dimanche 19 mai 2013

Julio

Une note, de 2010:

"Hier, rencontre avec Julio, le gardien du parc Giordano Bruno. Belle rencontre, très simple, très improbable: je me suis assis à côté de lui parce que c’était le seul banc de tout le parc où il y avait encore du soleil. Je sentais sa voix grave vibrer dans le banc, j’étais très attentif à ce qu’il disait, pas à ses paroles, à ce qui se passait quand il les disait. J’avais le sentiment de me retrouver en présence de quelqu’un d’important, peut-être pas dans cette vie, pas selon les critères de la société actuelle, mais quelqu’un qui comptait, je ne sais pas bien pourquoi.

Je voyais quelqu’un d’autre derrière celui que j’aurais vu normalement, je ne sais pas très bien qui, mais je suis resté très attentif à cette impression de connexion, de décalage, de vue à travers ce que j’aurais vu normalement. J’ai mieux compris cette figure qu’on retrouve dans certains livres et dans certains films, en général une vieille personne, en général un vagabond, qui ouvre les yeux du protagoniste sur des réalités importantes, en général au sujet de sa propre vie. La plume est le miroir de l’âme, m’a dit Julio. C’est vrai, c’est à ça que je travaille."