Je suis ressorti de cette belle causette avec Jacques autour du Sirius les larmes aux yeux, complètement déprimé sans trop savoir pourquoi.
Je suis passé à la boulangerie de Gollion m’acheter un demi-litre de chocodrink, une bonne tranche de salée au sucre, et je me suis dépêché de les avaler. Après, j’ai posé la voiture dans un petit chemin au bord d’un champ et je me suis couché dans l’herbe.
Comme les larmes ne voulaient pas sortir, j’ai laissé remonter d’elles-mêmes les répliques de notre discussion pour voir si l’une ou l’autre s’imposait.
Celle qui a pris le dessus était celle où il parlait de ce respect pour un écrivain mort auquel lui faisait penser mon besoin de terminer ce Sirius dans l’esprit qui était le mien quand je l’avais commencé, il y a passé douze ans.
J’ai senti que c’était bien de ça qu’il s’agissait: reste à savoir si c’est l’écrivain en moi qui est en train de finir de mourir, ou l’un des nombreux écrivains que je porte.