Aujourd’hui, troisième jeudi de mois, donc mantras jusqu’au petit matin, donc pas de jam dans le sous-sol de la librairie de Lalo. Je profite de la balade de Lucie pour aller faire un coucou à mon ami libraire et guitariste (et contrebassiste tout à fait honorable depuis que Gonzalo a du succès avec son groupe) pour lui avouer que, non, je ne serai pas là ce soir pour faire des solos sur Blue in Green ou sur Footprints.
Quand je me mets à lui raconter mon aventure avec Rabanal, Lalo, bon commerçant, me dit qu’il a justement un titre de lui. Dix secondes plus tard, il me tend un exemplaire d’occasion de La Femme russe.
– Tu le fais à combien?
Il prend le livre pour aller vérifier le prix sur son ordinateur, fait quelques pas, revient, me le redonne.
– De toute façon, j’ai pas de scanner pour lire le code-barre: tu peux jeter un œil au bouquin en attendant si tu veux.
Riche d’un nouveau livre à ramener en Suisse d’une valeur de 98 pesos, mais, pour moi, parce que c’est moi, de 90, je reprends la direction de chez nous. Quand je finis de traverser le hall d’entrée, les voisins du 6A arrivent dans l’ascenseur. La femme, défaite:
– On nous a encore braqués! C’est vraiment pas de bol...
– Où ça?
– Juste là, à un demi-bloc, devant notre garage!
Son mari, un œil au beurre noir et une pommette en sang, clopine tant bien que mal derrière elle jusqu’à la porte.
En rentrant du yoga, je croise une de leurs filles en train de causer avec son copain devant l’entrée et je lui demande comment va son vieux. Après une petite pause pour évaluer ce que je sais déjà:
– Il est vraiment bien amoché, le toubib est en route. Mais bon: au moins, ils l’ont pas tué.