une fille. Quand je les dépasse, le plus petit des garçons me lance:

- Salam aleykum!

Et moi, sans réfléchir:

- Aleykum Salam!

En train de pianoter sur le bancomat de l'UBS, après avoir jeté un œil à la porte de la banque pour vérifier si ces gamins trop cordiaux m'avaient suivi, je me laisse aller tout entier à cette spontanéité: je sais qu'on s'est reconnus. 

mercredi 7 octobre 2015

La plupart des années de ma vie

Un sentiment tellement juste qu’il a rassemblé en un instant la plupart des années de ma vie.

mardi 6 octobre 2015

Au fond de moi

Au fond de moi se trouve l'entier de l'univers parce qu'au fond de moi, il n'y a pas de limite entre l'univers et moi.

lundi 5 octobre 2015

Et ça, c'est quoi?

- Et ça, c'est quoi?

- Un cheval!

- Et ça?

- Un canard!

- Oui, si tu veux, un canard. Et ça?

- Une maison!

- Très bien. Vous pourriez lui boucher l'autre œil à présent s'il vous plait? Alors ça, c'est quoi?

- Une fleur!

- Et ça?

- Une voiture!

- Et ça?

- Une voiture.

- T'es sûre?

- Je sais pas.

- Et ça, c'est quoi?

- Je sais pas.

- Et ça?

- Je sais pas.

- Et ça?

- Un poisson.

- Oui, bravo, très bien!

En sortant, le nez en l'air, juste sous panneau:

- Ça c'est une maison, ça c'est une voiture, ça c'est un lapin, ça c'est un escargot, ça c'est une fleur!

dimanche 4 octobre 2015

Un feu de feuilles mortes

Au détour de la haie, le cadeau d'un feu de feuilles mortes. 

samedi 3 octobre 2015

Enlever une à une les couches de cette vie

Enlever une à une les couches de cette vie que j'ai essayé tant bien que mal de me construire et dévoiler l'essentiel.

vendredi 2 octobre 2015

Ce qu'on est en entier

– Et vous, qu'est-ce qui vous a poussé à venir travailler ici?

– Aux soins palliatifs? C'est pour ne pas donner seulement des médicaments, pour apporter autre chose, pour soigner aussi avec des mots. Ici, on ne peut plus tricher.

– Plus le temps, plus l'énergie pour les masques?

– En effet, plus de filtres. Ici, on est ce qu'on est en entier.

jeudi 1 octobre 2015

Vivre ce que je voulais vivre

L'écriture a pris de la place à partir du moment où j'ai cru que je ne pourrais jamais vivre ce que je voulais vivre.

mercredi 30 septembre 2015

De lisière en lisière

Être attentif, de pas en pas, de lisière en lisière, à ce que ma manière de choisir mon chemin dit de moi.

mardi 29 septembre 2015

Apprendre par l'échec et par le succès

D'après mes goûts personnels, des livres très mauvais ont souvent un succès qu'ils ne méritent pas et des livres très bons n'ont souvent de loin pas le succès qu'ils méritent.

Outre le fait que mes goûts ne semblent pas être de très fidèles indicateurs de réussite litteraire, je me dis qu'il faut sans doute poser la question autrement: les auteurs qui ont du succès dans cette vie-ci doivent apprendre par le succès et ceux qui n'en ont pas doivent apprendre par l'échec.

Je crois de moins en moins que l'un des apprentissages soit plus facile que l'autre.

lundi 28 septembre 2015

Pour que ces mensonges deviennent inutiles

Être impitoyable avec les petits mensonges des autres, ceux qu'ils font ou qu'ils se font, d'autant plus impitoyable que ces mensonges sont les miens étant donné que, si je peux les voir, c'est que je mens et me mens de la même manière.

Impitoyable non pas pour dénoncer à tour de bras des magouilles quotidiennes aussi tristes que douloureuses, mais pour y voir plus clair, pour avancer, pour que ces mensonges, autant qu'ils soient, deviennent absolument inutiles.

dimanche 27 septembre 2015

Tu es rempli d’aventures à venir

Ça, c’est sûr, de la vieillesse, tu ne vas pas t’en sortir. Celui qui s’en sortira – parce qu’il y a quelqu’un qui s’en sortira – s’élancera vers d’autres aventures. Celui-là ne sera pas toi, tout comme celui qui était là avant que tu naisses n’était pas toi. L’aventure est là, partout, toujours, tout le temps: ce qui m’en sépare, c’est mon désir de la vivre moi, pour moi. Une fois que les murs dressés par l’égo tombent, même ceux des prisons de haute sécurité ne font plus sens, même ceux de la mort. Tu es rempli d’aventures à venir, camarde!

samedi 26 septembre 2015

Des idées pour améliorer ton texte

- Si un électricien vient chez toi pour te poser une prise et qu'il te fait une facture, tu trouves ça normal. Eh bien, c'est pareil pour quelqu'un qui te propose des idées pour améliorer ton texte.

vendredi 25 septembre 2015

Les poèmes de Mujica

Apprendre à traduire les poèmes de Mujica pour apprendre à les écrire. 

jeudi 24 septembre 2015

Mauvais politicien mais bon vivant

J'ai tout à perdre à accumuler les petits avantages, à caresser les personnes qui pourraient m’être utiles dans le sens du poil.

Dire ou ne pas dire, suivre mon intuition, mais laisser tomber ce principe de précaution qui engourdit mon présent à force de garder les portes ouvertes.

Être en lien avec la situation, pas avec mes stratégies: mauvais politicien mais bon vivant.

mercredi 23 septembre 2015

Tes soucis, tes projets

Une note, de 2014:


"J'ai l'impression que tes soucis te servent de projets." 

mardi 22 septembre 2015

Sur ce qui m'ouvre

Ecrire sur ce qui m’ouvre plutôt que sur ce qui me limite.

lundi 21 septembre 2015

Ta dernière nuit

Ça fait presque un an que tu es morte.

Vendredi, je suis allé aux bains de Charmey. En écrivant mon journal dans le train, j’ai su qu’il fallait que je reprenne le texte de notre dernière nuit à l’hôpital d’Aubonne.

Je me suis assis à la cafétéria et je suis revenu près de toi, au milieu des odeurs d’huiles essentielles et de chlore. Ta respiration qui s’arrête, qui repart, la grande terrasse, les Alpes de plus en plus lointaines, les mantras et les sutras que j’ai fini par ne plus vouloir entonner.

Sous les jets d’eau chaude en face des montagnes, le texte a continué à prendre forme: il a choisi des chapitres courts, au plus près de cette vie en train de te quitter.

Après une croute au fromage, le Sapin était trop bruyant pour te retrouver. Alors j’ai pris le bus jusqu’à Bulle, le train jusqu’à Romont et je me suis posé au Terminus pour finir de traverser Ta dernière nuit.

dimanche 20 septembre 2015

Le succès de mes amis écrivains

Tant que je n’arriverai pas à me réjouir du succès de mes amis écrivains comme si c’était le mien, je ne pourrai pas écrire en paix.

samedi 19 septembre 2015

La lame de mon attention

Aiguiser la lame de mon attention pour entrer dans le présent.

vendredi 18 septembre 2015

Deux serpents noirs

Un jour, pendant la méditation, je suis arrivé à voir deux serpents noirs, boueux, qui se battaient au fond de moi. 

jeudi 17 septembre 2015

Le grutier

Le grutier, là-haut, dans le lever du jour. 

mercredi 16 septembre 2015

Dans nos derniers retranchements

Avec les nuits qu'il nous mitonne, Ineo est en train de nous pousser dans nos derniers retranchements pour qu'on change: reste à savoir comment et dans quel sens.

mardi 15 septembre 2015

Mes propres moments de plénitude

L'écriture est venue à partir du moment où j'ai cru que je devais me créer mes propres moments de plénitude.

lundi 14 septembre 2015

Le soleil d'automne en éventail

Quand il me pousse la tête en arrière avec ses petites mains, Ineo me fait voir le soleil d'automne en éventail à travers le sommet des arbres.

dimanche 13 septembre 2015

Quelques impressions importantes

Les éléments sont encore les mêmes et le paysage n’a pas changé depuis tout à l’heure. Même plus les phares pour en dire quelque chose.

La nuit rassemble les distances pour leur faire dire autre chose, concentre tout le sens de ce qu’on peut voir dans quelques impressions importantes mais difficiles à définir. 

samedi 12 septembre 2015

Une dette de cette vie ou d'une d'avant

– Si quelqu'un vous coince dans la rue et vous braque avec un flingue, vous avez intérêt à lui donner tout ce que vous avez: c'est certainement qu'il vient réclamer une dette de cette vie ou d'une d'avant. Alors, plutôt que de le maudire, vous pourrez le remercier d'avoir équilibré les comptes!

vendredi 11 septembre 2015

La liberté première

Il y a la ville qui s’incline vers le lac, le soleil, le vent qui vient déjà de l’hiver, cette liberté provisoire ressentie en général de l’autre côté de la terre qui réveille aujourd'hui la liberté première, vécue et perdue ici.

jeudi 10 septembre 2015

L'image que je cherche à donner

Je m'enferme dans l'image que je cherche à donner. 

mercredi 9 septembre 2015

Des nouvelles de David

David n'est pas venu à notre rendez-vous de mercredi dernier, le premier après l'été, rendez-vous pourtant confirmé deux jours plus tôt. Téléphone, WhatsApp, mail: pas de réponse.

