Une note, de 2010:
"La question de la séparation entre ici et là-bas, entre les différentes choses que je fais ici et que je fais là-bas, comme si je ne pouvais pas faire les mêmes choses en Suisse et en Argentine, ou, en tout cas, pas de la même manière.
Je me demande quels sont les profits que je tire de ces séparations intérieures. À court terme, ça me permet certainement de m’y retrouver un peu mieux, mais ça me sépare aussi de moi-même, ça me sépare par le centre, ça me sépare au cœur de ce que je fais – est-ce que ça me sépare au cœur de ce que je suis?
Comme si, plus au moins consciemment, je m’étais mis dans la tête que mon séjour ici me servait à gagner mon temps de là-bas, comme si je mettais ma vie entre parenthèses sous prétexte de pouvoir vivre mieux là-bas, mieux et plus. Comme si je vivais moins ici que là-bas, comme si j’étais capable de vivre plus ou de vivre moins, comme si vivre, ça pouvait se quantifier."