Cette semaine, Lucie a découvert qu'elle avait des pieds, deux, pour être plus précis. Le seul problème, c'est que ces fichus pieds ont une fâcheuse tendance à s'éloigner brusquement dès que notre chère petite essaie de s'en emparer, et ceci même si elle déploie tous les stratagèmes imaginables pour les prendre par surprise.
Une des parades, pour autant que Lucie soit assise sur mon torse et que je sois couché dans l'herbe du jardin, consiste à s'agripper à mes poils – quitte à en arracher une ou deux poignées – et à se pencher en avant vers ce lieu où ces pieds tout nouveaux viennent se perdre dans les profondeurs poivre et sel – surtout poivre, pour l'instant, mais les responsabilités nouvelles de la paternité sont en train d'inverser la tendance – de ma barbichette.
Encore faut-il que je n'en profite pas pour passer ma grosse langue sous ces petons intrigants, initiative surprenante propre à déclencher immédiatement un éclat de rire aux modulations nouvelles dont les courbures intonatives plongeraient à coup sûr notre cher Yves dans une douce extase phonologique.
– Mais si, écoute bien, elle reprend la mélodie de la fin de ta phrase! C'est dingue!