Tout à l'heure, j'ai cherché le numéro de son foyer et j'ai appelé pour avoir des nouvelles.

Après un blanc, l'éducateur qui m'a répondu m'a dit que David était hospitalisé, que le mieux serait qu'il lui demande de prendre contact avec moi pour que David me dise lui-même ce qui s'était passé.

Je suis revenu à la dernière version de cette autobiographie que je l'aide à corriger depuis le printemps et j'ai fait défiler le document jusqu'au bout: il l'avait terminée.

mardi 8 septembre 2015

Le gris s'uniformise

Avec un geste de la paume sorti de je ne sais où, je tapote sur le bord de l'encensoir pour réorganiser les cendres avant la méditation.


Petit à petit, le gris s'uniformise et devient plus clair. 

lundi 7 septembre 2015

Bal de la rentrée

Bal de la rentrée sur les réseaux sociaux: tout le monde trouve le bouquin de tout le monde absolument formidable.

Après, on se met à lire. Ou pas.

dimanche 6 septembre 2015

Offrir la disponibilité au texte

Plutôt que de m'efforcer à recréer par les mots le contexte de la disponibilité, travailler directement la disponibilité pour l'offrir au texte. 

samedi 5 septembre 2015

Et alors tu seras libéré

- Au contraire. Tu sors ton texte du disque dur. Tu le relis, tu enlèves ce que tu ne supportes plus, tu ajoutes sans réfléchir ce qui jaillit. Tu fermes. Tu reprends trois semaines plus tard et tu l’envoies à ton éditeur. Et alors tu seras libéré.

vendredi 4 septembre 2015

Le service après-vente

En rentrant de la soirée d'ouverture du Livre sur les quais, je me dis que ce qui m'intéresse dans l'écriture, c'est de voyager dans les paysages et les vies de mots, pas le service après-vente.

jeudi 3 septembre 2015

Toi qui es partout

Dans un café de campagne, une vieille femme se lève et parle de mon père: c'était un gentleman!


Après, au réveil: pourquoi la campagne? Pourquoi une vieille femme? Papa, qu'est-ce que tu deviens, toi qui es partout depuis déjà si longtemps?

mercredi 2 septembre 2015

Le volume des arbres

Quand je suis en état d'attention, les arbres prennent du volume dans le vent. 

mardi 1 septembre 2015

Le lac ouvert par l’orage à venir

Je me suis trompé de gare: Pully-Nord à la place de Pully. Grande liberté en descendant vers le lac ouvert par l’orage à venir.

Le panneau bleu avec un petit bonhomme qui prend un escalier m’appelle: il faut que je passe par là.

Je sens que je peux de nouveau donner de l’espace mental à mon intuition.

lundi 31 août 2015

Le souffle de la voiture qui passe

Pendant la méditation, mon souffle s'étire avec celui de la voiture qui passe.

dimanche 30 août 2015

Pris dans l'histoire des autres

À être pris dans l’histoire des autres, je ne peux pas entrer dans la mienne.

Mais, justement, la mienne, ça n’existe pas...

Dresser l'oreille dès que je vois "les autres" dans une phrase.

samedi 29 août 2015

Cette logique inversée apprise à Buenos Aires

Reprendre, pas à pas, cette logique inversée apprise à Buenos Aires.

vendredi 28 août 2015

Un détour par le classicisme

Le Bergstamm: un détour par le classicisme pour m'en débarrasser. 

jeudi 27 août 2015

Toute cette douleur

– En lisant ton blog, je me demande si toute cette douleur, c’est bien nécessaire.


– Ah, tu sais, ces temps, avec la méditation, je suis bien trop douillet pour me laisser avoir vraiment mal: j’arrête avant. Mais le but, c’est pas d’avoir mal, c’est de ne pas s’identifier avec la douleur. La douleur physique, c’est facile à localiser, c’est facile à observer. Après, on peut faire pareil avec la douleur mentale, les peurs, l’angoisse. On peut les mettre à distance, les regarder et ne pas s’y identifier.

mercredi 26 août 2015

Le hérisson devant chez nous

Le hérisson devant chez nous avec ses intestins déroulés, le vélo qui s'est décroché d'une voiture sur l'autoroute et qui a rebondi juste devant la nôtre, la bougie qui vient de s'étendre sur l'autel: la vie est trop courte pour se demander ce qu'on pourrait bien en faire.

mardi 25 août 2015

Tout se rassemble

Tout se rassemble: le gong du départ de la méditation sur l’iPhone, le camion qui passe sur l’autoroute, l’avion en train d’entamer son atterrissage et les volutes de l’encens sucré offert par Jeanne après son dernier voyage au Japon.

lundi 24 août 2015

Ces moments où je me sens vivant

Apprendre à rester dans ces moments où je me sens vivant. Informer mon attention qu'elle n'a pas à aller voir ailleurs.

dimanche 23 août 2015

Juste derrière l'encensoir

Là où se situe le regard pendant la méditation, le menton légèrement incliné, se trouve le bouddha enfant, juste derrière l'encensoir. 

samedi 22 août 2015

Mes coordonnées horizontales et verticales

Une note, de 2010:


"Mon karma est ma coordonnée horizontale, dans le temps, et l'inter-être est ma coordonnée verticale, mes circonstances du moment présent. Gustavo a décidément un sacré pouvoir de synthèse."

vendredi 21 août 2015

Dieu était en récréation artistique

- Quand il a créé la Suisse, Dieu était en récréation artistique. 

jeudi 20 août 2015

Ne plus pouvoir faire autrement

- Un des buts de l'existence, c'est de ne plus pouvoir faire autrement.  

mercredi 19 août 2015

Dans un geste calligraphique

Geste souple du doigt qui glisse sur le clavier de l’iPhone, proche de l’écriture manuscrite.

Pas le martèlement: le mot qui prend forme dans un geste calligraphique.

mardi 18 août 2015

Quand un chapitre ne fonctionne pas

Quand un chapitre ne fonctionne pas, ce n'est pas seulement qu'il est mauvais, c'est surtout qu'il ne m'apprend pas ce qu'il a à m'apprendre.

lundi 17 août 2015

C'est moi qui n'ai rien compris

Chaque fois que j'ai l'impression que quelqu'un n'a rien compris, c'est moi qui n'ai rien compris.

dimanche 16 août 2015

Le train du soir passe à travers moi

Pendant la méditation, le train du soir passe à travers moi. 

samedi 15 août 2015

Quand l'énergie revient

Quand l'énergie revient, je pense d'abord à la revanche, puis au pardon, puis je n'y pense plus et je fais. 

vendredi 14 août 2015

Ça valait la peine d'ouvrir le pantalon

- Allez, encore une petite dernière?

Je sors mon t-shirt du pantalon, décroche ma ceinture, mon bouton, descend un peu ma braguette, écarte les jambes juste ce qu'il faut. 

- C'est bon, on peut y aller. 

Je lis une dernière fois Bientôt la route: vu la concentration qui baisse, il n'y aura pas d'autre prise. Je suis pas à pas les conseils de Martine et de Jérôme, le ton énervé du début (mais pas pour le paysage), la fatigue qui s'installe avec la voix pâteuse, le cri (Jérôme va baisser le volume, je peux me lâcher) quand l'accident est évité de justesse, l'espoir juste avant la fin (des vraies larmes au bord des yeux, tout d'un coup) et les répétitions qui s'enlisent juste avant le coma.

On se regarde: c'est celle-là qu'on va garder. 


- Ça valait la peine d'ouvrir le pantalon, non?

jeudi 13 août 2015

S'adapter au jeu

Une note, de 2013:


"Toujours être en lien avec l’évolution du jeu: on est allé voir une pièce nulle, mais peut-être que l’important, c’était justement ce qu’on a pu se dire dans la voiture pendant le trajet".

mercredi 12 août 2015

Comme je sentais et pensais alors

Un autre indice de présence: pouvoir me transporter d'un état d'esprit à l'autre, arriver à sentir et à penser comme je sentais et pensais alors. 

mardi 11 août 2015

Comme la technique de la dactylographie

Une note, de 2010:

"M’enlever aussi de la tête que ce que j’écris a un prix, le prix de ma sueur, le prix de tous mes efforts, que ça devienne quelque chose d’aussi simple et de naturel que de respirer, que de manger, que de dormir.

