samedi 30 avril 2016

La surprise de la ferveur

– Si tu demandes avec ferveur quelque chose qui n'existe pas, tu peux obtenir quelque chose que tu n'as pas prévu.

jeudi 28 avril 2016

Ce que je voulais

Une note, de 1999:


"Je me souviens de ce que je voulais, pas de ce qui a été."

mercredi 27 avril 2016

Remonter le long des gouttes de pluie

Alors je prends le temps de remonter le long des gouttes de pluie qui s’écrasent sur les pavés d’Alsina, le long des gouttes qui s’écrasent sur le toit du Furaibo, sur le toit du bâtiment des impôts, au-dessus de la Place de Mai, au-dessus de San Telmo et de ses maisons historiques, de ses rues et de ses avenues à angle droit qui dessinent un filet orange aux mailles de plus en plus serrées, filet qui continue à s’étendre, à s’étendre encore, jusqu’à ce que ses limites se dessinent, jusqu’à ce que les mailles dans les bords s’effilochent pour disparaître petit à petit, un filet qui devenu toile d’araignée, qui est devenu un seul point brillant et fluctuant, un point qui disparaît par intermittence derrière des écharpes de brouillard noir jusqu’à ce que je me retrouve à l’intérieur des nuages d’où tombent les gouttes qui m’entourent encore au moment où le battement des taikos me réveille: c’est le moment d’y retourner.

mardi 26 avril 2016

Flatter l'égo plutôt que le porte-monnaie

En Suisse romande, un jeune romancier peut s’estimer heureux s’il vend cinq cents livres. Sur chaque livre vendu, il va toucher un dix pour-cent, c’est-à-dire deux francs cinquante pour un livre à vingt-cinq francs.

L’Association Tulalu!? paie à chaque auteur qu’elle invite pour une soirée d’entretien trois cents francs, c’est-à-dire l’équivalent de ce qu’il toucherait pour cent-vingt livres vendus.

En Suisse romande, contrairement à ce qui se passe en Suisse alémanique, les grandes manifestations ne paient pas les auteurs invités parce que c’est pour "leur promotion" et qu’elles n’en ont "pas les moyens".

Après, on clame sur tous les toits qu’il faut soutenir les auteurs... Mais vu que la promotion ne va que très rarement se traduire par des ventes suffisantes, il faut sans tarder revoir le modèle.

À moins, bien sûr, que les auteurs continuent à préférer qu’on flatte leur égo plutôt que leur porte-monnaie...

lundi 25 avril 2016

Un seul exemplaire d'un livre qui n'existe pas

Quand je lui ai donné un exemplaire de notre Veneno, Ariel l'a porté à son nez pour respirer son odeur.

En descendant de la voiture pour aller boire un chocolat chaud avec les enfants, il m'a dit que ça lui faisait bizarre de se lire dans une autre langue.

En arrivant à la maison, il a dit à Celia qu'il avait encore un peu de peine à y croire, que je lui avais certainement fait une farce en imprimant un seul exemplaire d'un livre qui n'existait pas.

dimanche 24 avril 2016

À travers l'écriture

Une note, de 2014:

"Retourner dans l'écriture parce qu'il faut passer à travers."

samedi 23 avril 2016

L'odeur rassurante du café et des journaux

L'odeur rassurante du café et des journaux.

vendredi 22 avril 2016

Une naissance et une mort

Une note, de 2014:


"Une naissance et une mort qui arrivent: bien entourée, la vie reprend de la force."

jeudi 21 avril 2016

Au ras du sol

Je suis passé voir David à Cery ce matin pour travailler sur son autobiographie. J'ai découvert cet hôpital et je l'ai trouvé très proche du Borda de Buenos Aires, plus propre, moins décrépit, mais les mêmes cris dans les couloirs, la même énergie au ras du sol.


