Lundi, pour moi, c’était la rentrée. Donc, naturellement: réveillé à 5 heures, la boule au ventre, impossible de me rendormir.
En faisant la crêpe sur le lit de notre bureau, désolé de ne pas pouvoir profiter de ma nuit au calme à côté de la cave – pour tenir avec Lucie qui se réveille toutes les deux heures depuis trois semaines, avec Celia, on alterne… –, je me suis mis à penser à cette peur en détail et j’ai eu la certitude qu’au moment de ma mort, ma peur serait exactement la même.
Pas différente de celle d’avant les examens, d’avant le dentiste, d’avant un premier rendez-vous: cette peur devant la mort sera la mienne, celle que j’ai appris à connaître, celle que j’ai fréquentée durant toutes ces années.
Cette peur avec laquelle je devrai discuter, que je devrai amadouer avant mon passage ailleurs, cette peur que j’aurai peut-être appris, d’ici là, à rendre plus douce, cette peur sera exactement celle que je connais, tout à fait personnelle, habituelle, exactement pareille à celle de mon lundi matin de rentrée.
Soulagement et tristesse, tristesse et soulagement.