Qu’écrire ne soit plus un effort, que ce soit une sorte d’évidence incorporée, que je n’aie d’une certaine manière plus à chercher mes mots, plus à chercher mes rythmes parce qu’ils seront miens, tout comme est devenue mienne la technique mécanique de la dactylographie.

C’est à cette fluidité que je dois tendre, c’est à ce lien direct entre les mots et l’impulsion qui les génère, c’est à ce type de sensation que je dois me fier."

lundi 10 août 2015

Cette peur au carré

Une note, 2013:

"Me débarrasser de cette peur au carré qui est la pire de toutes, de cette peur d’avoir peur. Apprendre à tout laisser derrière moi, sans hésiter, sans me demander si je pourrai le retrouver après. Je ne pourrai jamais avancer si je dois traîner le poids de tous mes doutes.

Arrêter aussi de me poser les problèmes (et de tenter de les résoudre) avant qu’ils ne se présentent. Attendre le moment exact de leur venue pour m’en préoccuper. Vivre l’instant présent c’est aussi me contenter des problèmes de l’instant présent. Pas plus compliqué que ça."

dimanche 9 août 2015

Ça se dit écrivain

– Moi, en tant qu’écrivain, je pense que...

– Ça n’a publié qu’un petit roman et ça se dit écrivain!

– D’accord, je ne suis pas écrivain. Mais, néanmoins, je pense que...

samedi 8 août 2015

Choisir entre accumuler et vivre

Je peux encore choisir entre accumuler et vivre. 

vendredi 7 août 2015

La montagne en moi

Pendant la méditation, le torrent m'écarte la tête par les oreilles alors que les insectes travaillent sur le devant de mon corps en l'ouvrant. 


Comme parfois au détour d'un sentier après beaucoup d'heures de marche, je peux commencer à sentir la montagne en moi.

jeudi 6 août 2015

Ce qui m'a amené aux mots

Ecrire c'est fuir la vie, mais c'est peut-être aussi pouvoir y rentrer par un autre bout. En d'autres termes: faire confiance à ce qui m'a amené aux mots.

mercredi 5 août 2015

Pour ne pas oublier de respirer

Il fallait que je compte mes respirations pour ne pas oublier de respirer, mais, bien entendu, je me déconcentrais, sans doute que je m'endormais à moitié, et je devais tout d'un coup prendre un grosse bouffée d'air pour ne pas étouffer. Comme ça, entre le dernier réveil nocturne d'Ineo et son réveil pour de bon.

mardi 4 août 2015

Pourquoi me refuser la vue des montagnes?

Pourquoi, pendant la méditation, me refuser la vue des montagnes en m'obligeant à ressentir leur présence, alors qu'elles sont là, dans la nuit autour de moi, portées par le bruissement des insectes, les cloches des vaches, l'eau du torrent et les phares de quelques voitures tardives, de ce côté de la vallée ou de l'autre.

lundi 3 août 2015

Mon pied dans sa sandale

C'est quand je trouve des choses banales parfaitement à leur place - mon pied dans sa sandale, ces draps devant ce chalet, la longueur de nos ombres du soir - que je me découvre en train d'être là.

dimanche 2 août 2015

Cette histoire d'inertie à vaincre

– Toi, en voyage, tu m’épates: pas de problème pour prendre des décisions sur le champ, pour suivre ton intuition, faire que tout roule et soit fluide. Hop, les billets pour le jour d’après pendant qu’on est à la gare routière pour pas devoir y revenir, ce genre de trucs. Pourquoi ça t’arrive pas dans la vie de tous les jours?

– Dans le voyage, je vois peu de conséquences, ou alors à très court terme. Dès que je suis arrêté et que je dois prendre des décisions, que ce soit pour le boulot, l’écriture ou ce que tu veux, je me dessine une collection de conséquences possibles et ça me paralyse complètement. Alors, tu sais bien comme je suis: tout devient très lent et compliqué.

– Donc il faut te mettre en mouvement: toujours cette histoire d'inertie à vaincre.

samedi 1 août 2015

Bon anniversaire Suisse!

- Alors, qu'est-ce qu'on chante maintenant?

- Bon anniversaire Suisse!


- Trois, quatre: joyeux anniversaire la Suisse! Joyeux anniversaire la Suisse! Joyeux anniversaire la Suisse! Joyeux anniversaire la Suisse!

vendredi 31 juillet 2015

Comme la bande de Moebius

- Comme tout est lié, quand tu médites, tu agis sur des choses dont tu n'as pas idée. C'est comme la bande de Moebius: il n'y a ni devant ni derrière, ni début ni fin.

jeudi 30 juillet 2015

Une vision claire des lois qui régissent l'univers

Il y a trois niveaux dans l'intégration de la vision du monde propre au bouddhisme.

Premier niveau: je veux vivre heureux en poursuivant mon propre bonheur dont je crois qu'il va venir de la réalisation de mes désirs.

Deuxième niveau: j'ai compris que la réalisation de mes désirs ne va en rien contribuer à mon bonheur sur le long terme et je me lance à corps perdu sur le chemin de l'illumination pour m'extraire à jamais du Samsara, cycle des morts et des renaissances où la douleur sous ses différentes formes est omniprésente.


Troisième niveau: je prends conscience que mon illumination personnelle incarne la poursuite d'un but égoïste et j'emploie toute mon énergie à donner aux autres la possibilité de s'affranchir de leurs souffrances en s'engageant sur le chemin de la réalisation spirituelle, réalisation qui permet de dissoudre le Samsara ici et maintenant grâce à une vision claire des lois qui régissent l'univers.

mercredi 29 juillet 2015

On se calme!

- Allez allez, on se calme! Ça te sert à quoi toutes ces années de méditation? 


- Ben, justement: pourquoi tu crois que je m'y suis mis, à la méditation?

Donner une tenue à cette vie-ci

Investir dans une capacité plus que dans une œuvre à amasser, dans la méditation, plus que dans l'écriture. 

C'est après que l'investissement se révélera être une manière de donner une direction, une tenue à cette vie-ci – et peut-être à l'écriture.

lundi 27 juillet 2015

Sous prétexte de préparer la suite

Une note, de 2012:


"Écrire: une bonne manière de ne pas être là sous prétexte de préparer la suite."

dimanche 26 juillet 2015

Ni vers le haut ni vers le bas

Une note, de 2010:

"Si j'admets que tout ce dont je parle, je l'ai en moi, le meilleur comme le pire, ce n'est pas un problème.

Mais la question n'est pas d'aller forcer le pire après avoir essayé de rehausser le meilleur, ça serait exactement la même démarche avec un tour de vis en plus.

Essayer d'être au plus près, ni vers le haut ni vers le bas, au plus proche de ce que je suis en réalité, au plus proche de ce portrait intérieur que je suis en train d'essayer de tracer dans ces pages, ce portrait qui m'est avant tout destiné mais qui pourra peut-être être montré à d'autres."

samedi 25 juillet 2015

Quelqu'un qui s'appelle J'arrive

Les premiers mots d'Ineo sont définitivement Let it go, avec la mélodie et le mouvement de tête enthousiaste piqués à sa grande sœur.


Normal pour quelqu'un qui s'appelle J'arrive. 

Réveil comme à Buenos Aires

Une note, de 2014:

"Ce matin, après plus d'une année en Suisse, réveil comme à Buenos Aires: les mêmes odeurs et les mêmes espaces."

jeudi 23 juillet 2015

Ça fait tomber la fatigue

- C'est pas dans les bouquins que vous allez trouver des réponses, vous savez ça non? C'est dans la pratique, c'est dans l'expérience.

- Pendant une période, quand mon maître me parlait d'un livre, je lui disais que question bouquins, j'avais déjà donné et que j'en avais un peu marre, que je voulais apprendre autrement, par le corps, par la présence. Mais depuis que les enfants sont nés, vu l'énergie qui me reste, je me dis que lire c'est déjà pas si mal.

- Ça vous donne des réponses?

- Euh... Plus ou moins...

- La méditation, c'est vrai, au début il faut y mettre du sien, mais au bout d'un moment ça fait tomber la fatigue. Vous avez jamais remarqué?

La vie qui ne cesse jamais

En poussant la double poussette en direction de Morges, je sens tout d’un coup toute la vie autour de moi, la vie qui ne cesse pas, qui ne cesse jamais, que je tiens à distance à travers mon intérêt limité aux choses qui m'arrivent ou pourraient m'arriver.

mardi 21 juillet 2015

Les millions de gens qui m'entouraient

Faire l'effort de me connecter à la vie autour de moi, comme certains soirs à Buenos Aires où je sentais distinctement les millions de gens qui m'entouraient.

lundi 20 juillet 2015

Contre toutes les règles du workaholisme ambiant

Être avec mes enfants, simplement, toute la journée, et me rendre compte avec stupeur, contre absolument toutes les règles du workaholisme ambiant, que le monde ne s’arrêtait pas de tourner.

dimanche 19 juillet 2015

Les hautes sphères de ma mission créatrice et spirituelle

Faire ce qu'il y a à faire, jour après jour, soigneusement, entièrement, sans me réfugier dans les hautes sphères de ma mission créatrice et spirituelle. 

samedi 18 juillet 2015

Assis devant le feu

Assis devant le feu, je fais partie des choses qui brûlent.

vendredi 17 juillet 2015

Une visite à tante Pierrette

Après avoir fait le tour de la cafétéria entre les têtes blanches penchées sur leur repas du soir, je demande à une infirmière où est ma tante Pierrette.

