vendredi 30 décembre 2016

Le chantier de l'âme

– Le corps est le chantier de l'âme où l'esprit vient jouer ses gammes.

jeudi 29 décembre 2016

Je te regarde

– Oui?

– Je te regarde, c'est tout. Je prends le temps de te regarder. D'habitude, on a tellement de choses tellement plus importantes à faire...

– Attention, je pourrais me vexer là...

– Je voulais juste dire que d'habitude je prends pas le temps de te regarder et que là, je te regarde. C'est tout.

Le samsara et le nirvana

– Un sage indien parle du samsara et du nirvana. Le samsara, c'est le monde fait de changements, de désirs et de tourments dans lequel nous vivons. Le nirvana, celui auquel accède l'éveillé : délivrance, béatitude. Mais, dit le sage indien, « celui qui fait une différence entre le samsara et le nirvana, c'est qu'il est dans le samsara. Celui qui n'en fait plus, il est dans le nirvana ». Le Royaume, je crois que c'est pareil.

mercredi 28 décembre 2016

Écrire le monde tel qu'il m'apparaît

Cette certitude intime que le monde ne sera pas complet tant que je ne serai pas parvenu à l'écrire tel qu'il m'apparaît.

Ce qui est en toi

– Si tu fais advenir ce qui est en toi, ce que tu feras advenir te sauvera. Si tu ne fais pas advenir ce qui est en toi, ce que tu n'auras pas fait advenir te tuera.

mardi 27 décembre 2016

La distance des mots et du monde

Tu as toujours gardé avec moi la même distance qu'ont les mots avec le monde.

jeudi 22 décembre 2016

Les lieux s'invitent les uns les autres

Une note, de 2007:

"Le sentiment, avec ce soleil, ces odeurs, d’avoir tout aussi bien pu me balader dans le Lavaux: conscience extrêmement forte de la connexion de tous les lieux en moi. Ils s’invitent les uns les autres: pas besoin de les traverser pour y être."

mardi 20 décembre 2016

Le soleil lancé à travers mes yeux

Au sommet de la montagne, une vitre lance tout d’un coup le dernier soleil à travers mes yeux.

Depuis ma rue de l’autre côté du lac, je suis un instant dans cette cabane au milieu de la neige, et puis je n’y suis plus.

lundi 19 décembre 2016

Une petite histoire

– Petite histoire!

– Il était une fois la fin de l’histoire.

– Mais c’est pas une histoire! C’est juste une phrase!

– Oui: et?

– Une histoire, c’est au moins neuf ou dix phrases!

– Il était une fois la fin de l’histoire. Il était deux fois la fin de l’histoire. Il était trois fois la fin de l’histoire. Il était quatre fois la fin de l’histoire. Il était cinq fois la fin de l’histoire. Il était six fois la fin de l’histoire. Il était sept fois la fin de l’histoire. Il était huit fois la fin de l’histoire. Il était neuf fois la fin de l’histoire. Il était dix fois la fin de l’histoire. Voilà.

– C’est aussi pas une histoire! Dans une histoire, il y a des bonhommes et des coeurs!

dimanche 18 décembre 2016

La barbe du père Noël

"– Père Noël ! s'écria le chef des lutins en ouvrant la porte de la chambre où dormait le vieux bonhomme. Réveillez-vous, nous sommes au mois de décembre. Il faut songer à vous préparer...
– Quoi ? Déjà ! fit le père Noël en bâillant...
– Levez-vous, reprit le lutin, sinon vous ne serez pas prêt à temps pour faire la tournée des cheminées. Pensez, il faut nettoyer votre grand manteau, cirer vos bottes, rassembler vos rennes, ouvrir les lettres de tous les enfants qui vous ont écrit, emballer les cadeaux, charger votre traîneau...
– Oh là là ! dit le père Noël en quittant péniblement son lit.
Quel travail ! Il faisait si bon sous les couvertures...
– Courage, père Noël, je vous ai apporté du café bien chaud...
Le père Noël but rapidement son café, puis se dirigea vers l'armoire dans laquelle étaient rangées ses affaires. Il en sortit un manteau tout chiffonné et des bottes pleines de poussière, qu'il tendit au lutin.
– Veille à ce que ma tenue soit impeccable. Pendant ce temps, je vais à la recherche de mes rennes et lire mon courrier...

Durant des jours et des jours, une grande activité régna alors dans le ciel.
La nuit de Noël, le chef des lutins retourna voir le père Noël. Il aida celui-ci à endosser son manteau, à enfiler ses bottes, puis reculant de quelques pas, il lui dit :
– Tournez-vous... Pas mal, pas mal ! ajouta-t-il en s'agenouillant pour arranger un pli du manteau, avant de grimper sur une chaise pour dissimuler une mèche de cheveux qui dépassait du bonnet du père Noël... Tout me semble parfait... Il n'y a que votre barbe qui, cette année encore, me semble bien trop longue...
– Tu crois ? interrogea le père Noël en jetant un coup d'œil dans son miroir...
– Oui, si longue même que vous risquez de tomber en marchant dessus. Ça doit faire des mois et des mois que vous ne vous êtes pas rasé... Ce n'est pas très sérieux. Ça ne fait pas très soigné. Ne bougez pas...

