Une note, de 2010:
"Hier soir, en allant à Villa Adelina au concert de Gonzalo, j'ai compris quelque chose dans les rues froides d'automne, au milieu de ces odeurs de fumée et de froid qui me rappelaient celles des villages de montagne.
Le mouvement habituel aurait été celui du regret, le regret de ne pas être là-bas, de ne pas être là-bas plus souvent, mais là, je me suis dit que c'était à l'envers – es al revés comme dirait Gustavo –: l'important, c'était la sensation, c'était ce que je vivais à ce moment-là, ce n'était pas ce qui produisait la sensation, ce n'était pas une sensation qui devait être comparée à une autre, un lieu qui devait être comparé à un autre, l'important c'était la sensation dans ce qu'elle était, dépourvue de la sécurité d'un support – un lieu, une femme, une musique – qui renforcerait la probabilité que je l'éprouve de nouveau, la sensation dans la confiance du moment.
Je pouvais sentir cette sensation parce que j'étais moi et je pourrai peut-être la sentir de nouveau en étant de nouveau moi, ou peut-être pas, mais ça n'enlevait rien à la sensation du moment, ça ne rajoutait rien non plus."