- Là, dans la petite salle sur la droite.

- C'est que je viens juste de jeter un œil et...

- Cette dame, là, c'est pas elle?

- Désolé, je l'avais pas reconnue.

Je m'assieds à côté d'elle, je lui pose une main sur l'épaule et, vu que la conversation s'obstine à s'effilocher après quelques mots, je propose à Pierrette de l'aider à manger ses mures.

- Mais ça se garde, ça, non?

- Oui oui, ça se garde. Je t'en donne un peu pour goûter?

Et les mêmes gestes qu'avec Lucie puis Ineo, la cuillère retirée lentement de la bouche pour que les bonnes choses restent dedans. 

- Tu veux continuer à manger toi ou tu préfères que je te donne?


- Je préfère que tu me donnes, c'est gentil.

jeudi 16 juillet 2015

Let it go!

- Leioooo! Leiooooo!

- Let it go! Let it gooo!

- Plus fort! Il faut chanter plus fort, comme ça: LET IT GO! LET IT GOOO!

mercredi 15 juillet 2015

L'intensité qu'elle mérite

Une petite gare au milieu de la nuit, l'odeur du foin chauffé par le soleil.

Je sais que je suis là parce qu'une histoire pourrait commencer avec ce train qu'on entend bien avant de voir se balancer ses phares, les fenêtres de ses wagons.

Reste à me passer de l'impression qu'il faudrait placer cette scène au détour d'un chapitre pour la vivre avec l'intensité qu'elle mérite.

mardi 14 juillet 2015

Mon unité corporelle n'a plus cours

Une note, de 2010: 


"Je sens que des choses se passent dans la méditation, comme si l'espace autour de moi se courbait, comme dans le café après avoir rencontré Julio – Celia arrive, les seins à l'air, met son nouveau soustif et dit que je vais écrire que Celia est venue et qu'elle a mis son nouveau soustif devant moi, ce qui est vrai –, et le torse qui respire en écartant la robe de chambre orange a l'air très loin en-dessous de moi, presque dans un autre endroit, presque détaché de moi, comme si mon unité corporelle, ce que je crois être mon unité corporelle, n'avait plus vraiment cours. Des choses se passent, je les note."

lundi 13 juillet 2015

Un lit d'histoires potentielles

Une note, de 1999:


"Ma vie croît sur un lit d'histoires potentielles."

dimanche 12 juillet 2015

Des bouts de mes lèvres tombent sur la page

Une note, de 1999:


"Des bouts de mes lèvres tombent sur la page (ne pas oublier ces détails, surtout pas ceux-là)."

samedi 11 juillet 2015

Faire mon business dans mon coin

Image fugace de la possibilité de ne pas chercher à occuper une place dans l'espace public. Comme Sandra, notre kinésiologue, comme maman: faire mon business dans mon coin, aider les gens que je rencontre en leur simplifiant la vie discrètement.

vendredi 10 juillet 2015

Nostalgie du pas encore fait

Le ciel mouvementé m'ouvre sur l'ensemble des vies passées et à venir.

Nostalgie du pas encore fait.

jeudi 9 juillet 2015

Une chose bruyante

La perspective qu'Ineo commence à mieux aller me permet d'éprouver de nouveau de l'empathie pour lui: il n'est plus seulement une chose bruyante qui m´empêche de dormir, me révèle mon agressivité et me vide de ma substance.

mercredi 8 juillet 2015

Ce qui m'entoure à présent

En rentrant de San Vittore par les Alpes, je me rends compte que ma nostalgie de la montagne n'est qu'une expression de mon manque de contact. 


Ce n'est pas en retrouvant ce qui m'a mis en contact par le passé que je me sentirai plus vivant, c'est en étant mieux en présence à ce qui m'entoure à présent.

mardi 7 juillet 2015

Les ouvertures que ça produit

Assis à la table de Tournefeuille face au paysage, je comprends mon impuissance récurrente à le décrire, année après année, depuis que je me suis mis dans la tête d'être écrivain.

Je voulais l'écrire depuis ce qu'il avait à me dire, avec ses mots à lui. En comparant avec la peinture, je comprends que je voulais à tout prix, sans m'être vraiment posé la question, passer par un réalisme minutieux dont je suis tout à fait incapable alors que ce je commence à savoir faire, c'est de mettre des mots sur ce qui se passe en moi et sur les ouvertures que ça produit. 

lundi 6 juillet 2015

Il n'y aura rien à faire

Au milieu de la nuit, quand Ineo ne veut pas dormir, cesser de penser qu'il y a des choses que je devrai faire le jour suivant, cesser de penser qu'il m'empêchera de les faire. 

dimanche 5 juillet 2015

L'exotisme s'invite à Tolochenaz

Camping sur un matelas dans le couloir de la cave, juste à côté des enfants plus ou moins au frais dans le bureau. L'exotisme s'invite à Tolochenaz.

samedi 4 juillet 2015

Des visages posés sur mes contradictions

Celles et ceux que je mets en scène en cherchant le sommeil incarnent les sentiments qui se livrent bataille en moi: les personnes qui se succèdent soir après soir sont seulement des visages posés sur mes contradictions, ne pas l'oublier.

vendredi 3 juillet 2015

Ce que je fais ne sert à rien

Une note, de 2012:


"Faire attention à ne pas déduire du fait que ce que je fais ne sert à rien – mais je ne suis pas le mieux placé pour le savoir – le fait que ce que je suis ne sert à rien. La nostalgie et la dépression viennent de là."

jeudi 2 juillet 2015

Ces odeurs d'aéroport

Ces odeurs d'aéroport devant la garderie, il me faut un petit moment pour déduire qu'elles viennent du moteur de la camionnette des repas qui vient de se parquer devant le réfectoire. Partir, mais où?

Les cloches du samedi soir à sept heures

Le long d'une ruelle inconnue sous l'esplanade de Montbenon, toutes les cloches du samedi soir à sept heures se sont mises à se répondre.


Je me suis laissé traverser par leur écho très ancien qui est allé chercher un morceau de jazz, sans doute un Herbie Hancock des années 70. Mais je n'ai pas creusé le souvenir plus loin.

mardi 30 juin 2015

L'endroit où je m'agenouille

L'endroit où je m'agenouille dans le jardin fait aussi partie de la méditation. Si j'ai une racine sous la cheville ou un caillou sous le tibia, je devrai les apprivoiser jusqu'à ce que je me lève.

Bien sûr, je triche un peu, je vais voir un poil à gauche ou un poil à droite, mais pas sûr que ça soit mieux.


Et puis arrivent les mouches ou les moustiques, dans les yeux, les oreilles ou le nez. La concentration augmente, jusqu'à ce que ma main se lève ou que je déplace mon intérêt ailleurs.

lundi 29 juin 2015

Combien de mots est-ce que je vaux?

Grand sujet de discussion sur les réseaux sociaux: le nombre de lignes auxquelles on a eu droit - ou pas - dans la nouvelle Histoire de la littérature en Suisse romande.

Les arguments sont historiques, sociologiques, on parle des autres et rarement de soi, mais on en reste à cette habituelle question de l'égo, grand comparateur devant l'Eternel: combien de mots est-ce que je vaux par rapport à mes collègues aux yeux de l'Histoire?

Qu'est-ce que ça change? Pourquoi est-ce que j'écris? Pour valoir quelques mots de plus dans un ouvrage de référence dont on ne fait dans la plupart des cas que lire l'index pour repérer les amis et ceux qui nous ont tenu la main grâce à leurs livres?

C'est pour ça que j'écris? Vraiment?

dimanche 28 juin 2015

Apprendre à soigner le moment

Il faut apprendre à soigner le moment plutôt qu'à le faire durer.

samedi 27 juin 2015

Toutes les fesses dedans

- Maman maman: t'as pas bien mis ta culotte!

- Oui oui, je sais...


- T'as pas mis toutes les fesses dedans!

vendredi 26 juin 2015

Je n'arrivais pas à suivre la Voie

Une note, de 2013:

"Cette nuit, on était près du collège de Béthusy: j'ai pleuré dans les bras de Gustavo parce que je n'arrivais pas à suivre la Voie.


Il ne savait pas trop quoi me dire."

jeudi 25 juin 2015

Le tour du monde avec papa

- Moi je vais faire le tour du monde avec papa!


- Ah oui?


