Revenir en Suisse, je m’en rends de mieux en mieux compte, c’est réapprendre en situation ce que je croyais déjà savoir: être sage tout seul devant son ordinateur, à 12’000 kilomètres du pays qui vous a donné sa forme et sa mentalité, c’est facile.
Mais ce retour au bercail me permet aussi de découvrir que le plus agressif des interlocuteurs – un interlocuteur véritable, en chair est en os, pas le fruit mon imagination prolifique – est moins impitoyable, moins enclin à gratter dans mes faiblesses et à en tirer parti que je ne le suis à mon propre égard: la pire personne à qui je puisse tenir tête, et de loin, c’est encore moi-même.