De la peine à mettre des mots: j’ai eu besoin de marcher dans la forêt, de piocher dans la boite de bonbons à côté du levier de vitesses et de rouler longtemps au milieu des champs de colza jusqu’à ce que je m’attable devant l'assiette du jour d'une auberge communale. 

mercredi 20 avril 2016

Beaucoup de choses se perdent

Beaucoup de livres dans le dojo du Furaibo depuis notre dernier passage, des tables de restaurant, une télévision.

Ce lieu qui m'avait semblé immense, ouvert, me mange à présent mon espace intérieur. 

Beaucoup de choses se perdent, du moins en apparence. 

mardi 19 avril 2016

Tomber amoureux de n’importe qui

– Si vous êtes vraiment disponible, vous pouvez tomber amoureux d'absolument n'importe qui. Vous pouvez aimer les grandes brunes à gros seins et vous retrouver dans les bras d'une petite blonde. C'est que ce n’est en général pas vous qui choisissez: c'est la première chose qu'il faut que vous compreniez. Ça remonte à beaucoup plus loin que votre simple petite vie.

lundi 18 avril 2016

Définir place, temple et plume

Peut-être que, pour cette vie-ci, ma place n'est pas dans un temple mais au bout d'une plume.

Pas exclusif, dirait quelqu'un que je connais.

Reste à définir place, temple et plume.

dimanche 17 avril 2016

Un lieu qui m'ouvre

L'écriture doit être un lieu qui m'ouvre, pas un lieu qui m'oblige.

samedi 16 avril 2016

Une courbe de chair

Une note, de 1997:

"Tu danses. Ton corps se disloque et se reconstitue. Tu es une boule, une foule d'éclats, tu invoques toutes les directions à la fois! Tu es une courbe de chair tombée sous le dernier projecteur."

vendredi 15 avril 2016

Mieux voir autour de moi

Une note, de 2011:

"Voir mieux en moi n'est pas le meilleur moyen de mieux voir autour de moi, c'est le seul."

jeudi 14 avril 2016

Un reste indispensable

Une note, de 2008:

"L’écriture serait la construction d’un rapport au monde.

Le livre serait un reste, peut-être indispensable."

mercredi 13 avril 2016

La pratique ne va rien ajouter

Je sais que la pratique ne va rien ajouter.

Je sais que la pratique est un dévoilement.

Je sais que la pratique est là pour éclaircir, pour montrer, pour mettre en évidence.

Je sais que la pratique est le chemin vers ce que j’ai toujours cherché.

Je sais que j’ai déjà vécu la pratique, dans beaucoup d’autres vies, dans beaucoup d’autres lieux.

Je sais que j’ai déjà entonné le NA, déjà entonné le MAN, déjà entonné le DA, déjà entonné le BU.

Je sais que la pratique ne va rien ajouter.

mardi 12 avril 2016

Toute l'envergure du lac

Une note, de 1997:

"Tu étends tes bras pour mimer toute l’envergure du lac, tu tournes sur les feuilles mortes. Tu bondis d’une pierre à l’autre le long de la jetée léchée par l’eau: on peut entendre les pans de ton manteau claquer contre tes cuisses."

lundi 11 avril 2016

Mes morsures ne saignent pas

Il arrive un moment de l'insomnie où je me tape les côtés du crâne avec les poings, où je me mords la peau de l'avant-bras, toujours le droit.

Heureusement, avec la gouttière en plastique fixée sur les dents du haut pour leur éviter de s’user sur les dents du bas pendant mon sommeil, mes morsures ne saignent pas.

dimanche 10 avril 2016

Une ville en train de s'éteindre

Les dernières braises dans l'encensoir étaient une ville en train de s'éteindre.

samedi 9 avril 2016

Il faut que la pratique me pratique

Il faut que la pratique me pratique, il faut que le mantra m’entonne.

Plus je désire que le mantra m’entonne, moins il va m’entonner.

Il faut entonner et entonner encore, jusqu’à ce que l’égo décroche.

NA.
MAN.
DA.
BU.

NA: MAN: DA: BU.

NA MAN DA BU.

