– Tu serais pas un peu kamikaze, toi?
– C’était juste une expérience. Je me suis dit que, plutôt que de parler de "conscience", on allait faire un petit travail pratique.
– Tu m’as toujours dit que t’avais pas intérêt à commencer à jouer ou à te droguer, parce que tu pouvais être assez extrême. Là, je sais pas comment t’as fait...
– Le but, c’était de pas ouvrir la bouche pendant toute l’heure et de voir ce qui allait se passer. Des fois, je le regardais dans les yeux, des fois je regardais ailleurs, la fenêtre, la clim, le store, la clim, la fenêtre, mais après une demi-heure, je me suis dit que c’était vraiment long, une heure... Je savais que si je me mettais pas une règle simple et claire, je tiendrais pas. Je t’assure que je suis passé par tous les états possibles...
– J’imagine.
– Mais je me suis tout laissé vivre en observant en détail ce qui se passait, y compris quand j’ai dû me moucher à cause de mes grosses larmes de tout au fond... Ce que j’ai trouvé vraiment classe, c’est que plutôt que de me donner la clé comme d’habitude pour aller ouvrir au Japonais qui vient après, Leveratto m’a accompagné dans l’ascenseur jusqu’à l’entrée. Tout d’un coup, je sais pas pourquoi, il avait l’air tout petit.