Il revint quelques minutes plus tard avec une grande paire de ciseaux, installa le père Noël sur un fauteuil de nuages, et commença à couper très délicatement sa barbe...
Des millions de petits poils blancs s'envolèrent aussitôt dans le ciel, sous les yeux amusés des lutins qui s'étaient rassemblés pour assister au spectacle.

Sur la terre, au même instant, un petit garçon qui n'arrivait pas à s'endormir, écarta les rideaux de sa chambre.
Soudain, il aperçut, émerveillé, les premiers flocons voltiger dans la nuit et recouvrir peu à peu la campagne...
Un sourire apparut sur ses lèvres. Il se précipita pour réveiller sa sœur.
– Lucie viens voir, c'est magnifique : il neige ! Là-haut on est sans doute en train de couper la barbe du père Noël... Chouette, ça signifie qu'il va venir bientôt. Recouchons-nous pour l'attendre…"

samedi 17 décembre 2016

Avec mon sapin

– Maman!

– Oui?

– J'aimerais me marier avec mon sapin parce qu'il est trop beau!

vendredi 16 décembre 2016

Difficile de ne pas être d'accord

Nous n’avons jamais vraiment pu ne pas être d’accord : nous ne parlions pas la même langue.

mardi 13 décembre 2016

Ces ailes d'ange

Il y a ces ailes d’ange que je sens dans mon dos et que je ne peux pas déployer parce que je dois rester couché, à cause de la consigne. Ces ailes qui sont coincées sous moi, mais que je sens tout de même, comme des membres amputés.

Les outils de l'équilibre

Je n'ai pas à chercher en dehors de ma vie les outils pour lui trouver un équilibre: c'est elle qui me les tend.

dimanche 11 décembre 2016

Ma plainte

J’ai longtemps cru qu’écrire à ton sujet ne me serivirait qu’à me plaindre. C’est longtemps ma plainte qui s’est glissée en travers de mon écriture.

samedi 10 décembre 2016

Des livres à écrire

Une note, de 2013:


"Je suis le seul à savoir que j'ai des livres à écrire, à me l'imposer."

vendredi 9 décembre 2016

Papa tombe à la renverse

Une note, de 2007:

"Cette nuit, papa est venu dans la nouvelle maison de maman (qui ressemblait beaucoup à la sienne) accompagné des deux enfants qui lui restent. Me voir lui a fait un tel choc qu’il est tombé à la renverse, mais un médecin qui était là, avec lui – on pouvait le reconnaître à son stéthoscope: il ressemblait beaucoup au psy du Borda qui s’occupe du tango –, a dû le retenir dans ses bras. Il venait avec ses deux enfants parce qu’il avait très peur de sa femme."

jeudi 8 décembre 2016

Un baiser profond

Si je me bats avec ma langue, c’est que j’ai l’illusion qu’elle pourrait atteindre la tienne. Je parle de mots et c’est l’image d’un baiser profond qui me vient, comme ça, au détour de ce que j’essaie de comprendre.

mardi 6 décembre 2016

Le métier d'écrire

Par rapport à ton histoire, à notre histoire, je me suis toujours dit deux choses : l’histoire d’un père absent n’intéressera personne, j’écrirai cette histoire quand j’aurai appris le métier d’écrire.

Le moment de la musique

Pendant tout le concert de Nik Bärtsch, au milieu des boucles et des espaces qui s'ouvraient, je me disais: ce gars, il a eu une idée et il est allé au bout de son idée.

Module 1, 2, 3, etc. Comme les Poésies verticales de Juarroz. Une grammaire très précise qui évolue de pièce en pièce avec des retours et des décalages.

Quand je me suis mis à penser aux manières de transposer ces principes à mon projet actuel, je me suis dit: maintenant, c'est le moment de la musique! Et j'ai posé ma main sur la cuisse de Celia.

dimanche 4 décembre 2016

Mode avion

Chaque soir, quand je mets mon iPhone sur mode avion et que je le pose à côté de mon lit, j'ai l'impression d'attacher ma ceinture pour le décollage.

samedi 3 décembre 2016

Des bandages à l'intérieur de ma tête

La nuit dernière, dans un demi-sommeil après que Lucie m'ait réveillé deux fois, j'ai senti que je pouvais dénouer mon angoisse à la force de mon esprit, physiquement, comme des bandages qui s'étaient enroulés l'un sur l'autre à l'intérieur de ma tête.

La colère

La colère, elle aussi, pourrait en partie être une fiction.

jeudi 1 décembre 2016

Picorer

Souvent, je trouve plus d'inspiration chez les chorégraphes, les peintres et les musiciens que chez les écrivains. Sans doute parce que, chez ces derniers, je dois d'abord démonter leurs écrits pour pouvoir me servir. Chez les autres, c'est plus facile de picorer.

La main se fait

Il ne faut pas avoir peur d'écrire encore et encore la même scène, comme un peintre avec ses esquisses. La main se fait, La finesse du choix aussi.