Les grands rideaux du salon, dans les jaunes, plutôt foncés, du vieux bois au plafond, régulier, chaud, comme dans un chalet mais en beaucoup plus grand. Une odeur de cigares, de pipes, un grand feu dans la cheminée monumentale surplombée d’un abrégé d’héraldique illustré. Le palace, le château s’entend, a déjà quelques siècles.
Une baie s’ouvre sur des tables en métal couvertes de neige, sur les pentes, sur les mélèzes de plus en plus petits, les pâturages, mais le brouillard descend, et puis la nuit.
Les serveurs sont rapides, précis, alignent les fauteuils bas dès que leurs occupants ont passé le seuil, les ajustent pour ceux qui prennent place, débarrassent les guéridons, les écartent ou les rapprochent.
On les reconnaît par leurs gestes, pas de plaquettes, pas de noms, des chemises pastel, plus transparentes pour les femmes, qui pourraient être portées sous les manteaux de cuir ou de fourrure – mais aussi du plus détendu, du plus moche: c’est un peu les vacances – qui s’entassent au vestiaire.
Un big band s’installe dans les conversations éthérées.