- Et puis prendre des cours de français avec Elisa!

mercredi 24 juin 2015

Ma vraie voix

Shin, un jour, il y a pas mal d'années, au Bar Tabac:


– Mais ça, c'est pas ta vraie voix. Ta vraie voix, elle est plus grave, elle va chercher plus profond. 

Mais où la trouver, Shinita, où et comment?

mardi 23 juin 2015

Arpenter ma vie dans toutes les directions

L'autre matin, en marchant le long du lac jusqu'au camping des Pins, j'ai été frappé par la ressemblance de certaines propriétés avec celles qu'on peut trouver en Argentine ou en Uruguay.

C'est juste après m'être fait cette remarque que je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'une comparaison à l'envers: des lieux de mon enfance vus depuis mes années de voyage.


Et puis, très vite, la certitude que cette comparaison n'était pas à l'envers mais circulaire, que l'entier de ma vie pouvait, dans les moments de présence, être arpenté dans toutes les directions.

lundi 22 juin 2015

Ajuster la réalité à nos désirs

- La réalité ne satisfait jamais nos désirs. C'est précisément pour ajuster ces deux choses que nous racontons des histoires.

dimanche 21 juin 2015

Ce qui est fait ou reste à faire

- La mort de s'attarde pas à considérer ce qui est fait ou reste à faire.

La cime des arbres frôle le ciel

La cime des arbres frôle le ciel.


C'est ma volonté de garder ce moment de présence qui m'en fait sortir.

vendredi 19 juin 2015

Ou-et!

- Ça c'est de la tomate: to-mate.

- O-ate!

- Oui! C'est ça! Bravo! Et ça c'est du poulet: pou-let.

- Ou-et!

- Mais tu parles mon bonhomme!

jeudi 18 juin 2015

La vie rentrée

- La colère, c'est de la vie rentrée. Le volontarisme aussi.


Pareil pour l'activisme forcené, serais-je tenté d'ajouter.

mercredi 17 juin 2015

Une coulée d'or

Sur ma sandale, une coulée d'or. Souvenir d'un présentoir de shampoings renversé par un mauvais mouvement de poussette à quelques pas de la Plaza de Mayo.

mardi 16 juin 2015

Libéré d'une vessie

Avant la méditation du soir,
Je pisse dans le lac. 

Que mon esprit soit au moins libéré d'une vessie!

lundi 15 juin 2015

Ce que je donne

Qu'est-ce qui me fait mal quand je donne plus que ce que je voudrais vu que je sais que ce que je donne me donne plus que ce que je donne?

dimanche 14 juin 2015

Une phrase banale

Pendant ma méditation au bout du ponton, un homme assis à une table quelques chalets plus loin a prononcé une phrase banale mais dont il m'a semblé que c'était la seule qui pouvait être prononcée à ce moment-là. 


Plus tard, en cherchant le sommeil, je me suis dit que cette phrase représentait ma vie, celle que j'ai tant de peine à vivre pour ce qu'elle est, celle que je commence à découvrir sous toutes les couches de mon activisme forcené.

samedi 13 juin 2015

Cette clairière d'un vert clair

Il y a cette clairière d'un vert clair qui apparaît sur les pentes au-dessus des arbres de la rive après un bon quart d'heure de nage. Elle attend le début de l'été, année après année. 

vendredi 12 juin 2015

Notre salle de bains d'Acoyte

Exercice du souvenir: notre salle de bains d’Acoyte. Quelle était l’odeur de l’eau chlorée le matin? Le bruit des robinets du lavabo? Le bruit de la chasse d’eau, du ventilateur au-dessus de la porte? Comment est-ce que l’eau de la douche tombait sur mes épaules? Quelles voix avaient nos voisins à travers les canalisations? Quelle couleur donnaient à mon visage l’ampoule jaune et l’ampoule blanche dans leurs corolles de fleurs translucides?

jeudi 11 juin 2015

Toute la pelouse respirait

Ce soir, pendant la méditation, toute la pelouse respirait autour de moi.

mercredi 10 juin 2015

Mes recherches passées et dépassées

Je n'ai rien à faire avant de m'atteler à la recherche du bonheur. Toutes ces tâches qu'il me semble nécessaire de terminer avant de m'y mettre sont les scories de mes recherches passées et dépassées de ce même bonheur.

mardi 9 juin 2015

Les tatamis en symétrie

En symétrie dans notre appartement: les tatamis des enfants avec leurs jouets, les tatamis du dojo en face de l'autel.

lundi 8 juin 2015

Le livre de soi

Le seul livre qui vaille la peine qu'on y consacre sa vie, le seul qui sera lu par tous ceux qu'on croise, toujours changeant, de jour en jour, de regard en regard, c'est le livre de soi.

dimanche 7 juin 2015

Se tenir à ses priorités

Ils sont beaucoup à me le répéter ces temps: la vie est courte, il faut définir ses priorités sans attendre. Et s'y tenir.

samedi 6 juin 2015

Des parois entre les êtres

Préférer la bonheur limité de l'écriture au bonheur illimité de la fusion dans le tout. Jusqu'à quand?


Jusqu'à ce que je cesse d'opposer les deux choses, de préférer l'une à l'autre, de dresser des parois entre les actions, entre les pensées, entre les êtres. 

vendredi 5 juin 2015

À la fin, rien ne part

- Au début, rien ne vient. Au milieu, rien ne reste. A la fin, rien ne part.

jeudi 4 juin 2015

Je n'aurais fait que ce que j'ai déjà fait

Dire que ma vie pourrait déjà être finie et que je n'aurais fait que ce que j'ai déjà fait.

mercredi 3 juin 2015

Ce qu'essaie de me dire mon fils

Avec la fatigue qu'il génère, Ineo travaille sur mon obsession qu'il faut faire.

Non, il ne faut rien faire.


A part écouter ce qu'essaie de me dire mon fils. 

mardi 2 juin 2015

Tout est mental

Une note, de 2012:

"Revenir dans le présent de l’écriture, c’est faire confiance au vécu, à sa capacité de faire surface au bon moment, pas besoin d’aller le chercher, d’aller le rechercher, parce que le vécu est déjà là, parce que l’événement qui m’a permis de le voir n’était qu’une entrée possible, une entrée parmi de nombreuses autres. L’événement que j’ai traversé m’a rendu conscient de cette portion de vécu.

L’écriture fonctionne de la même manière, mais sans qu’il survienne autre chose que des mots sur la page, tout le reste est mental – mais, dans la rue, dans la vie, tout le reste est aussi mental, tout est mental. La différence de l’écriture serait donc l’absence d’un support extérieur – qui me semble extérieur – à ce jeu mental."

lundi 1 juin 2015

Un des outils de l'univers

Le chemin que tu donnes aux autres, par exemple dans la rue ou sur un quai de gare, c'est celui que tu te donnes à toi: un des outils de l'univers pour que ta vie soit plus claire.

dimanche 31 mai 2015

Atteindre assez de désespoir

- La société actuelle nous distrait: elle ne nous laisse pas atteindre assez de désespoir pour avoir vraiment envie de changer les choses, vraiment envie d'aller chercher au fond de nous-mêmes.

samedi 30 mai 2015

Il a faim

Quand Ineo crie, il ne me rend pas responsable de sa faim: il a faim.

vendredi 29 mai 2015

La chance et votre portfolio

- La chance ne devrait pas faire partie de votre portfolio. 

jeudi 28 mai 2015

Libérée de son pyjama

– Elle dit quoi, exactement? Libérée de son pyjama?

– Ouais, un truc du genre. Mais la chanson, à la base, elle est en anglais, non?

– Sans doute qu’ils doivent l’avoir en français à la garderie et l’écouter à plein tube: libérééééééée!

– Il faudra qu’on cherche sur YouTube: on se fait vieux décidément.

mercredi 27 mai 2015

La personne qui va pouvoir changer ta vie

– Si tu cherches encore la personne qui va pouvoir changer ta vie, regarde-toi dans le miroir.

mardi 26 mai 2015

Dans le soleil à coté du train

J'ai accompagné Simon à son train pour Zurich comme j'accompagnais papa au sien.


Je lui ai raconté la fois où j'avais couru le long de papa qui faisait un signe de la main jusqu'à ce que maman crie parce que je courais dans le soleil à côté du train.

lundi 25 mai 2015

Tout le mot sur la porte

– Là, c’est Lucie!

– Oui, très bien! Mais, regarde, il y a aussi papa Pierre!

– Où? Il est où papa Pierre?

– Un peu plus bas!

– Ah, oui, là: papa Pierre!

– Il y a aussi Ineo et puis Celia!

– Oui: Ineo, Celia! Et puis Elisa!

– Oui, Elisa!

– Est-ce qu’on connaît quelqu’un avec O?

– C’est qui O?

