Pour faire un peu de place à Emmanuelle dans notre chambre d’amis qui est aussi notre bureau, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allé manipuler les piles de livres posées là depuis mai dans le but de leur trouver une place dans l’un ou l’autre de nos rayonnages déjà pour la plupart bondés à double épaisseur.
Tous ces livres, il faut que je m’en fasse une raison, je n’en lirai certainement pas la grande majorité parce que je commence à en avoir marre qu’on me raconte des histoires.
Longtemps, j’ai cru que les romans pouvaient nous apprendre des choses sur le monde, nous faire vivre d’innombrables vies, ce genre de choses qu’on dit quand on parle de littérature. Mais j’ai de plus en plus l’impression que les livres, ça distrait, ça empêche de se concentrer sur le centre de la vie en nous ensevelissant sous des expériences toutes plus captivantes les unes que les autres.
Donc, il va falloir soit que je pense à changer de job, soit que je me fasse à l’idée que le centre de la vie est partout, y compris dans les histoires qu’on lit et qu’on écrit.