Si Adolfo sonne, il va réveiller Lucie, alors je descends pour l’attendre devant la porte. Juan est en train de nettoyer les coulures laissées par les peintres.
— Comment ça va?
— On est en train de préparer le départ... Dans dix jours on est loin?
— Vous allez où?
— En Suisse, dans notre pays.
— Et vous revenez quand?
— On revient pas, on reste là-bas...
— Ah oui, c’est vrai?
— Ben ouais. Ça fait déjà six ans qu’on est là.
— Là: là?
— Oui, dans cet appartement, six ans et trois mois pour être précis.
— C’est que vous allez nous manquer. Vous avez été des locataires super: jamais eu même un tout petit problème...
— Vous aussi!
Je le serre dans mes bras très fort, longtemps, et puis je fais un pas en arrière.
— C’est qu’on s’habitue...
Il a les yeux pleins de larmes et sort un mouchoir. Ma tristesse n’est pour maintenant: c’était avant, ça sera pour après.
— Mais on repassera, tu sais: on a une fille Argentine, faut pas oublier ça!