NA MAN DA BU NA MAN DA BU NA MAN DA BU

vendredi 8 avril 2016

Rester ici ou ailleurs

– Il faut comprendre que rester ici ou ailleurs est la même chose et a le même effet. 

jeudi 7 avril 2016

Le monde n'a plus de centre

Le nenju en train de tourner au milieu du dojo devient le centre du monde, le monde entier se met à tourner autour du nenju qui s’égrène entre nos mains, et comme le monde tourne aussi, le monde n’a plus de centre, le centre du monde est partout dans le monde, le centre du monde est chacune des perles de ce nenju qui passe entre nos mains, les centres du monde sont égrenés entre nos paumes, le kim sonne: cinq cents mantras de plus ont été entonnés.

mercredi 6 avril 2016

L'écriture c'est comme les bracos

- L’écriture c’est comme les bracos, au début tout est normal, les premiers chapitres du jour sont une mise en jambes, on met les choses en contexte, on pense à autre chose, mais d’un seul coup voilà la rue de la queban, la respiration se concentre, le monde disparaît, on rentre dans autre chose, voilà la banque, quelque chose se joue, les gestes sont minimalistes, l’air se raréfie, quelque chose s’écrit, et on se retrouve dans la voiture, le sac avec les billets à ses pieds, deux trois chapitres se sont écrits presque sans moi, on respire à nouveau, encore quelques chapitres pour meubler, sur les trottoirs les gens passent l’air de rien.

mardi 5 avril 2016

La nuit modifie les proportions

Il y a, de chaque côté de la rivière, la nuit imprécise des chaînes de montagnes toutes proches.

En traversant le pont, entre les rambardes d'un blanc fantomatique,  je sens que la nuit modifie en profondeur les propositions. Un pas après l'autre, je cherche les mots pour rendre cette impression et puis je renonce. Prendre note quelque part, par exemple ici, et attendre que ça prenne forme.

Sur le chemin du retour, on passe de nouveau à côté de la barre jaune de la station-service au bord de l'autoroute.

Pour Celia, c'est un non-lieu qui ressemble à tous les autres, ça la rend triste, d'autant plus triste que la nouvelle sortie qui se construit sous nos pieds va enterrer de longues promenades sur son petit vélo de petite fille, les cheveux au vent.

Pour moi, c'est un contraste intéressant qui structure l'espace incertain, les masses vaguement inquiétantes des montagnes et de la nuit, le point de départ d'une scène, l'intuition d'une histoire à portée de main.

lundi 4 avril 2016

Ouvrir l'espace de l'action

L'écriture devrait être un lieu dans lequel je puisse respirer calmement.

Voir exactement comment et quand la respiration se met à se raréfier.

Mais sans doute que la respiration se mettrait à se raréfier dans n’importe quelle autre situation: c’est simplement parce que je me crois maître de celle-ci que je sens la respiration se raréfier.

Et si la respiration se raréfiait justement à cause de cette responsabilité que je m'impose face à une situation que je veux totalement mienne?


Déplacer alors l'écriture de l'être au faire, ouvrir l'espace de l'action et laisser l'être s'y deployer tranquillement une fois que la machine est lancée.

dimanche 3 avril 2016

Sur la ville de mes rêves

La photo que Philippe a prise de Buenos Aires me fend le cœur: exactement le genre de vue qu’on avait depuis le toit de notre immeuble d’Acoyte, quand on prenait l’ascenseur jusqu’au huitième étage puis l’escalier jusqu’au neuvième pour aller étendre le linge.

Lire les mots qu’il va mettre sur la ville de mes rêves m’aidera sans doute à trouver enfin une manière de l’écrire. J’ai bon espoir.

samedi 2 avril 2016

Au diapason de ce qui est

Le mantra, une des manières de se mettre au diapason de ce qui est.

vendredi 1 avril 2016

Le monde n'a plus de côté

Je perds petit à petit le sentiment que je suis de l’autre côté du monde. Le monde n’a plus de côté et je n’ai plus de place.