Pendant la nuit des mantras, je me suis mis à penser à des musiques que je pourrais écouter une fois la nuit terminée, à des films que je pourrais voir, à des lieux où je pourrais aller avec Lucie et Celia. Rien de très précis, pas de titre, pas d’image, pas de noms, juste l’impression vague de pouvoir vivre des moments agréables une fois la récitation derrière moi.
Quand je me suis rendu compte que mon esprit se baladait, je me suis infligé un petit blâme intérieur – et puis, juste après, naturellement, un autre blâme pour mon blâme à la fois inutile et contre-productif – et j’ai fait un effort pour visualiser chacune des syllabes au moment où je la chantais – NA, MAN, DA, BU – histoire de coller au moment présent.
Lorsque les musiques, les films et les lieux sont revenus, je suis dit que j’allais leur prêter l’oreille plutôt que de les écarter d’un revers de rosaire. Chacun à leur tour, ils m’ont patiemment expliqué qu’ils n’apparaissaient pas parce que je cherchais à m’évader du présent, mais tout simplement parce que je n’avais pas encore d’autres moyens à ma disposition pour me représenter la plénitude simple que je ressentais en ce moment même.