– C’est là, juste après papa Pierre. Comme ça, on aurait tout le mot sur la porte.

dimanche 24 mai 2015

Le polaroïd

Une note, de 2004: 

"Un polaroïd sur le mur des toilettes, entre plusieurs autres, peut-être pris durant cette soirée, peut-être dans cet appartement. Une fille soulève son t-shirt: des seins gros et ronds, écrasés par la lumière du flash, une peau très blanche – le tissu bleu clair accentue sa blancheur.


Ses mains sont refermées sur le bord du pull, ses bras cachent les pointes des seins dont on peut imaginer qu'elles se dressent: le temps du cadrage, le temps de penser que cette photo va être prise, va être exposée à la vue de tous les visiteurs des toilettes, une excitation exhibitionniste qui ne s'avoue certainement qu'à moitié. Le cadre blanc du polaroïd coupe son visage juste au-dessous de la lèvre supérieure.

Les gens doivent boire ou avoir bu, parler fort, rire : il n’y a que ce polaroïd collé de travers sur ce mur. Elle a soulevé son pull bleu, d'un bleu clair mais impératif, elle a découvert son ventre. Ses seins ronds happent le regard : excitation et proximité, on devine cette même salle de bains en arrière-plan. Cette fille pourrait être là ce soir, ses seins pourraient vivre lentement sous un tissu.

Envie puissante de voler l'image et de la glisser entre les pages de mon carnet pour pouvoir la consulter à loisir et bâtir une histoire autour de ce corps inconnu écrasé par la lumière du flash."

samedi 23 mai 2015

Enlever ta culotte

– Il ne faut pas que tu hésites à te mettre dans la merde, à te faire du mal: une des contraintes, quand tu écris, c’est d’enlever ta culotte.

vendredi 22 mai 2015

Au plus juste

Une note, de 2010:

"Je découvre à travers cette pièce qu'on ne peut pas aller vers l’autre à travers la généralité, qu'on ne peut pas le toucher vraiment en passant par une expérience pensée comme commune: je ne peux arriver à l’autre qu’en étant au plus proche de mon expérience en ce qu’elle a de plus idiosyncrasique, parce que c’est à ce niveau-là qu’elle se rapprochera le plus de l’expérience de l’autre.


C’est en disant au plus juste que je pourrai le mieux partager, pas en cherchant à partager, pas en cherchant les points communs ou en essayant de prendre le contre-pied de ces points communs."

jeudi 21 mai 2015

La pluie, le dimanche et la vie éternelle

- Les gens veulent la vie éternelle, mais s'il pleut le dimanche après-midi, ils ne savent pas quoi faire.

Les défis dont tu as besoin

- Le karma, avec beaucoup de générosité, t'impose toujours exactement les défis dont tu as besoin. 

mardi 19 mai 2015

Des répétitions de ce qui vous a toujours entouré

- Ce qu'il y a à faire dans votre vie se trouve dans votre entourage direct: pas besoin de regarder plus loin. Vous ne trouverez que des répétitions de ce qui vous a toujours entouré.

lundi 18 mai 2015

Prendre de meilleures notes

Une note, de 2007: 


"J’ai enfin compris ce matin pourquoi je rêvais - ce qui m’est encore arrivé cette nuit - que je devais refaire mon collège ou mon gymnase. Ce n’est pas, comme je le justifie dans le rêve, pour faire de meilleures notes, mais sans doute pour en prendre de meilleures – ce que je fais, d’une certaine manière, avec le Bergstamm (en rade, ces temps)."

dimanche 17 mai 2015

Ses doigts dans les parcomètres

Le réflexe de mon père, à la fin de sa vie, de passer ses doigts dans les parcomètres et les caissettes à journaux pour voir s'il restait des sous.

samedi 16 mai 2015

Où vont mourir les pianos

Une petite fille avec son papa joue sur un piano posé sur une palette au fond de la déchèterie. C'était le nôtre, il a plus de cent ans.

vendredi 15 mai 2015

Maman Celia, Monique, Mireille

- Ça, tu connais, non?


- Oui, c'est: Maman Celia, Monique, Mireille!


- Et ça?


- Amélie!


- Et puis ca?


- Vincent!


- Bravo! Et ça?


- C'est Lucie!


- Oui! C'est aussi Lune, Lion et Lapin!


- Mais c'est aussi Lucie!


- Oui, bien sûr, c'est Lucie!

jeudi 14 mai 2015

Une autre leçon du Bergstamm

Une autre erreur en écrivant le Bergstamm: j'ai cherché à comprendre ma vie en essayant de l'écrire plutôt que de me donner la peine de raconter une histoire pour un éventuel lecteur.

mercredi 13 mai 2015

La plume de papa

Une note, de 2009:

"L’autre nuit, rêvé que papa me donnait une plume en verre dans un coffret de velours bleu avec une bouteille d’encre rouille et quelque chose d’écrit avec des clous argentés."

mardi 12 mai 2015

Écrire, c’est pas compliqué

– Écrire, c’est pas compliqué: il suffit de t’asseoir en face d’un clavier et de t’ouvrir une veine.

lundi 11 mai 2015

Du conflit

- Dans un bon scénario, il faut trois choses : du conflit, du conflit et du conflit.

dimanche 10 mai 2015

Les helvétismes, ça fait mauvais genre

- Il faut te méfier des helvétismes: ça fait mauvais genre.


Tentative de relativiser avec une partie de ma longue liste d'arguments habituelle et puis, de guerre lasse:


- Tu as raison: je compte sur toi pour les corriger si un éditeur se décide à publier ma traduction!

samedi 9 mai 2015

Le temps et l’espace de ma parole

Un des problèmes de mon écriture argentine: je me suis laissé porter par mon sujet plutôt que par ce que je voulais dire à travers lui, laissé prendre par l'impression qu’il pourrait m'apporter une solution de l’extérieur alors que j’étais venu à Buenos Aires pour trouver le temps et l’espace de ma parole.

vendredi 8 mai 2015

Clos-Jordil

Quand j’ai lu dans son texte que David avait passé quelque temps au foyer de Grandson, je lui ai bien entendu demandé s’il s’agissait du foyer du Repuis, celui qui surplombe Tournefeuille, notre petit chalet au bord du lac.

– Non non, avant, celui qui est juste en face de la gare.

– Eh bien vous voyez, c’est la maison où ma maman a passé toute son enfance. Elle s’appelait Clos-Jordil.

– Il est petit, le monde, non?

jeudi 7 mai 2015

Ne pas réciter le mantra contre les autres

En rentrant à la maison dans le train bondé, je me suis mis à réciter le mantra en regardant ailleurs.

Je me suis dit que je ne devais pas le réciter contre les autres, mais pour le mantra.

Ne pas réciter le mantra contre les autres.

Mais pour le mantra.

mercredi 6 mai 2015

Des choses qui font sens en elles-mêmes

Si je viens au salon de Genève, c'est pour me donner l'impression que j'existe en tant qu'écrivain.


Quand je n'aurai plus besoin de ce genre de confirmations, je pourrai me mettre à écrire des choses qui font sens en elles-mêmes et pas à travers l'effet qu'elles pourraient produire ou pas.

mardi 5 mai 2015

Dans le deuil au quotidien

- Je dis toujours que vivre c'est être dans le deuil au quotidien.

lundi 4 mai 2015

Faire le premier pas, c’est déjà arriver au but

Une note, de 2009:

"Tout s’enchaîne et tout devient plus clair, à chaque instant. Faire le premier pas, c’est déjà arriver au but. Je comprends de mieux en mieux ce que Gustavo voulait dire par là.

En parlant de ça avec Celia, ce matin, au lit, j’ai mieux compris mon passage par trois étapes. D’abord, l’envie de vivre des choses plus fortes, plus entières, vivre plus à fond, mais on commence à s’en lasser, les expériences commencent à se répéter.

Ensuite, vouloir sentir mieux et plus, chaque détail, de plus en plus fort, amplifier chacun des détails du monde qui arrivent à moi, vivre les choses de manière forte et entière, quelles qu’elles soient, mais il y a un épuisement qui s’installe, une frustration par rapport à ma propre incapacité de vraiment sentir les choses entièrement.

Enfin, l’étape où je sens commencer à me trouver, c’est de me rendre compte à quel point c’est mon vouloir vivre qui m’éloigne de la vie, à quel point cette différence entre ce que je vis et ce que je voudrais vivre s’installe dans chacun des moments, dans ce regard que je jette par la fenêtre et que je voudrais plus entier, dans ce soleil que je voudrais sentir plus en profondeur, dans mon amour pour Celia dont je voudrais qu’il me traverse: c’est, seconde après seconde, cet écart entre ce que je voudrais et ce qui est qui m’éloigne du monde, c’est le principe de la Ferrari, de la maison et de l’écran plasma qui se répercute à un niveau microscopique, dans chaque geste, dans chaque regard, dans chaque pensée. Je suis celui qui construit à chaque instant mon propre éloignement du monde, je suis responsable de cette séparation de l’entier du monde.

