En plein milieu de mon téléphone chez Lufthansa pour réserver notre billet de retour – le retour, le vrai! – la petite demoiselle à la voix fluette m’a dit qu’on allait devoir arrêter là parce qu’il allait y avoir une "coupure de courant programmée" et qu’on leur avait demandé d’éteindre tous les ordinateurs. Il fallait, désolée pour cet inconvénient, que je rappelle plus tard.
Nouvel essai le lundi suivant et victoire par K.O. après une heure passée au téléphone pour régler tous les détails, en particulier une petite surprise de dernière minute qui a poussé mon charmant interlocuteur à demander à son chef comment il fallait faire étant donné que l’AFIP, l’administration fédérale des impôts, interdisait les versements en cash de plus de 10’000 pesos. Réponse après quelques boucles de jolie musiquette:
– Deux versements, un pour votre billet et un autre pour celui de votre femme et de votre fille, ça vous irait? Ça nous ferait donc un versement à 8’446 pesos et 55 centimes et un autre à 9’357 pesos et 95 centimes, c’est-à-dire un total de 17’804 pesos et 50 centimes. On est bien d’accord?
– Absolument. Vous avez inclus les trois fois 63 dollars 50 cents de commission pour l’achat par téléphone?
– Tout à fait: vous faites bien de le mentionner. Vous avez donc jusqu’à aujourd’hui 15 heures pour faire le versement dans n’importe quelle succursale de Citibank, scanner le reçu et nous le faire parvenir par mail. Dans le cas contraire, il faudrait à nouveau prendre contact avec nous pour adapter le prix à la fluctuation du cours de la monnaie.
Ni une ni deux, je compte mes 178 billets de 100 pesos pendant que Celia met de la crème solaire à Lucie – un petit enfant est encore l’un des meilleurs moyens, sous ces latitudes, pour ne pas perdre trop de temps dans les queues – et direction la Citibank du parc Rivadavia! Il faut dire qu’avec un dollar blue à presque 8 pesos et un dollar officiel à 5, ça vaut la peine de jouer au Monopoly...
Vu que tout a été réglé en dix minutes chrono, pas la moindre attente, un banquier sympa qui fait des grimaces à Lucie, le rêve, je profite d’aller faire un petit coucou à Lalo dans sa librairie.
– Tu sais, ça fait bizarre: je viens d’aller acheter notre billet de retour... T’aurais pas quelques cartons en rab pour le déménagement?
En rentrant chez nous le long de Bogotá d’un pas morose, je me rends compte avec un petit sourire que c'est justement l’anniversaire de Lucie: 9 mois, l’âge idéal pour changer de continent!