Le patron de la Tolva, celle d’Acoyte mais aussi des quatre autres succursales, a vingt tatouages sur le corps dont un sur le cou – "Ne baissez pas les bras" – que je m’empresse de lire avec mon plus bel accent local. Du coup, il m’offre mon Schweppes.
Et là, devant mon MacBook posé bien haut sur son carton pour m’économiser la nuque, au fond de mon repaire tolochinois à entrer au kilomètre des fiches d’auteur sur le site du Livre sur les quais, la Tolva, Manuel, tous les bus, les voitures et les motos d’Acoyte, eh bien, franchement, ça me manque.
À peine j’ai fini ma phrase, je reçois un mot de Mariana sur Facebook: avec Marcelo, ils ont choisi le prénom de leur enfant et le Parque Centenario n’est décidément plus le même sans nous.
Alors les distances disparaissent entre ma cave confortable et l’hiver porteño. Alors ma nostalgie se dissout dans une bonne fatigue récoltée de brasse en brasse à travers le Léman. Alors je me rappelle que les esprits n’ont pas à se démener pour tendre l’un vers l’autre, mais simplement à se rendre disponibles à cette présence toujours déjà là, à cette belle et bonne présence, tellement généreuse en clins d’œil encourageants.
Non, ne baissez pas les bras!