Une note, de 2004:
"J’essaie de trouver les mots pour décrire ce paysage qui est à la fois celui que je connais et un autre. C’est dans la qualité de lumière que je le reconnais d’abord, cette lumière blanche et métallique pour laquelle je n’ai encore jamais pu trouver les mots. Il y a cette profondeur de tous les gris, comme des grands mouvements tracés dans la matière du ciel et des montagnes, des ébauches de spirales travaillées dans l’air pas encore sec, dans l’air, peut-être, de l’orage qui arrive.
Le soleil, ce qui en reste, ce qui arrive encore sur terre en avant de ce paysage de ciel, éclate, imprévisible, sur un toit de la ville d’en dessous : il me faut un moment pour découvrir que ces assauts de soleil dépendent de la position de ma propre tête, à quelques centimètres près. Du coup, les bâtiments disparaissent, s’enfoncent derrière un rocher qui n’était certainement pas là plus tôt et les embruns giclent jusque sur mon écran, sur mon clavier posé sur mes genoux, écrivain d’extérieur.
L’eau vient s’écraser contre une falaise qui commence devant moi, qui ne devrait pas être là mais le plus urgent est de protéger mon portable de ces gouttes qui en viennent pas d’en bas comme je le croyais, mais d’en haut, de grosses gouttes de pluie qui tombent de l’orage qui est maintenant sur moi. Du coup, la falaise se déplace après la ville."