Pendant que j'expliquais à Madeleine les b-a-ba de l'utilisation de la carte Galaxy pour acheter son ticket de métro, une des Roms du centre-ville s'approche des automates avec une poignée de pièces de deux francs étalées dans sa main ouverte:
– C'est pour changer, c'est pour changer!
Je lui tends une pièce de cinq et elle:
– Encore, c'est pour manger!
Elle agrippe ma deuxième pièce de cinq et son autre main, celle avec les pièces de deux en éventail, se referme d'un coup: je ne vais pas revoir un centime, c'était à prévoir.
Madeleine part au quart de tour:
– Mais, elle vient de te piquer dix balles! Madame, vous...
– T'inquiète pas, je la connais...
Dans le métro, je pense d'abord à Gustavo – "Donnez toujours un peu plus que ce que vous voudriez" – et puis à cette main qui s'est refermée d'un coup, cette main que j'aurais, tout compte fait, volontiers mordue jusqu'au sang, comme ça, pour voir.