L’étape d’après sera la perte de conscience la différence, elle viendra sans doute bien plus tard. Mais qui sait? Je comprends mieux aussi ce que me disait Gustavo sur mon désir d’arriver à quelque chose, que c’était ce désir qui m’éloignait de mon but. Il parlait des sutras, de la méditation et des états zen et j’ai cru qu’il se trompait parce que je ne ressentais pas ça dans ce domaine en particulier vu que ça me semble tellement éloigné, que c’est dans une dimension très éloignée de moi – mais là, juste maintenant, je n’en suis plus si sûr.

Je me rends compte à présent que son intuition était juste, sur le mécanisme, à ceci près qu’il projetait ses propres buts comme point d’action de cette dynamique. Il me reste à traduire son intuition dans mes termes à moi, dans mon univers à moi avec mes buts à moi, ce que je suis en train de faire."

dimanche 3 mai 2015

Englué dans la forme classique

Ce n'est pas pour rien que je me suis englué dans la forme classique avec le Bergstamm: c'est justement de cet héritage-là que je dois me libérer en me l'appropriant.

samedi 2 mai 2015

Vous êtes bien Luc Ferry?

Isabelle vient vers Fanny et moi, près du bar:


- Vous pourriez pas aller vers Luc Ferry pour lui demander s'il est bien Luc Ferry? Ça lui ferait plaisir!

vendredi 1 mai 2015

Les petites que je voyais grandes

De plus en plus, être conscient que la connexion se fait sans éclat dans les toutes petites choses, les phares rouges, les phares blancs sur l’autoroute dans la nuit d’hiver.

Voir la connexion dans les petites choses me permettra de ne pas la chercher désespérément dans les plus grandes – les plus grandes qui sont les petites que je voyais grandes.

jeudi 30 avril 2015

L'oppposé de la mort

- Dans le monde occidental, quand tu demandes à quelqu'un quel est l'opposé de la mort, il va te répondre: la vie. Un bouddhiste, lui, te répondra: la naissance.

mercredi 29 avril 2015

Ce qu'on vient chercher

Je venais chercher encore quelques grammes de célébrité en parlant de mon livre au salon de Genève: échec. Cinq personnes à la rencontre, le brouhaha dans le hangar d'expo, impossible de se concentrer ni sur les questions ni sur les réponses.

Et puis, après, une bonne heure de causette avec Valérie, l'autre écrivain qui partageait l'affiche avec moi:

- Gurdjieff disait dans les conseils à sa fille: obtiens pour pouvoir partager. Je pense que c'est valable pour l'argent mais aussi pour la compréhension de la vie et son partage à travers l'écriture.

- Je ne sais plus qui a dit: à la fin, tu n'emporteras que ce que tu as donné.

- Ben, tu vois: on était venu chercher quelque chose et on a trouvé autre chose!

- Peut-être même qu'on a trouvé ce qu'on était vraiment venu chercher!

mardi 28 avril 2015

Un laboratoire du rapport aux autres

Le blog dit beaucoup plus que ce que je croyais: entre ceux qui n'auraient pas voulu s'y retrouver, ceux qui veulent qu'on les cite, ceux qui me font la gueule et ceux qui m’en reparlent, sur les réseaux sociaux et dans la vraie vie, jusque dans les interviews.

Ce qui était parti comme un projet d'écriture devient un laboratoire du rapport aux autres.

lundi 27 avril 2015

La pureté est pure et n'est pas pure

La pureté est pure et n'est pas pure: la question n'a plus d'importance.

Plus rien à chercher, plus rien à devenir.

dimanche 26 avril 2015

Devant le jaune du colza

Une voiture arrêtée au coin d'un champ. Le capot est ouvert, le coffre est ouvert, trois jeunes hommes en capuchons tournent autour et s'accroupissent par terre de l'autre côté du chemin. Toute cette scène au loin devant le jaune du colza, devant les Alpes: le début d'une histoire.

Son odeur dans les cartons sur mes genoux

La maison de tante Dellon est bientôt vide. Hier, on a fait plusieurs aller et retour à la déchèterie: il y avait son odeur dans les cartons sur mes genoux.

samedi 25 avril 2015

La situation doit gagner

L'important est qu'il n'y ait pas de gagnant: il faut que la situation soit gagnante. 

jeudi 23 avril 2015

L'impression d'avoir quelque chose à faire

Écrire, une des manières d’entretenir l'impression d'avoir quelque chose à faire.

mercredi 22 avril 2015

La chanson des deux mortes

– Papa, t'entends? C'est la chanson de tante Adèle qui est morte et de Nana qui est morte.

– Elle est jolie. C'est toi qui l'as inventée?

– Écoute! C'est comme ça.

mardi 21 avril 2015

Les choses nous guident

– Devinant que les choses nous guident seulement vers nous-mêmes.

lundi 20 avril 2015

A l'endroit où tu es

- Si tu ne trouves pas la vérité à l'endroit où tu es, où espères-tu la trouver?

dimanche 19 avril 2015

L'utilité de l'utilité

Reste, bien sûr, la question de l'utilité de l'utilité.

Chaque chose en son temps.

Simple, net, évaporé

- Dans ce cas-là, il faut faire comme au jiu-jitsu: utiliser la force de l'autre. L'important, c'est de ne pas gaspiller son énergie, ni dans la confrontation, ni dans la colère ou la rancune. Simple, net, évaporé.

vendredi 17 avril 2015

Les lumières de la ville

Je sors du bus, je me retourne et toutes les lumières de la ville sont là, devant moi, autour du lac.

jeudi 16 avril 2015

Me débarrasser de vieux trucs

Avouer quelque chose qui me fait honte, c'est comme me débarrasser de vieux trucs auxquels je tiens encore sans trop savoir pourquoi, des trucs auxquels j'invente des utilités de plus en plus éloignées et improbables: ça fait un bien très profond.

mercredi 15 avril 2015

Quelque chose de complexe et d'inatteignable

Je crois que je commence à comprendre à travers la littérature ce que je dois comprendre à travers la spiritualité: c'est ma propre volonté d'y voir quelque chose de complexe et d'inatteignable - donc de me sentir important - qui me met le tout à distance. 


La réalité est beaucoup plus simple. 

mardi 14 avril 2015

Je vais ouvrir la porte et te laisser là

Je sais que si je m'arrête tu vas te réveiller. Je sais que si tu te réveilles, je vais ouvrir la porte et te laisser là, dans la neige.

lundi 13 avril 2015

Les scénarios de l'égo

Continuer à marcher dans les scénarios de l'égo, mais les débusquer plus vite, prendre note et - autre scénario de l'égo - me promettre qu'on ne m'y reprendra plus. 

dimanche 12 avril 2015

Voir ou ne pas voir

– Ma mort? Je la vois avec un peu de nostalgie, parce que je me sens très bien en être vivant. Mais, d’un autre côté, je suis persuadé que c'est quelque chose de stupéfiant et comme j'aime bien l'inconnu, je me réjouis vraiment de voir – ou de ne pas voir, parce que ce sont les deux possibilités.

samedi 11 avril 2015

Les lieux dont il faut prendre soin

- Les lieux où on peut parler de la mort, de la maladie et de la vieillesse sont précieux, il faut en prendre soin. 

vendredi 10 avril 2015

L'esprit du débutant

- L'esprit du débutant contient beaucoup de possibilités, l'esprit de l'expert en comprend peu. 

jeudi 9 avril 2015

Les problèmes dont nous avons besoin

- Nous sommes attirés par des personnes qui vont nous amener les graves problèmes dont nous avons besoin pour notre évolution. 

mercredi 8 avril 2015

Le jeu à la place du pouvoir

Celui qui gagne au jeu du pouvoir est perdant.

C'est en se détournant du pouvoir qu'on découvre le jeu.

mardi 7 avril 2015

C'est ça

Après la méditation, quand j'ai levé les yeux sur l'urne de Jacquie pour le moment posée sur notre autel, je me suis dit: c'est ça.

lundi 6 avril 2015

Le présent n'a pas de fin

- Le présent est la seule chose qui n'ait pas de fin.

dimanche 5 avril 2015

Le Créateur

- La création artistique est ce qui se rapproche le plus de la mystique: il n'y a rien sur la page et puis il y a mes mots. Ce n'est pas pour rien qu'on appelle Dieu le Créateur.

samedi 4 avril 2015

Comme des paysages vus du train

- Il est également conseillé de ne pas accorder trop d'importance aux différentes d'expériences intérieures qui peuvent surgir au cours de la méditation sous la forme, par exemple, de félicité, de clarté intérieure, ou d'absence de pensées. Ces expériences sont comparables aux paysages que l'on voit défiler lorsqu'on est assis dans le train. Nous n'aurions pas l'idée de descendre du train chaque fois qu'une scène nous semble intéressante, car l'important, c'est d'atteindre notre destination finale.

vendredi 3 avril 2015

L'univers dans la pièce d'à côté

La connexion avec l'entier de l'univers m'attend dans la pièce d'à côté.

