Une note, de 2009:
"Hier soir, pour la première fois depuis longtemps, du calme, un début de calme et de respiration. C’est en passant sur la passerelle, cette passerelle que j’aime tant, au-dessus des voies entre Loria et l’Abasto, que les choses se sont mises en place.  Je pense que j’ai pu faire le lien grâce à l’interview d’Éric dans le Temps. Tout prenait sens, tout faisait sens: mes recherches intérieures, de tous les types, bon sens, psychologie, psychanalyse, littérature, bouddhisme, se mettaient ensemble et me donnaient de la liberté à l’intérieur, la liberté d’être celui que j’étais à ce moment-là, d’être celui que je suis au moment où je le suis.
J’ai pu sentir que j’étais celui qui me faisait souffrir, que j’étais celui qui appliquait sur moi-même la force qui me provoquait de la douleur et qui m’empêchait de respirer, j’ai pu sentir, là aussi, que c’était moi le responsable, que je n’avais à blâmer ni les autres, ni le lieu où j’habitais, ni mon éducation, ni la chimie de mon cerveau. Je me suis senti absolument responsable de celui que j’étais, absolument libre au sein de cette responsabilité. C’est là que je me suis rendu compte à quel point je vivais enfermé dans ma propre angoisse, à quel point je m’étais consciencieusement construit cette camisole.
Pouvoir respirer de nouveau, un peu, était une libération, mais j’étais conscient que je le devais beaucoup à mes efforts et que ces efforts allaient devoir continuer. Je me suis aussi rendu compte qu’une bonne partie de mes problèmes, qu’une bonne partie de mes douleurs, venait du fait que je focalisais mal mon énergie, ma grande énergie, que je ne lui permettais pas de me profiter – jusqu’à la faire se retourner contre moi – parce que je la gaspillais à la fois dans une recherche effrénée de l’approbation et dans une peur panique de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour recevoir cette approbation. Maintenant que je sais que je dois porter mes efforts sur ma centration sur ce que je fais, je sens que je vais pouvoir m’éviter plus facilement des douleurs."