Je préfère rester dans mon lit.

jeudi 2 avril 2015

Commencer par me connaître

Une note, de 2010:

"Me concentrer sur les personnes, c'est comme me concentrer sur moi: c'est mettre dans leurs têtes des réactions que je pourrais avoir, c'est me mettre à leur place, c'est me flatter ou me faire du mal. Chaque fois que je crois me poser des questions en fonction de l'autre dans mes textes, je me pose en fait des questions en fonction de moi. Juste le savoir et faire avec. Bien sûr, les autres auront toujours l'impression que je parle d'eux, bien sûr, les autres auront peur pour leur image, bien sûr, bien sûr.


Mais, du coup, ne serait-ce pas moi qui, là, ai peur pour mon image? Toujours penser à renverser les perspectives, toujours. Que ça devienne un réflexe. L'idée n'est pas de me débarrasser des autres, mais de mieux comprendre ce qui se passe en moi. Mieux comprendre ce qui se passe en moi pour être quelqu'un de meilleur et pouvoir mieux m'inscrire dans le monde, mieux m'inscrire dans son mouvement naturel. Commencer par me connaître pour être heureux. Le reste suivra de lui-même."

Un ingrédient utile

Les distances ne sont pas une solution, mais un ingrédient utile dont on peut apprendre à se passer. 

mercredi 1 avril 2015

Beaucoup de lieux centraux


Suspendue dans la cour intérieure, la douche de Carlos comme un lieu central où je me retrouve.


Beaucoup de lieux centraux en ce moment: est-ce parce que je sais mieux les voir ou parce que je me rapproche du centre?

mardi 31 mars 2015

L'appartement qui n'est plus le nôtre

En marchant le long d'Acoyte, j'ai eu le réflexe de mettre la main à mon sac pour prendre la clé de l'appartement qui n'est plus le nôtre.

lundi 30 mars 2015

Les distances redonnent sa place au centre

Les distances redonnent sa place au centre.


Le centre se fortifie, s'affirme et prend peu à peu le pas sur les distances. 

dimanche 29 mars 2015

Le désir de l'autre

Une note, de 2011:


"Le désir de l'autre me fait croire qu'une solution se trouve à l'extérieur, que quelqu'un, dans le monde, pourrait me rendre heureux."

samedi 28 mars 2015

Que mon cerveau dégouline


Une note de 2011:

"Arriver à détendre mon cerveau, sentir qu'il s'abandonne dans mon crâne, qu'il dégouline."

vendredi 27 mars 2015

Quelque chose d'aussi grand que la mort

- Un jour, quand j'étais jeune, je suis allé à la veillée funèbre de la grand-mère d'une copine. Mon amie était assise par terre à côté du cercueil et elle a dit quelque chose que je ne vais jamais oublier: Comment est-ce possible que quelque chose d'aussi grand que la mort arrive à ma grand-mère qui était la personne plus stupide que je connaisse?

jeudi 26 mars 2015

Comme au ni oui ni non

Une note, de 2011:


"Jouer à ne pas essayer d'avoir raison, un peu comme au ni oui ni non."

mercredi 25 mars 2015

La mort dans une continuité

- J'aimerais vous parler d'une pratique très importante pour le bouddhisme: le don. L'autre jour, je suis allé dans un bar et je voulais laisser cinq pesos de pourboire. Je me suis trompé et j'ai laissé un billet de cinquante... D'abord, bien sûr, je me suis beaucoup angoissé pour tout cet argent que j'ai laissé et puis, très vite, je me suis dit que c'était une chance: on m'avait offert la possibilité de donner cinquante pesos! Donner, c'est s'habituer à se détacher. Bouddha dit que si on se détache de tout, on ne peut pas vivre, mais que si on s'attache à tout, on va au devant de grandes souffrances. Si on apprend à ne pas trop s'attacher aux choses, la mort devient une perspective plus facile à envisager: elle ne sera pas là pour nous priver de quelque chose mais s'inscrira dans une continuité.

mardi 24 mars 2015

Gagner du temps

Le temps n'est pas quelque chose que je vais gagner, jamais. 

lundi 23 mars 2015

Explosion de tôles à quelques mètres

Comme de nouveaux wagons dotés de climatisation sont installés sur la ligne B - c'est indiqué en lettres rouges sur le panneau électronique au-dessus des grilles déjà fermées - pas le choix, on va devoir prendre un taxi pour rentrer de chez Marcelo. 

- On fait quoi, on traverse?

- Ouais ouais, ils s'arrêtent jamais de ce côté.


Pendant que Celia s'installe avec les enfants à moitié endormis dans le taxi qui s'est finalement arrêté sur le bord de Corrientes, je démonte notre poussette de compétition pour la faire entrer dans le coffre en grande partie rempli par l'économique et traditionnelle bonbonne de gaz.

Hurlement de pneus: explosion de tôles à quelques mètres. De l'autre côté de l'avenue, là où on délibérait quelques instants plus tôt, quatre passagers sortent tant bien que mal d'un taxi enfoncé dans une camionnette enfoncée dans une voiture parquées là.

- C'est la faute de ce connard de motard, notre chauffeur a tout vu. Il est même parti en rigolant cet enculé!

dimanche 22 mars 2015

Ce que tu retrouveras de l'autre côté

- Ce que tu vois à l'extérieur, c'est ce que tu as à l'intérieur et c'est aussi ce que tu retrouveras de l'autre côté.

samedi 21 mars 2015

Fais dodo petit Ineo

Fais dodo, petit Ineo-o
Fais dodo, t'auras du lolo


Fais dodo, petit Ineo-o
Fais dodo, t'auras du lolo


Fais dodo, petit Ineo-o
Fais dodo, t'auras du lolo


Fais dodo, petit Ineo-o
Fais dodo, t'auras du lolo


Fais dodo, petit Ineo-o
Fais dodo, t'auras du lolo


Fais dodo...

vendredi 20 mars 2015

Me glisser dans la présence

Quand je passais mon temps à voyager, je cherchais de kilomètres en kilomètres la présence de manière empirique: les lumières d'une antenne au-dessus d'une mer de lumières qui sont Mexico, la route qui ponge en lacets à travers les Andes.


Maintenant que j'ai appris des techniques pour me glisser dans cette présence, je me découvre de très bonnes excuses pour ne pas les mettre en pratique, ou alors si peu: des petits enfants, des livres à écrire. 

jeudi 19 mars 2015

Une tombe de sable

- Qu'est-ce que tu as fait là?

- C'est Christophe: il est mort, il est couché sous la terre.

- C'est qui Christophe?

- Il est là dessous. Là, c'est sa photo et là c'est une fleur.

- Bon ben voilà: notre fille fait des tombes de sable, pas des châteaux... Tu crois qu'on peut en tirer des conclusions?

mercredi 18 mars 2015

Remplir ton sac et le vider

- Il faut remplir ton sac et remplir ton sac et remplir ton sac et le vider et le vider et le vider et tu vas trouver ce que tu cherches. 

mardi 17 mars 2015

Des chaussons pour Francisco

Pour traverser le Rio de la Plata jusqu'à Montevideo afin d'aller passer quelques jours de plage à  Punta del Este et de rencontrer – enfin! – Rodolfo Rabanal, nous avons eu la chance d'embarquer sur le flambant neuf Francisco, tellement neuf que nous avons dû glisser nos modestes chaussures dans des chaussons en plastique destinés à choyer le bleu celeste des moquettes papales.

lundi 16 mars 2015

Réorienter ses forces

Une note, de 2009:


"Tout à l'heure, je discutais avec Celia et je lui disais que c'était ça, la seule véritable question de la vie: trouver le moyen de rassembler ses forces, c'est-à-dire de localiser les forces qu'on emploie contre soi, les bâtons qu'on se met soi-même dans les roues, et de les réorienter pour qu'elles conduisent dans la même direction. Et c'est ainsi qu'on peut vraiment arriver à être soi."

dimanche 15 mars 2015

Observer l'observateur


- Comment tu médites?

- En me concentrant sur la posture et la respiration et en revenant à chaque fois que je m'en vais.

- Ça sert à rien. Il faut que tu observes l'observateur en train de t'observer. 

samedi 14 mars 2015

Quelques mécanismes de la concurrence

Une note, de 2013:

"La sensation de concurrence est aussi le symptôme d'une mauvaise centration, parce qu'en situation de concurrence, je ne m'évalue pas par rapport à mes propres critères – je suis le meilleur par rapport à mes propres critères, je suis le seul à être moi –, mais par rapport aux critères de l'autre, de ce que serait, par exemple, un roman qui devrait s'inscrire dans la littérature de notre époque.


Si je sais revenir au centre, il n'y a plus de concurrence vu que je suis le seul à faire ce que je fais comme je le fais. La concurrence vient de la comparaison, de cette impression que l'autre est autre, que cet autre peut me prendre ce qui est à moi."